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Violents incidents lors des manifestations contre la loi travail

Aux jets de projectiles et de fumigènes ont répondu les tirs de gaz lacrymogène (ici à Paris), voire des tirs de balles de défense 40 (LBD40) à Rennes. KEYSTONE/EPA/JEREMY LEMPIN sda-ats

(Keystone-ATS) Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont participé jeudi à travers la France à des manifestations contre le projet de loi travail. Ces rassemblements ont dégénéré à Paris et dans plusieurs villes, avec des blessés graves et des dizaines d’interpellations.

Selon le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve, 24 policiers et gendarmes ont été blessés au cours de la journée, dont trois “très grièvement” à Paris. Un policier se trouvait en situation “d’urgence absolue”. A Rennes, deux manifestants ont été blessés, dont un jeune de 20 ans atteint à l’oeil par un projectile, selon la préfecture.

Bernard Cazeneuve a également souligné que 124 personnes avaient été interpellées jeudi sur tout le territoire, et 382 depuis le début du mouvement contre la loi Travail.

“Je demande aux organisateurs de ces manifestations de bien vouloir condamner avec la même fermeté que la mienne les débordements qui ont eu lieu de la part de cette poignée de casseurs”, a-t-il dit.

Jets de projectiles

A Paris et à Nantes, des manifestants aux visages dissimulés criaient: “tout le monde déteste la police”. Dans la capitale, 300 manifestants cagoulés ont jeté des pavés, des bouts de bitume et même des extincteurs sur les forces de l’ordre.

Aux jets de projectiles et de fumigènes ont répondu les tirs de gaz lacrymogène, voire des lanceurs de balles de défense 40 (LBD40) à Rennes.

A Toulouse, les organisateurs ont choisi de disperser la manifestation à mi-parcours, “pour des raisons de sécurité”, a expliqué la CGT. Des manifestants cagoulés avaient procédé à des “jets de projectiles nourris”, selon la police.

Mobilisation “ancrée”

Les sept syndicats opposés au projet de loi ont réuni au total 165’000 manifestants, chiffre supérieur au 9 avril, lorsque 120’000 personnes avaient défilé, mais deux fois moins que le 31 mars, selon le ministère de l’Intérieur. La CGT a de son côté revendiqué 500’000 manifestants, affirmant que la mobilisation “est désormais ancrée dans le pays”.

Partout, l’opposition à la loi travail s’affichait: parfois de simples pancartes barrées d’un “NON!”, d’autres réclamant la “démacronisation” du projet de loi ou affirmant “eh oh la gauche est dans la rue”,

“On a fait bouger les lignes par l’action collective”, a dit le président de l’Unef (étudiants), William Martinet, se félicitant du “niveau de mobilisation élevé chez les jeunes”. Le numéro un de Force Ouvrière (FO), Jean-Claude Mailly, a de son côté affirmé que le gouvernement peut encore “modifier substantiellement” le texte.

L’intersyndicale souhaite maintenir la pression à quelques jours du début du débat parlementaire, fixé à mardi prochain. Le 1er mai sera donc également focalisé sur le projet de loi, perçu comme un facteur de précarité pour les salariés et comme trop favorable aux employeurs, en leur donnant par exemple plus de latitude en matière d’aménagement du temps de travail.

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