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UBS s’inquiète de l’intégration des employés âgés en Suisse

Au vu de l'évolution démographique, il manquera d'ici dix ans près d'un demi-million d'actifs sur le marché du travail helvétique: ce qui pourrait profiter aux travailleurs aux tempes argentées. KEYSTONE/CHRISTOF SCHUERPF sda-ats

(Keystone-ATS) La disponibilité de la main-d’oeuvre sur le marché de l’emploi helvétique inquiète UBS. Au cours des 10 prochaines années, environ 1,1 million de personnes atteindront l’âge de 65 ans, soit quelque 690’000 actifs qui quitteront le marché du travail.

La proportion des plus de 55 ans en activité en Suisse a augmenté depuis 1991 de presque 10 points de pourcentage pour atteindre 74,3% en 2016. Au sein des pays industrialisés, seules l’Islande, la Suède, la Nouvelle-Zélande et la Norvège font mieux, souligne l’économiste d’UBS Veronica Weisser.

Dans le même temps, le taux de chômage des 55-64 ans est passé de 0,8 à 2,7% en 2016 selon le Secrétariat d’État à l’économie (SECO), soit quelque 29’000 personnes. L’abandon du taux plancher début 2015 a fait remonter le chômage en Suisse, y compris parmi ce groupe. Si le risque de licenciement reste moins élevé pour la “génération d’argent” (50 ans et plus), leur réintégration s’avère nettement plus difficile.

Pénurie de main-d’oeuvre

Au vu de l’évolution démographique, il manquera d’ici dix ans près d’un demi-million d’actifs sur le marché du travail helvétique, selon le scénario de la banque. Avec des conséquences non seulement pour l’AVS, mais aussi pour certains secteurs d’activité, où la pénurie de main-d’oeuvre va s’aggraver.

L’immigration ne résout pas le problème, affirme Veronica Weisser. Et la reprise économique en Europe et la mise en oeuvre de l’initiative contre l’immigration de masse devraient freiner l’arrivée d’étrangers.

Avec une immigration réduite de moitié par rapport à la moyenne de la décennie passée, la pénurie devrait atteindre 460’000 équivalents plein temps (EFT), dans l’hypothèse d’UBS. En supposant que l’immigration nette se maintienne au niveau moyen des derniers dix ans, soit 75’000 personnes par an, le manque se réduirait à 220’000 EFT.

Prolonger la vie active

Politiquement, le recul de l’âge de la retraite ne passerait “que lorsque la situation difficile des institutions sociales et la pénurie de main-d’oeuvre spécialisée s’aggraveront de manière sensible”, écrit UBS. En attendant, le groupe prône des modèles flexibles et innovants en faveur des salariés âgés, surtout parmi les petites et moyennes entreprises (PME).

Réduction progressive du temps de travail, partage de poste à temps partiel entre un collaborateur âgé et un plus jeune, contrats flexibles, délais de préavis augmentés et prolongation de la vie active au-delà de 65 ans comptent parmi les mesures évoquées.

Les grands groupes, eux, ont un retard à rattraper, admettent les économistes d’UBS. La banque aux trois clés quant à elle mise sur la formation continue. Elle voit une option dans l’intégration de la formation au système de rémunération, en lieu et place par exemple d’augmentations salariales ou de bonus.

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