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Vers la fin d’une parenthèse de quatre ans au Conseil national

(Keystone-ATS) Le Conseil national qui sortira des urnes le 18 octobre pourrait ressembler comme deux gouttes d’eau à celui de la législature 2007/2011. La poussée des petits partis du centre pourrait retomber comme un soufflé, leurs voix retournant avant tout vers le PLR.

Avec ses bureaux dans les régions, l’ats a analysé la situation dans tous les cantons. Il y a quatre ans, les fourchettes calculées s’étaient avérées très proches du résultat.

Le Parti libéral-radical apparaît comme le principal vainqueur qui sortira des urnes au soir du 18 octobre. Il pourrait engranger jusqu’à une dizaine de sièges supplémentaires, si on additionne les scénarios les plus optimistes dans chaque canton.

Ses plus grandes chances sont à Zurich, à Berne, en Thurgovie et en Valais. En tenant compte des plus pessimistes, le PLR se maintiendra à ses 30 conseillers nationaux.

Profil retrouvé

La réalité devrait se situer entre les deux. Le PLR se retrouverait alors avec la même force que lors de la précédente législature. Il y a quatre ans, les libéraux-radicaux avaient perdu cinq sièges.

Désormais, le PLR a su “se positionner clairement comme un parti bourgeois sans être à la botte de l’UDC”, a dit à l’ats le politologue à l’Université de Lausanne Georg Lutz. Il s’est profilé en faveur des accords bilatéraux.

L’autre vainqueur attendu de ces fédérales 2015 est l’UDC. Sans surprise, le groupe le plus à droite du Parlement demeure le plus fort. Il devrait même renforcer sa progression interrompue il y a quatre ans. Mais dans une moindre mesure.

Dans le meilleur des cas, l’UDC pourrait gagner sept sièges, dont un à Fribourg. Mais si tout se ligue contre elle, elle risque aussi d’en perdre un ou l’autre, notamment à Neuchâtel, voire dans les cantons de Vaud et d’Argovie.

Le centre se vide

Ces gains à droite se réaliseraient au détriment des petites formations du centre récemment apparues. Principal perdant attendu, les Vert’libéraux pourraient même ne plus avoir droit à un groupe parlementaire (cinq élus au minimum). Selon les scenarii retenus, le PVL devrait perdre entre six et neuf fauteuils sur les 12 dont il dispose au National.

Fort de neuf membres aujourd’hui, le groupe bourgeois-démocratique est lui aussi en danger. Selon les prévisions de l’ats, il pourrait égarer jusqu’à cinq sièges. Mais si le vent souffle dans son sens le 18 octobre, il pourrait sauver les meubles, voire même grappiller un fauteuil.

Contrairement aux Vert’libéraux, le PBD est sauvé par sa conseillère fédérale qui lui apporte de la sympathie et de la reconnaissance. Sans Eveline Widmer-Schlumpf, il aurait de la peine à se profiler, note Georg Lutz.

Le PDC devrait lui se retrouver dans tous les cas dans le camp des perdants dans dix jours. Mais dans des proportions mesurées, entre un et quatre sièges. Le scénario le plus plausible est qu’il en perde quatre (FR, SO, BL, BS) et en gagne un (AG). Mais il a aussi de bonnes chances à Uri, voire à Neuchâtel, sans être rassuré à St-Gall.

Un glissement, pas un séisme

On assiste ainsi à un glissement des voix du centre vers la droite et plus spécifiquement des Vert’libéraux aux libéraux-radicaux. Soit un mouvement inverse à celui de 2011.

On ne peut cependant pas parler de “séisme”, affirme Georg Lutz qui pense que ces élections vont se dérouler sous le signe de la “stabilité”. Tremblement de terre il y aurait si l’UDC et le PLR réunissaient une majorité à l’Assemblée fédérale. Mais il faudrait un report d’une vingtaine de voix en leur faveur, selon le politologue. Ce que même les prévisions les plus extrêmes n’envisagent pas.

Echanges à gauche

A l’opposé, la force globale de la gauche devrait ainsi demeurer assez stable. Selon les scénarii, les partis qui la constituent pourraient engranger huit fauteuils ou en perdre sept. On assistera plutôt à une redistribution dans ce camp, dans le sens des Verts en direction du PS, et même de l’extrême gauche qui pourrait retrouver la Coupole fédérale avec deux (NE, GE), voire même trois (ZH) élus.

Le Parti socialiste a davantage de chances de conforter sa position de 2e parti que de perdre des plumes. Si le scénario du pire devait se jouer dans tous les cantons, le PS perdrait deux sièges, dont un à Genève. Mais à l’inverse, si tout est rose, il peut remporter six nouveaux fauteuils, tous en Suisse alémanique.

Le tableau est beaucoup plus noir chez les Verts. Quelle que soit la configuration, ils se dirigent vers des pertes. D’un seul conseiller national dans le meilleur des cas, mais de sept au pire, soit près de la moitié du groupe.

Ces pronostics rejoignent largement ceux issus d’une méthode plus scientifiques calculée sur la base des mandats restants par le journaliste Stephan Trachsel pour le compte du site restmandat.ch. Ils correspondent également aux divers sondages parus ces dernières semaines, notamment le Baromètre GfS pour la SSR, mercredi.

A quelques nuances près. Ainsi d’après les chiffres de l’ats, le PBD et le PDC perdent un peu moins que ne le prévoient les sondages, alors que les Vert’libéraux pourraient sombrer dans une plus large mesure.

Dans un mouchoir

Tout se joue souvent dans un mouchoir. Comme le souligne en effet l’institut GfS, avec le système des apparentements de listes et de la deuxième répartition en fonction des mandats restants, un parti peut gagner des voix mais perdre un siège, ou inversement.

Les élections fédérales sont certes influencées par les tendances politiques nationales, mais elles représentent avant tout l’addition de 26 votations cantonales. La configuration des apparentements, la part des sortants qui se retirent, le charisme des candidats au-delà des appartenances partisanes, ainsi que la perte ou le gain d’un siège pour six cantons en raison de l’évolution démographique sont autant de spécificités qui confèrent à l’élection du 18 octobre tout son sel.

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