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Une Prix Nobel dénonce l’usage d’engins incendiaires en Syrie

La Prix Nobel de la paix Jody Williams s'en prend aux gouvernements sur la Syrie (archives). KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI sda-ats

(Keystone-ATS) Les Etats sont inactifs dans les discussions sur les engins incendiaires utilisés en Syrie. La Prix Nobel de la paix Jody Williams a ciblé mardi à Genève les gouvernements, en marge d’un plaidoyer contre les “robots tueurs”.

Devant la presse, celle qui avait lancé la campagne pour l’interdiction des mines antipersonnel a trouvé étonnant de s’asseoir auprès de gouvernements alors qu’Alep est victime de barils d’explosifs. Les engins incendiaires “sont utilisés très largement”, a-t-elle déploré.

Elle participe cette semaine à Genève à la 5e Conférence de suivi de la Convention de l’ONU sur les armes conventionnelles qui a été ratifiée par plus de 120 Etats. Au total, 95 pays prennent eux part à cette réunion jusqu’à vendredi.

“Les gouvernements refusent même de considérer la possibilité” de discuter cette situation en Syrie dans le cadre du Protocole à la Convention qui limite ou interdit une partie seulement des engins incendiaires, affirme Mme Williams. Et d’ajouter par ailleurs que cette inaction explique pourquoi certains traités d’interdiction d’armes ont été adoptés en dehors du cadre de l’ONU.

Drones pas visés

Pour autant, elle veut rester “optimiste” sur la possibilité d’avancées sur les systèmes d’armes létales autonomes, les “robots tueurs”, dont ne font pas partie les drones. Les discussions portent sur des armes au sol.

Membre de la Campagne pour une interdiction préventive de ce type d’armement, elle souhaite que les Etats décident vendredi de passer de trois ans de discussions informelles à un groupe d’experts gouvernementaux. Ce dispositif permettra d’avoir davantage de marge de manoeuvre sur la question et incitera les Etats parties à travailler pour un nouvel instrument international.

Seule la Russie s’oppose à ce groupe qu’elle trouve “prématuré”. Parmi les cinq autres Etats qui investissent dans les technologies qui pourraient mener à ces systèmes, dont Israël et la Corée du Sud, la Chine a souligné lundi “pour la première fois” le besoin d’un cadre international pour l’utilisation des robots tueurs, a relevé la coordinatrice de la campagne Mary Wareham. Mais pas forcément pour une interdiction.

Soutien de plusieurs pays

La Grande-Bretagne et les Etats-Unis se sont eux résolus à soutenir le lancement d’un groupe d’experts. Le mandat de cette institution serait seulement “d’explorer des options” et les gouvernements pourraient ensuite décider de ne rien faire. Dix-sept pays soutiennent une interdiction des “robots tueurs”.

“Nous voulons maintenir le contrôle humain sur les fonctions létales des armes”, a insisté Mme Wareham. Par ailleurs, les Conventions de Genève ont été lancées par des êtres humains pour encadrer des êtres humains, a relevé de son côté Mme Williams.

Elle n’a jamais rencontré “personne” qui affirmait que “les robots tueurs” étaient positifs. Des sondages aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne ont montré ces dernières années un soutien important pour une interdiction auprès de la population.

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