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Yémen: l’ONU optimiste et la Suisse prête à accueillir un dialogue

Le conseiller fédéral Ueli Maurer et le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres ont appelé à Genève les parties au conflit au Yémen à revenir aux négociations et à améliorer l'accès pour l'assistance aux populations. KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI sda-ats

(Keystone-ATS) Le secrétaire général de l’ONU est “optimiste” sur la possibilité de pourparlers directs sur le Yémen, que la Suisse est prête à accueillir. Mardi à Genève, il est resté toutefois prudent alors que plus de 2 milliards de dollars ont désormais été promis pour ce pays.

Après trois ans de conflit, les “perspectives sont positives” pour un plan d’action qui mènerait à des négociations, a dit devant la presse Antonio Guterres en marge de la conférence des donateurs organisée avec la Suisse et la Suède. “Je n’ai pas dit que j’étais très optimiste”, a-t-il toutefois nuancé. “Il y a une opportunité. Et cette opportunité doit être saisie”.

Son nouvel émissaire pour le Yémen Martin Griffiths s’est rendu récemment à Ryad et Sanaa. Il doit prochainement rejoindre plusieurs pays. Dont Oman où ont eu lieu il y a trois semaines des discussions secrètes entre Saoudiens, qui mènent la coalition internationale favorable au président yéménite en exil Abd Rabbou Mansour Hadi, et rebelles Houthis.

Des négociations restées très obscures et qui auraient été précédées d’un dialogue pendant deux mois. Interrogé sur le rôle éventuel de l’ONU dans ces pourparlers, M. Guterres, qui a rencontré la semaine dernière l’influent héritier du trône saoudien, a estimé que “la meilleure chose à faire avec des discussions secrètes est de les maintenir secrètes”.

Le gouvernement yéménite n’était pas présent à Oman. Mardi à Genève, son ministre des Affaires étrangères Abdel-Malek al-Mekhlafi a estimé qu’il fallait revenir à la table des négociations. Tout en appelant les Houthis des “putschistes”, il a souhaité un dialogue national. “Nous devons mettre un terme à la guerre”, a-t-il dit.

Visite suisse pour le Yémen

Après des pourparlers en Suisse, les négociations s’étaient déplacées au Koweït où la dernière série avait eu lieu à l’été 2016. Depuis quelques mois, Berne assure les intérêts consulaires saoudiens en Iran, pays proche des Houthis, et inversement.

Mardi, aussi bien le conseiller fédéral Ueli Maurer que le délégué à l’aide humanitaire Manuel Bessler ont relevé que la Suisse était prête à accueillir à nouveau les acteurs. “Toutes les parties ont compris qu’une solution militaire n’est pas possible”, dit le second.

Il était à Ryad il y a un mois et se rendra dans une dizaine de jours à Sanaa, pour la première fois depuis les violences. Une visite qui ne signifie pas pour autant une réouverture prochaine du bureau d’aide humanitaire suisse dans ce pays, selon lui.

Face à la “pire crise humanitaire” contemporaine, selon M. Maurer, près de 40 Etats se sont désormais activés. L’ONU et ses partenaires demandent cette année 2,96 milliards de dollars (environ 2,8 milliards de francs) pour aider 13 millions de personnes. Ils ont déjà obtenu plus de 2 milliards au terme de la conférence de Genève qui aura rassemblé environ 800 millions de dollars de promesses.

Avant celle-ci, Arabie saoudite et Emirats arabes unis avaient contribué avec 930 millions de dollars. Auxquels s’ajoutaient 293 millions d’autres pays. Interrogé sur une possible contradiction entre bombardements saoudiens et assistance humanitaire, M. Guterres a affirmé qu'”il faut voir les deux choses séparément”.

Milliers de victimes au total

La Suisse a décidé d’augmenter de 4 millions de francs son dispositif. Désormais, la contribution suisse jusqu’en 2020, annoncée lors de la précédente conférence des donateurs à Genève, passe à 45 millions de francs, dont 13 millions pour cette année.

En 2017, 73% des 2,5 milliards demandés par l’ONU avaient été financés. Comme M. Guterres, M. Maurer encourage les parties à honorer le droit international humanitaire (DIH). Il demande un meilleur accès aux populations, notamment grâce à une réouverture totale des ports du pays et de l’aéroport de Sanaa. Un “objectif” selon le gouvernement yéménite.

Plus de 22 millions de personnes, 3,4 millions supplémentaires en un an, parmi les plus de 29 millions d’habitants ont besoin d’une aide. La population ne bénéficie toujours qu’avec d’importantes difficultés de nourriture, de médicaments, de carburant ou d’électricité. En 2017, des maladies diarrhéiques et le choléra ont touché un million de personnes.

En un an, un million de personnes supplémentaires ont été confrontées à de la malnutrition. En trois ans, le conflit a fait près de 10’000 victimes. Plus de 3 millions de personnes ont été déplacées.

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