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Un ministre palestinien dénonce à Genève l'”amateurisme” de Kushner

L'Autorité palestinien a dénoncé la réunion de présentation du volet économique du plan de Jared Kushner pour le Proche-Orient qui a eu lieu au Bahreïn et qui manquait de "légitimité" selon un ministre. KEYSTONE/EPA BAHRAIN NEWS AGENCY/BAHRAIN NEWS AGENCY HANDOUT sda-ats

(Keystone-ATS) Un ministre palestinien a dénoncé depuis Genève l'”amateurisme” du gendre de Donald Trump, Jared Kushner, après la conférence sur son plan pour le Proche-Orient. Il a ciblé jeudi un “échec cuisant”. Ramallah veut travailler avec Berne à une réunion humanitaire.

“La voie politique doit venir en premier” pour aboutir à “toute solution”, a affirmé le ministre des affaires sociales Ahmad Majdalani au début d’une conférence internationale sur Jérusalem à l’ONU à Genève.

“La voie économique pourrait accompagner” cette composante “et non l’inverse comme les amateurs en terme d’activités politiques Kushner et Friedman (l’ambassadeur américain en Israël David Friedman favorable à l’annexion d’une partie de la Cisjordanie par l’Etat hébreu, NDLR) semblent vouloir” le penser, a-t-il affirmé.

Pour autant, le représentant palestinien auprès de l’ONU à New York Riyad Mansour a ajouté devant la presse que le problème n’était pas “personnel”. Du déplacement de leur ambassade à Jérusalem aux déclarations sur la Cisjordanie, les Etats-Unis ont multiplié les “cadeaux gratuits” pour Israël avant même toute discussion, a-t-il affirmé.

Mercredi, le gendre du président américain avait présenté au Bahreïn le volet économique du plan de paix de M. Trump au Proche-Orient. Celui-ci prévoit une assistance de 50 milliards de dollars d’investissements dans les territoires palestiniens. Alors que Washington a coupé son assistance à l’Agence onusienne pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) dirigée par le Suisse Pierre Krähenbühl, déplore M. Mansour.

Autre problème, Jared Kushner a laissé entendre qu’il ne mentionnerait en revanche pas la solution à deux Etats dans le volet politique du plan. Devant les nombreux spécialistes réunis à Genève pour deux jours, M. Majdalani a appelé à “sauver” ce scénario d’un Etat palestinien. Il a estimé que la réunion au Bahreïn, où aucun responsable officiel palestinien n’était présent, a subi un “échec cuisant”.

Discussion avec la Suisse

“Très peu de représentants”, “pas de légitimité”, “pas de résultat”, ajoute-t-il. Seul un ministre européen a participé.

L’Autorité palestinienne a répété à plusieurs reprises ne plus vouloir des Etats-Unis comme intermédiaire. Il y a deux semaines, le Premier ministre avait dit à Keystone-ATS à Genève que la Suisse devait demander une conférence internationale avec la France, l’Allemagne, le Quartet (Etats-Unis/Russie/ONU/UE) et les Etats arabes.

Mais l’environnement avec M. Trump n’est pas très favorable, admet M. Mansour. “Nous voyons que la communauté internationale capitule” mais “nous allons continuer” à honorer les engagements palestiniens pris, estime de son côté le ministre.

L’Autorité palestinienne veut aussi continuer à travailler avec la Suisse sur les questions humanitaires. M. Mansour a dit à Keystone-ATS souhaiter une réunion des parties aux Conventions de Genève.

La conférence annuelle sur Jérusalem, prévue sur deux jours, est organisée par un comité onusien sur les droits des palestiniens, pour la première fois à Genève. L’Organisation de la coopération islamique (OCI) et le Conseil oecuménique des Eglises sont associés.

Rencontre avec Maurer

Jeudi, l’ONU a dénoncé une politique israélienne qui rend “dans certains cas impossible” la situation des Palestiniens à Jérusalem. Selon M. Majdalani, la décision de M. Trump de déplacer l’ambassade américaine à Jérusalem a autorisé le gouvernement israélien à être plus offensif.

Le ministre met en garde contre toute tentative unilatérale” de modifier la “composition religieuse et culturelle” de Jérusalem. Mais aussi contre “les conséquences graves” de “violations quotidiennes” contre les Palestiniens dans cette ville qu’il a détaillées.

Les droits de citoyens doivent être protégés, insiste-il. Le ministre a à nouveau relevé l'”échec” de la communauté internationale à “contraindre” Israël à mettre un terme à cette politique. Plusieurs violations du droit international ont été observées, a-t-il aussi dit.

En marge de cette conférence, les représentants palestiniens ont rencontré le président du Conseil des droits de l’homme Coly Seck et la Haute commissaire aux droits de l’homme Michelle Bachelet. Ils ont aussi discuté avec le président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) Peter Maurer.

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