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Vucic le pro-Européen obtient le plébiscite qu’il cherchait

(Keystone-ATS) Le Premier ministre serbe Aleksandar Vucic a obtenu dimanche le plébiscite recherché dans des législatives convoquées pour poursuivre le rapprochement avec l’UE. Un rapprochement combattu par les ultranationalistes de Vojislav Seselj qui font leur retour au parlement.

Le Parti du progrès (SNS, centre-droit) de M. Vucic obtient 51% des suffrages, contre 48% il y a deux ans, selon des estimations publiées par l’organisme indépendant de surveillance du scrutin (Cesid), après le dépouillement de 57% des bureaux de vote.

Ces chiffres étaient provisoires, mais étaient sans équivoque sur un triomphe du SNS, qui devrait accroître sa majorité absolue au parlement.

Le Parti radical (SRS) de M. Seselj smblaient pour leur part assurés de dépasser la barre des 5% qui lui permettrait de retrouver les bancs de l’assemblée. Mais avec 7,7% annoncés, il reste très loin derrière M. Vucic. “C’est une projection qui pourrait changer à la marge, mais pas significativement”, selon Djordje Vukovic, du Cesid.

Opposant numéro 1

Homme fort de la Serbie depuis quatre ans, Aleksandar Vucic a entamé en décembre les négociations en vue d’une adhésion à l’UE quand Vojislav Seselj prône une alliance, voire une intégration avec la Russie. Ce thème touche la corde sensible de beaucoup des 6,7 millions d’électeurs, mais ne les a pas détournés de M. Vucic.

Dès dimanche matin, le tribun d’extrême droite reconnaissait qu’il était “peu probable” qu’il l’emporte. Récemment acquitté par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY), il voulait surtout prendre date et s’imposer comme l’opposant numéro 1 à Aleksandar Vucic.

Annoncés deuxièmes (12,1%), les socialistes (SPS, centre-gauche) étaient en effet alliés à Aleksandar Vucic dans le gouvernement et pourraient retrouver leur rôle de partenaire dans une coalition.

“Aucun compromis” avec Seselj

S’il compte “préserver les liens traditionnels avec tous (les) amis à l’Est”, Aleksandar Vucic ne fera “aucun compromis” avec l’extrême droite sur la question européenne, a-t-il répété dimanche matin.

Vojislav Seselj fut son mentor en politique, jusqu’à la mue subite en 2008 d’Aleksandar Vucic, quand cet ex-ministre de Slobodan Milosevic a tourné le dos à ses années d’ultra-nationalisme. Désormais centriste et proeuropéen, il sait que la pérennité de sa popularité dépend de ses résultats économiques.

Il s’est engagé auprès des Occidentaux à privatiser de larges pans de l’économie et a dû baisser les retraites et les traitements des fonctionnaires, dans un pays où le niveau de vie reste faible et où le chômage flirte avec les 20%. Dimanche, il a dit s’attendre à une croissance de “2,3, voire 4%”.

La question du Kosovo

En présence d’observateurs internationaux, le scrutin s’est déroulé sans incidents majeurs, y compris au Kosovo, où la minorité serbe votait, et semble parfois s’inquiéter des intentions d’Aleksandar Vucic.

“J’espère que le nouveau gouvernement sera meilleur que le précédent, qu’il ne nous bradera pas”, a déclaré Milovan Ilic, un retraité de 73 ans, dans la partie serbe de Mitrovica (nord du Kosovo).

Ancienne province de Serbie, considérée par de nombreux Serbes comme le coeur historique de leur nation, le Kosovo, majoritairement peuplé d’Albanais musulmans, a déclaré son indépendance en 2008. Belgrade exclut de la reconnaître et a inscrit dans la Constitution que le Kosovo était partie intégrante de la Serbie.

Vojislav Seselj a insisté dimanche sur l’importance d’accorder à son parti “plus de 84 sièges (soit le tiers du Parlement) pour que personne ne puisse modifier la Constitution serbe sans” le SRS. “Le plus grand danger qui nous menace à l’avenir” est selon lui une telle révision constitutionnelle “à la demande des puissances occidentales”.

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