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Vaud: la campagne pour le remboursement des soins dentaires lancée

Alberto Mocchi, président des Verts Vaudois, Pierre Conscience, coordinateur du Comité d’initiative et Brigitte Crottaz, médecin et future conseillère nationale socialiste lors de la conférence de presse sur l'initiative pour le remboursement des soins dentaires. KEYSTONE/LAURENT GILLIERON sda-ats

(Keystone-ATS) Les partisans de l’initiative vaudoise pour le remboursement des soins dentaires ont lancé jeudi leur campagne en vue de la votation du 4 mars. Basée sur le modèle de l’AVS, elle se veut “juste et solidaire” afin de répondre à un vrai besoin de santé publique.

“L’immense majorité de la population va y gagner”, a affirmé Alix Aubert, médecin généraliste et membre de solidaritéS. Entourée des membres du Comité d’initiative, elle a présenté le volet financement de la campagne en faveur du texte qui a recueilli plus de 15’000 signatures.

Un modèle populaire et fiable

Intitulée “Pour le remboursement des soins dentaires”, l’initiative se fonde sur “la solidarité” et s’inspire du “modèle populaire, éprouvé et fiable” de l’AVS. Il n’y aura pas de nouvelle taxe, pas d’augmentation des primes maladie, mais “un salaire socialisé pour une cause d’utilité publique”, a expliqué la conseillère communale lausannoise.

Les employeurs et les salariés seront mis à contribution de manière paritaire, chacun à hauteur de 0,5% et “l’accès aux soins dentaires sera ainsi garanti pour tous”. Dans sa documentation, le comité d’initiative table sur un coût “d’environ 300 millions de francs”, en parlant “d’alternative moyenne”.

Capacité contributive

A titre d’exemple, un salarié gagnant 5000 francs mensuels profiterait pour 25 francs par mois d’une couverture des soins dentaires incluant ses enfants et ses parents à la retraite, relève le comité. Comme le modèle est social, il tient compte de la capacité contributive de chacun, ce qui signifie des charges plus élevées pour les gros revenus.

Si l’initiative de 2014 est acceptée le 4 mars, le canton de Vaud sera pionnier. Il introduirait un système qui a déjà fait ses preuves à l’étranger, en Allemagne notamment, a relevé le pédiatre Bernard Borel. Actuellement en Suisse, “le porte-monnaie fait que l’on prend soin de ses dents et de celles de ses enfants”, a déploré l’ancien député POP.

Répondre à un besoin social

Les communes peuvent certes aider les personnes nécessiteuses, mais cela va de 23 centimes à 32 francs. “Il faut supprimer cette inégalité et répondre à un besoin social extrêmement important”, a souligné Bernard Borel. Qu’il s’agisse des personnes âgées qui renoncent à des traitements coûteux ou des “cas complexes” qui impliquent des dispositifs de soins lourds, l’accès doit être garanti à tous, a martelé le comité d’initiative.

Présidents des Verts vaudois, Alberto Mocchi a rappelé que l’initiative prévoyait également la mise en place de policliniques dentaires régionales. Elles éviteront toute inégalité de traitement entre villes et régions périphériques.

Appel signé par des médecins

Médecin et future conseillère nationale socialiste, Brigitte Crottaz a révélé que plus de 60 médecins vaudois ont déjà signé un appel à la population vaudoise pour qu’elle accepte l’initiative. Aucun médecin-dentiste n’y figure car, selon elle, la Société vaudoise des médecins-dentistes (SVMD) est contre et impose un devoir de réserve à ses membres, tout en leur demandant de l’argent pour financer la campagne contre l’initiative.

Interrogée par l’ats, la SVMD a rétorqué: il n’y a pas de mot d’ordre ou de devoir de réserve imposés aux membres. Ils peuvent s’exprimer librement pour autant qu’ils le fassent en leur nom propre, a affirmé Jérôme Simon-Vermot, secrétaire général de la SVMD.

Vote massif contre

En 2015, lors d’une assemblée générale de la SVMD, il y a eu un vote massif contre l’initiative, à plus de 90%. Une résolution prévoyant une contribution pour la campagne contre l’initiative a aussi été votée par une écrasante majorité, a ajouté le secrétaire général.

Pour rappel, les débats ont été très tendus au Grand Conseil. Au final, fait rare, le contre-projet du Conseil d’Etat, même amendé, n’a pas été approuvé par les députés. Le gouvernement a lui-même reconnu sa division et annoncé qu’à la majorité de 4 contre 3, il donnait dans ce contexte sa préférence à l’initiative.

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