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Yémen: l’émissaire de l’ONU veut atteindre des mesures de confiance à Genève

L'émissaire de l'ONU sur le Yémen Martin Griffiths souhaite que les parties au conflit puissent discuter directement à Genève. KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI sda-ats

(Keystone-ATS) L’émissaire de l’ONU sur le Yémen Martin Griffiths veut lancer à Genève avec les parties “un nouveau processus” pour une résolution du conflit. La libération de détenus pourrait être une mesure de confiance après ces consultations décalées dans l’attente des rebelles.

Ces pourparlers, qui doivent durer au moins trois jours, ne devraient débuter officiellement que vendredi matin. Aucune activité n’est prévue jeudi au Palais des Nations, a précisé mercredi soir l’ONU.

Problème au centre de ce dispositif, les représentants du bras politique des rebelles Houthis étaient toujours bloqués mercredi à Sanaa. Ils ont mentionné un transport de blessés et demandent une garantie de pouvoir rejoindre la capitale yéménite après les discussions.

“Il y a toujours eu un retard dans les précédents processus. Je ne le prends pas au sérieux”, a estimé devant la presse M. Griffiths qui a affirmé que l’ONU et d’autres acteurs comme le sultanat d’Oman “y travaillaient”. Les Houthis sont “impatients” de discuter et ses dernières réunions ont été encourageantes. Aucune précondition n’a “à sa connaissance” été demandée par aucune des parties.

Les consultations de Genève sont les premières depuis les pourparlers avortés en 2016 au Koweït. “Depuis trop longtemps”, a dit le Britannique qui a remercié la Suisse pour son accueil et son soutien financier.

Autorités pas optimistes

Les deux parties devront décider si elles veulent ou non dialoguer directement, mais l’émissaire serait favorable à des discussions dans une même salle. Le ministre yéménite des affaires étrangères Kahled al-Yemani, qui dirige la délégation gouvernementale, avait affirmé dimanche que ce scénario n’aurait pas lieu.

Pour M. Griffiths, l’objectif de la semaine est d’aborder des moyens de “réactiver le processus politique pour des négociations formelles”. Mais aussi d’établir des mesures de confiance dans la lignée de la vaccination d’enfants ces dernières semaines à Hodeïda.

Parmi les mesures de confiance évoquées, M. Griffiths a été “constamment pressé par la direction des deux parties pour une libération des détenus”. “C’est très compliqué”, mais “nous pourrions tomber d’accord pour le faire ensemble”, a-t-il affirmé. La mise en oeuvre d’un tel arrangement pourrait demander le soutien du Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

D’autres sources mentionnaient l’intérêt d’une ouverture de l’aéroport de Sanaa. Parmi les participants attendus, l’optimisme n’est pas de mise. Il y a quelques semaines, l’ambassadeur yéménite auprès de l’ONU à Genève s’était dit convaincu que les rebelles, qui auraient rencontré des représentants saoudiens il y a quelques mois, n’étaient pas prêts à des concessions.

Et pour le gouvernement, toute initiative de paix devra se terminer par le rétablissement des “autorités légitimes”. Les Houthis demandent eux “l’arrêt de l’agression” de la coalition saoudo-émiratie avant toute mesure.

Discussion “entre Yéménites”

Autre donnée à prendre en compte, les soutiens des deux parties, la coalition emmenée par l’Arabie saoudite face à l’Iran accusé d’alimenter en armes les rebelles, n’ont pas été invités. Alors que la première vient de reconnaître des “erreurs” dans un raid qui a coûté la vie à 51 personnes en août, dont 40 enfants.

Ces consultations ont lieu “entre Yéménites”, a tenu à clarifier M. Griffiths. Mais le contexte régional et l’importance du Yémen pour les pays qui soutiennent les parties, mais aussi pour d’autres zones du monde, doivent être prises en compte.

Et l’approche des discussions n’a pas abouti à une trêve dans les violences qui ont encore fait des dizaines de victimes cette semaine. Pour le Britannique, si un cessez-le-feu est souhaitable, il ne constitue en rien une condition pour avancer dans les pourparlers.

M. Griffiths a encore reçu mercredi le soutien du Conseil de sécurité. Le mandat de l’émissaire prévoit des efforts pour mettre un terme au conflit qui dure depuis près de quatre ans mais aussi aboutir à un accord qui rassemble tous les Yéménites.

Le Yémen est confronté à la “pire catastrophe humanitaire” dans le monde, selon l’ONU. Trois quarts de la population dépendant d’une assistance humanitaire et près de trois millions d’enfants sont atteints de malnutrition aiguë. Les prix des denrées ont doublé. Au total, le conflit a fait quelque 10’000 victimes.

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