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Washington ferme la mission palestinienne et accentue sa pression

La délégation générale de Palestine à Washington faisait jusqu'ici office d'ambassade de l'Autorité palestinienne aux Etats-Unis (archives). KEYSTONE/EPA/MICHAEL REYNOLDS sda-ats

(Keystone-ATS) Les Etats-Unis ont annoncé lundi la fermeture du bureau de représentation palestinienne à Washington. Ils accusent les dirigeants palestiniens de refuser de parler à l’administration de Donald Trump et d’engager des négociations de paix avec Israël.

“L’Organisation de libération de la Palestine (OLP) n’a pris aucune mesure pour permettre le début de négociations directes et significatives avec Israël”, a dit la porte-parole du département d’Etat Heather Nauert dans un communiqué. Elle assure que Washington avait permis aux Palestiniens de garder leur mission diplomatique uniquement pour qu’ils s’engagent dans un effort de paix.

“Au contraire, les dirigeants de l’OLP ont condamné le plan de paix américain sans même l’avoir encore vu et ont refusé de parler avec le gouvernement américain au sujet de ses efforts de paix”, a-t-elle ajouté. En conséquence, “l’administration a décidé que le bureau de l’OLP à Washington allait fermer pour l’instant”, a-t-elle annoncé, confirmant une décision rendue publique par les Palestiniens.

Rafale de mesures

La fermeture de cette mission, qui fait office d’ambassade de l’Autorité palestinienne aux Etats-Unis, est justifiée juridiquement par les démarches palestiniennes visant à traîner les dirigeants israéliens devant la Cour pénale internationale (CPI) pour “crimes de guerre”.

Mais le département d’Etat a clairement fait le lien avec le processus de paix et cette décision s’ajoute à une rafale de mesures prises par l’administration Trump ces dernières semaines: annulation de plus de 200 millions de dollars d’aide bilatérale, arrêt du financement de l’agence onusienne d’aide aux réfugiés palestiniens (UNWRA), suppression de 25 millions de dollars d’aide aux hôpitaux palestiniens de Jérusalem-Est.

Les Palestiniens ne “succomberont pas aux menaces américaines”, ils ne fléchiront ni dans leur attitude vis-à-vis de Washington, ni dans leurs efforts pour faire juger les crimes commis selon eux par les dirigeants israéliens, a affirmé dans un communiqué le numéro deux de l’OLP, Saëb Erakat.

“Escalade dangereuse”

Le représentant palestinien à Washington, Hossam Zomlot a dénoncé une “dangereuse escalade”. L’administration Trump “fait la liste des commissions que lui a soumise” le Premier ministre Benjamin Netanyahu, a-t-il accusé devant des journalistes à Ramallah. “La liste comprend Jérusalem, la question des réfugiés, le droit au retour” de ces réfugiés, “les colonies, Gaza et la partition de Gaza et de la Cisjordanie”, a-t-il dit.

Le président palestinien Mahmoud Abbas a gelé toutes les relations avec l’administration Trump depuis qu’elle a reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël, en décembre. Les Palestiniens voient dans cette décision américaine la négation de leurs revendications sur Jérusalem-Est, annexée et occupée, dont ils veulent faire la capitale de l’Etat auquel ils aspirent.

Pas d’accord, pas d’argent

La Maison Blanche s’efforce à présent de forcer les Palestiniens à revenir à la table des négociations, alors que le processus de paix est enlisée depuis avril 2014 et qu’un plan promis depuis des mois par le président américain se fait attendre.

Les Etats-Unis versaient aux Palestiniens “d’énormes sommes d’argent”, a dit la semaine passée Donald Trump. “Je dis, ‘vous aurez l’argent mais nous ne vous paierons pas avant que nous ayons conclu un accord. Si nous ne concluons pas d’accord, nous ne payons pas'”, a-t-il ajouté.

Loin de céder, les Palestiniens comptent redoubler d’efforts contre Israël devant la CPI, a prévenu Hossam Zomlot. Ils ont soumis à la CPI, depuis leur adhésion en 2015, plusieurs dossiers sur les crimes commis selon eux par les dirigeants israéliens, en particulier lors de la guerre de Gaza en 2014, ou ceux liés à la colonisation, comme les transferts forcés de population.

La CPI examine depuis janvier 2015 l’éventualité d’ouvrir des enquêtes sur les agissements israéliens, mais aussi palestiniens, en conflit depuis des décennies.

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