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Yémen: une grande bataille se prépare pour le Nord et Sanaa

(Keystone-ATS) La guerre au Yémen connaît une dangereuse escalade avec le déploiement au sol de forces arabes sunnites du Golfe pour reconquérir le Nord et la capitale Sanaa prise il y a un an par des rebelles chiites pro-iraniens. La journée de mardi a fait une dizaine de victimes.

Toutes ont été tuées mardi dans de nouvelles frappes aériennes de la coalition arabe sous commandement saoudien sur Sanaa contrôlée par les Houthis. De puissantes déflagrations ont secoué le centre-ville dans la matinée, ont rapporté des journalistes de l’AFP. Selon des sources médicales, au moins sept “civils” et trois gardes du corps d’un officier rebelle ont trouvé la mort dans ces frappes.

Le site web sabanews.net, contrôlé par les rebelles, a pour sa part fait état de 15 tués et 77 blessés. Parmi les cibles des avions de la coalition ont figuré l’Académie de police et le quartier général de la Sécurité centrale, ont indiqué des témoins.

“Nouvelle phase plus meurtrière”

Le pays “se prépare à une nouvelle phase plus meurtrière”, a avertit April Longley, spécialiste du Yémen à l’International Crisis Group. “Les deux camps se positionnent pour un conflit majeur dans le Nord et, en particulier, à Sanaa”.

Les forces de la coalition ont déjà reconquis depuis la mi-juillet cinq provinces du sud. Elles “semblent désormais déterminées à prendre davantage de territoire, notamment après la mort” de 45 Emiratis, 10 Saoudiens et 5 Bahreïnis dans une attaque au missile vendredi dans la province de Marib, explique cette experte.

Cette province pétrolière du centre du Yémen, située à l’est de Sanaa, est devenue un lieu hautement stratégique où se déploient des renforts venus de plusieurs pays du Golfe, selon des médias et des sources militaires yéménites.

L’attaque au missile Tochka, revendiquée par les rebelles, a provoqué une onde de choc dans les pays du Golfe. Plusieurs dirigeants ont clamé leur “détermination” à éliminer la “menace” que représente encore l’Iran qui cherche à “rééditer l’expérience du Hezbollah libanais au Yémen”.

Le Qatar confirme l’envoi de troupes

L’hécatombe de vendredi a constitué “un tournant” pour la coalition qui prépare “un plus grand déploiement de troupes” pour appuyer des combattants yéménites locaux, équipés et entraînés depuis six mois, relève Andreas Krieg, consultant pour les forces armées du Qatar et professeur au King’s College de Londres.

Alors que la présence au Yémen d’unités émiraties et saoudiennes n’était un mystère pour personne, le Qatar a confirmé mardi l’envoi de 1000 soldats, fortement équipés et qui s’apprêtent à entrer au Yémen via l’Arabie saoudite. “Ils sont prêts à se battre”, a déclaré un responsable de Doha à l’AFP.

Des sources militaires yéménites ont cité le chiffre de 1000 soldats saoudiens arrivés à Marib avec des blindés et des chars de combat. Selon M. Krieg, il y a un peu plus de 5000 soldats de la coalition au total sur le terrain, mais le chiffre exact est difficile à déterminer en raison d’inconnues sur les “forces spéciales”.

Selon la chaîne de télévision Al-Jazeera, avec les renforts, la coalition pourrait totaliser 10’000 hommes, sans compter les forces yéménites loyales au président en exil Abd Rabbo Mansour Hadi et des tribus sunnites hostiles aux rebelles chiites et qui contrôlent une bonne partie de la province de Marib.

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