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Violents incidents à Managua, deux manifestants blessés par balle

Une manifestation de milliers d'opposants au gouvernement du Nicaragua a donné lieu à de violents incidents. KEYSTONE/EPA EFE/JORGE TORRES sda-ats

(Keystone-ATS) Deux personnes ont été blessées par balles dimanche à Managua. Les faits sont survenus alors que de violents incidents éclataient durant une manifestation de milliers d’opposants au président nicaraguayen Daniel Ortega.

La manifestation touchait à sa fin lorsque l’une des victimes a été touchée au bras par des coups de feu tirés par des hommes armés circulant à bord de trois camionnettes, dans l’est de la capitale nicaraguayenne, a constaté un photographe de l’AFP.

Un autre manifestant a été blessé dans un autre secteur du cortège, provoquant la colère des opposants, qui ont détruit un véhicule de la police, selon une femme qui a témoigné auprès des journalistes en cachant son visage. “Des hommes armés brandissant des drapeaux rouge et noir (du parti sandiniste du président Ortega, ndlr) ont tiré en l’air depuis une camionnette”, selon ce témoignage.

Des dizaines de policiers anti-émeutes et des groupes de partisans du président Ortega se sont ensuite déployés tandis que les manifestants se réfugiaient dans un centre commercial. Dans un communiqué, la police a qualifié ces incidents d'”actes terroristes” causés par “des putschistes”.

Des accusations rejetées par l’Alliance citoyenne pour la justice et la démocratie – qui regroupe des étudiants, des chefs d’entreprise et des représentants de la société civile – et qui est l’origine de cette manifestation. Selon elle, la police “ment” et “altère la réalité” des faits.

Affrontements

Le MESENI, un groupe spécial de suivi de la situation créé par la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) a “condamné l’attaque” contre la marche des opposants.

Ces violents incidents interviennent au lendemain de l’expulsion de la mission dans le pays du Haut commissariat aux droits de l’homme, très critique sur les “violations des droits de l’homme” dans la répression des manifestations d’opposants.

Dès le début de cette manifestation, appelée “marche des drapeaux”, d’importantes forces anti-émeutes ont été déployées et de nombreux partisans de Daniel Ortega étaient présents, ont dénoncé les organisateurs.

Les forces de l’ordre ont tenté d’arrêter l’avancée de la manifestation, qui a rassemblé des milliers d’opposants. A l’issue d’un affrontement, les policiers se sont retirés et la marche s’est poursuivie.

Depuis mi-avril

Les manifestations de l’opposition au Nicaragua, le pays le plus pauvre d’Amérique centrale, ont commencé mi-avril contre une réforme de la sécurité sociale – abandonnée depuis – pour se durcir ensuite et s’étendre à tout le pays en réaction à la répression.

Elles ont fait plus de 320 morts, 2000 blessés, et un grand nombre de personnes ont été arrêtées et emprisonnées. Des milliers de Nicaraguayens ont fui leur pays pour se réfugier notamment au Costa Rica voisin, de peur d’être interpellés.

Les opposants à Daniel Ortega l’accusent de corruption, de népotisme et d’avoir instauré une dictature avec son épouse Rosario Murillo, qui est vice-présidente. Ils demandent que l’élection présidentielle prévue pour 2021 soit avancée au mois de mars 2019, ce que refuse M. Ortega.

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