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Visite d’élus français chez Assad: Valls dénonce une “faute morale”

(Keystone-ATS) François Hollande et Manuel Valls ont condamné jeudi la visite la veille en Syrie de quatre parlementaires français qui ont rencontré Bachar al-Assad. Le président déplore ce rendez-vous “avec un dictateur” et le premier ministre y voit une “faute morale” au regard de la responsabilité du régime dans le conflit qui ravage la Syrie depuis 4 ans.

“Cette initiative, je la condamne”, a déclaré le chef de l’Etat lors d’une conférence de presse à Manille, aux Philippines, où il était en visite. “Il s’agit d’une rencontre entre des parlementaires français qui n’ont été mandatés que par eux-mêmes avec un dictateur qui est à l’origine d’une des plus graves guerres civiles de ces dernières années, qui a fait 200’000 morts. 200’000 !”, a-t-il insisté.

Plus tôt, Manuel Valls avait usé du même ton: les élus “ne sont pas allés rencontrer n’importe qui, ils sont allés rencontrer Bachar al- Assad, responsable de plusieurs dizaines de milliers de morts, il ne s’agit pas seulement d’un dialogue, il s’agit là d’un geste qui ne les honore pas”, avait-il déclaré sur BFM TV et RMC.

“Que des parlementaires aient ainsi, sans crier gare, rencontré un boucher”, “je crois que c’est une faute morale. Les parlementaires représentent la souveraineté nationale”, a ajouté Manuel Valls.

Ligne de fracture

Ce déplacement constitue une ligne de fracture avec la position officielle de la diplomatie française qui a rompu tout contact avec le régime syrien en 2012.

La délégation des parlementaires était composée du député PS Gérard Bapt et du sénateur UMP Jean-Pierre Vial, présidents des groupes d’amitié France-Syrie dans les deux chambres du parlement, du député UMP Jacques Myard et du sénateur UDI François Zocchetto. Gérard Bapt n’a pas participé à la rencontre avec le président Bachar al-Assad.

Le député PS va tout de même être convoqué par son parti et sera sanctionné.

“Ce voyage correspond à ce que de très nombreux députés et sénateurs pensent sur la nécessité d’adapter notre politique au Proche et au Moyen-Orient”, a pour sa part commenté jeudi Jacques Myard sur Sud Radio.

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