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Venezuela: Luisa Ortega, la procureure rebelle, refuse de comparaître

Les violences autour des rassemblements protestant contre le président Nicolas Maduro ont fait jusqu'à présent 89 morts, suscitant l'inquiétude de la communauté internationale. KEYSTONE/EPA EFE/MIGUEL GUTIERREZ sda-ats

(Keystone-ATS) La procureure générale du Venezuela, Luisa Ortega, a refusé mardi de comparaître devant la Cour suprême (TSJ). Cette chaviste entrée en rébellion contre le président Nicolas Maduro estime que son procès et sa future destitution sont déjà courus d’avance.

“Je ne vais pas me soumettre à ce tribunal inconstitutionnel et illégitime”, a-t-elle déclaré devant la presse. “Le TSJ va perpétrer une nouvelle violation (de la loi) pour annuler la dernière institution capable de défendre les personnes et les manifestants”, a-t-elle ajouté.

Le Venezuela est en proie depuis trois mois à une vague de manifestations contre le chef de l’Etat. Ces manifestations émaillées de violences ont déjà fait 90 morts, selon un dernier bilan.

“C’est pour cette raison que je n’y suis pas allée, je ne vais pas valider un cirque qui teindra notre histoire de honte et de douleur et dont la décision est connue d’avance”, a-t-elle dit. Car “nous savons déjà que dès aujourd’hui sera lancée l’opération pour me destituer”.

“Pas toute sa tête”

Peu après la fin de son discours, prononcé au siège du ministère public, l’audience devant le TSJ, dont le bâtiment était gardé par l’armée, a débuté. Dès son ouverture, le président du tribunal Maikel Moreno a estimé que “la responsabilité de Luisa Ortega” était “d’ordre éthique et moral”. Il a ensuite laissé la parole au député Pedro Carreño, du parti socialiste au pouvoir, à l’origine de la procédure.

Le député Carreño l’accuse d’avoir commis des “fautes graves dans l’exercice de ses fonctions”. Il exige que soit évaluée sa santé mentale, car “il est clair que cette dame n’a pas toute sa tête”. Avant sa comparution, Mme Ortega a été frappée d’une interdiction de sortie du territoire et a vu ses actifs gelés.

Discours critique

Après des semaines de bras de fer par déclarations interposées, le sort de la procureure générale de 59 ans est entre les mains du TSJ, organisme considéré comme proche de l’exécutif. Luisa Ortega est la plus haute représentante des institutions chavistes (du nom d’Hugo Chavez, président de 1999 à son décès en 2013) à défier le président Maduro.

En toile de fond, c’est son discours étonnamment critique envers le président vénézuélien, pour une personnalité faisant partie de son camp, qui irrite le pouvoir, car il risque d’approfondir davantage encore les fractures entre les chavistes.

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