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Viola Amherd, une femme au centre de l’échiquier politique

Viola Amherd se décrit comme "une bâtisseuse de ponts" (archives). KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT sda-ats

(Keystone-ATS) Le fait de provenir d’un canton romand n’aura finalement pas gêné l’Alémanique Viola Amherd dans son accession au Conseil fédéral. Sa force de travail et de dialogue ainsi que sa connaissance des dossiers et son réseau ont pesé plus fort.

Lorsqu’elle a entamé sa carrière politique au sein du PDC en 1992, Viola Amherd n’aurait jamais pensé être un jour candidate au Conseil fédéral, et encore moins élue. A 56 ans, cette célibataire sans enfant devient pourtant un des très rares membres du Conseil fédéral issus de la minorité linguistique de son canton.

Une position qu’elle juge comme un atout pour le Conseil fédéral. Viola Amherd considère du reste les différentes langues et cultures en Suisse “comme une richesse”.

Avocate de formation, Viola Amherd a d’abord été élue à l’exécutif communal de Brigue, dont elle devient vice-présidente en 1996 et présidente de 2000 à 2012. On lui reproche alors de s’être accrochée au poste une législature de trop, provoquant le basculement de ce bastion PDC à l’UDC.

En 1999, Viola Amherd est candidate à la succession de Peter Bodenmann au Conseil d’Etat. Arrivée derrière le socialiste Thomas Burgener, elle échoue à devenir la première femme à ce poste en Valais.

Elle entre ensuite dans la politique nationale par la petite porte en 2005: première des viennent-ensuite sur la liste PDC, elle remplace Jean-Michel Cina, élu au Conseil d’Etat valaisan.

Travail en coulisses

Politicienne discrète, Viola Amherd préfère le travail en coulisses aux feux des projecteurs. Elle apparaît toutefois en 18e place des parlementaires les plus influents, selon un classement établi en 2017 par la SonntagsZeitung.

A la Chambre du peuple, où elle est vice-présidente du groupe PDC depuis sept ans, Viola Amherd siège dans les commissions des affaires juridiques ainsi que des transports et télécommunications. Parmi ses liens d’intérêts déclarés, on compte une douzaine de mandats dans des conseils d’administration liés, là encore, aux transports, aux télécoms ou à la santé, ainsi que dans des associations.

La Haut-Valaisanne s’engage beaucoup en faveur des enfants et de la jeunesse. Elle se bat aussi pour que les régions périphériques et de montagne disposent d’un service public digne de ce nom.

Elle a convaincu le parlement d’entrer en matière sur le problème des transports de matériaux dangereux par le col du Simplon. Elle est aussi l’une des chevilles ouvrières de l’achèvement du tunnel de base du Lötschberg, inclus récemment par le Conseil fédéral dans les projets ferroviaires d’ici 2035.

Au chapitre des défis à relever à l’avenir, elle énumère dans l’ordre: la numérisation, la Suisse et l’Europe, la prévoyance vieillesse, la mobilité et l’explosion des coûts de la santé.

Une “bâtisseuse de ponts”

Viola Amherd revendique sa place de “centriste” sur l’échiquier politique. Elle se définit comme “une bâtisseuse de ponts” qui affectionne les échanges, les discussions, l’écoute et la recherche de solutions “solides et durables”.

Sa position lui vaut des soutiens à gauche comme à droite. Les Verts lui ont même accordé 16 voix en 2015 lors de l’élection de l’UDC Guy Parmelin. Le camp bourgeois est, lui, beaucoup moins enthousiaste; l’UDC la considère comme “une femme de gauche trop féministe”.

En procédure civile

Viola Amherd a annoncé officiellement sa candidature au Conseil fédéral le 24 octobre par un communiqué de presse en raison d’une hospitalisation suite à des calculs rénaux. Très vite elle a subi une première attaque, lorsque le quotidien Walliser Bote a évoqué une affaire de loyers trop élevés perçus par l’hoirie de son père durant plusieurs années auprès d’une ancienne filiale du groupe Alpiq.

L’hoirie a été condamnée à rembourser, jugement contre lequel elle a fait appel. “Il s’agit d’une procédure civile et non pénale qui ne fait aucunement obstacle à ma candidature au Conseil fédéral”, martèle depuis Viola Amherd dans les médias.

La force des montagnes

Face à l’adversité, la politicienne ne plie pas. Elle se ressource dans la nature et auprès de ses amis, indique-t-elle sur son site internet.

“Les montagnes me donnent un sentiment de force, d’éternité et elles me procurent la confiance nécessaire me permettant d’entreprendre quelque chose de nouveau.”

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