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Vaud: sous le feu des critiques, le chef du SPJ quitte son poste

Dans son rapport, Claude Rouiller, aux côtés de Cesla Amarelle, avait dénoncé les manquements du SPJ dans l'affaire du père abuseur (archives). KEYSTONE/VALENTIN FLAURAUD sda-ats

(Keystone-ATS) Vivement critiqué dans l’affaire du père abuseur, le chef du Service de protection de la jeunesse (SPJ) quitte son poste. Le Conseil d’Etat vaudois annonce une nouvelle série de mesures pour faire évoluer le service vers “une nouvelle gouvernance”.

La conseillère d’Etat Cesla Amarelle tire les leçons du rapport Rouiller, qui avait pointé du doigt les graves erreurs du SPJ. Lors de la publication du rapport, le 24 septembre dernier, elle avait annoncé un “changement de culture” et quelques mesures immédiates.

De nouvelles décisions ont été rendues publiques jeudi, dont la mise à l’écart du chef du SPJ. “Cesla Amarelle et Christophe Bornand ont estimé, d’un commun accord, que la mise en place des changements devait être porté par une nouvelle personne”, indique sobrement le canton dans un communiqué de presse.

Sous le feu des critiques

Le chef de service était de plus en plus sous le feu des critiques. L’ancien juge fédéral Claude Rouiller avait jugé intolérable la manière dont le SPJ avait, pendant vingt ans, laissé la fratrie de huit enfants dans un milieu familial propice aux abus en tous genres. Au Grand Conseil, un postulat réclamait des sanctions.

Dans l’immédiat, Frédéric Vuissoz, chef de l’Office des curatelles, prend la direction ad intérim du SPJ. Educateur et assistant social de formation, M. Vuissoz connaît très bien les enjeux de la protection de l’enfant et l’organisation du SPJ, explique le canton. Le poste de chef de service sera mis au concours.

Autre réorganisation

Cesla Amarelle veut également revoir le fonctionnement de l’Office régional de protection des mineurs nord (ORPM Nord), la région où habitait le couple abuseur. Des démarches sont en cours pour réorganiser la direction de cette unité, dont les carences ont été relevées par Claude Rouiller, rappelle le communiqué de presse.

Le Conseil d’Etat a nommé le Valaisan Jean Zermatten, expert reconnu du droit des enfants, à la présidence de la Commission interdisciplinaire d’éthique et de protection (CIEP) chargée d’apporter “un regard neuf et critique” sur les cas les plus sensibles gérés par le SPJ. La désignation des autres membres de la commission est en cours. Elle sera opérationnelle dès janvier 2019.

Conseils de la commission

La nouvelle direction du SPJ sera désormais directement responsable des cas limite que lui signaleront les équipes des quatre ORPM, explique le canton. Elle pourra s’appuyer, à sa demande, sur les conseils de la CIEP.

Le canton rappelle que le SPJ évolue vers une nouvelle gouvernance depuis un audit de la Cour des Comptes, en mars 2016. Le rapport Rouiller n’a fait qu’accélérer cette mue. Le SPJ suit plus de 6500 mineurs par an, un chiffre en hausse constante.

Les graves abus du père ont été sanctionnés par la justice. En mars dernier, il a écopé de 18 ans de réclusion devant le Tribunal d’arrondissement du Nord vaudois. Le procès en appel se tient lundi.

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