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Venezuela: des délégués pour surveiller les droits humains

La Haute-commissaire de l'ONU Michelle Bachelet a rencontré vendredi l'opposant le président Nicolas Maduro. Ce dernier a affirmé dans la foulée qu'il examinerait "avec sérieux" les recommandations qu'elle formulerait. KEYSTONE/AP/ARIANA CUBILLOS sda-ats

(Keystone-ATS) A l’issue d’une visite de trois jours à Caracas, la Haute-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme Michelle Bachelet a appelé à la “libération” des opposants vénézuéliens emprisonnés. Elle va aussi nommer des délégués pour surveiller la situation des droits humains.

“J’appelle les autorités à libérer tous ceux qui sont détenus ou privés de liberté parce qu’ils ont exercé leurs droits civils de manière pacifique”, a dit vendredi soir à la presse Michelle Bachelet. Elle évoquait ainsi les opposants au gouvernement de Nicolas Maduro qui ont été emprisonnés.

Selon l’ONG de défense des droits humains Foro Penal, près de 700 personnes sont détenues pour des “motifs politiques” au Venezuela. Le gouvernement de Nicolas Maduro récuse l’existence de “prisonniers politiques”.

“Surveiller la situation”

Autre point soulevé par Michelle Bachelet, l’envoi de délégués: “Nous avons trouvé un accord avec le gouvernement afin que deux responsables chargés des droits humains résident ici”, a-t-elle déclaré. Leur mandat “sera de porter assistance et conseil mais aussi, et c’est très important, de continuer à surveiller la situation des droits humains au Venezuela”.

“La situation humanitaire est grave” et elle “affecte de nombreux personnes” dans ce pays latino-américain frappé de plein fouet par la pire crise sociale et économique de son histoire récente, a dit Mme Bachelet.

La récession qui se traduit entre autres par une hyperinflation, des pénuries et des coupures de courant à répétition a poussé 4 millions de Vénézuéliens à émigrer depuis 2015, selon l’ONU. Quelque sept millions de personnes, soit un quart de la population, a besoin d’une aide humanitaire d’urgence, toujours d’après les Nations unies.

Le président et l’opposant

La Haute-commissaire de l’ONU a rencontré vendredi l’opposant Juan Guaido puis le président Nicolas Maduro. Leur entretien a duré près de deux heures et s’est déroulé au palais présidentiel de Miraflores. Le président a affirmé dans la foulée lors d’une allocution à la télévision qu’il examinerait “avec sérieux” les recommandations que formulerait Michelle Bachelet.

Auparavant, la responsable onusienne s’est également entretenue avec le chef de l’opposition Juan Guaido, reconnu comme président par intérim par une cinquantaine de pays, dont les Etats-Unis. La venue de l’ancienne présidente du Chili à Caracas “montre bien le poids de la crise. C’est aussi la reconnaissance que l’urgence humanitaire complexe est sur le point de se transformer en catastrophe”, avait ajouté Juan Guaido.

A l’issue de sa rencontre avec Michelle Bachelet dans la matinée, l’opposant a affirmé qu’elle plaiderait pour “la libération des prisonniers politiques”.

Appel à la négociation

Au plan politique, le pays vit au rythme du bras de fer entre Nicolas Maduro et le chef de file de l’opposition Juan Guaido, depuis que ce dernier s’est autoproclamé président par intérim le 23 janvier et qu’il a été reconnu comme tel par une cinquantaine de pays, dont les Etats-Unis. Juan Guaido qualifie Nicolas Maduro de “dictateur” et d'”usurpateur”, car il est parvenu à se maintenir au pouvoir à la faveur de l’élection présidentielle “frauduleuse” de l’an dernier.

Lors de son intervention, Michelle Bachelet a appelé au dialogue entre gouvernement et opposition et a appuyé la médiation de la Norvège, où des délégués des deux camps se sont entretenus en face-en-face pour la première fois au mois de mai, sans résultat pour le moment. “Je comprends le scepticisme de certains quant à la possibilité que ce genre de négociations portent des fruits, mais la grave situation du pays doit pousser les dirigeants à essayer”, a-t-elle estimé.

Michelle Bachelet a enfin critiqué les sanctions prises par l’administration de Donald Trump et destinées à mettre encore davantage de pression sur Nicolas Maduro. “Je suis inquiète de ce que les sanctions imposées cette année par les Etats-Unis sur les exportations de pétrole et le commerce de l’or exacerbent et aggravent la crise économique”, a-t-elle déclaré.

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