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Vingt ans après, le lycée Columbine commémore la tuerie

L'ancien principal du lycée de Columbine, Frank DeAngelis (au centre), n'a pas pu retenir ses larmes durant la cérémonie organisée vendredi. KEYSTONE/AP Pool Reuters/RICK WILKING sda-ats

(Keystone-ATS) Les habitants de Littleton, dans le Colorado, ont commémoré samedi les treize morts de la fusillade perpétrée le 20 avril 1999 dans le lycée de Columbine par deux de ses élèves. Ce massacre constitue la première tuerie de l’ère médiatique moderne.

Pendant des heures, ce mardi, les Américains ont suivi à la télévision la fusillade et l’intervention tardive des forces de l’ordre dans cette petite ville de la banlieue de Denver. Cet événement a changé la façon dont les écoles et la police se préparent contre les tireurs, les exercices de confinement et d’évacuation étant devenus routiniers pour des générations d’élèves, dès la maternelle.

Les rescapés et blessés de la fusillade, désormais adultes et parents, les familles des victimes ainsi que des habitants de Littleton ont participé vendredi soir à une veillée.

« Rien ne change »

Une cérémonie officielle était prévue samedi à 15h00 (23h00 suisses) dans le parc jouxtant le lycée. Un mémorial y a été érigé en 2007 en hommage aux douze lycéens et au professeur assassiné par les deux tireurs, qui se sont ensuite suicidés dans le lycée.

« Pendant 19 ans, je suis restée triste, le coeur brisé. Mais ça s’est transformé en colère, parce que rien ne change », a déclaré récemment à l’AFP Amanda Duran, qui avait quinze ans le jour où son monde a basculé.

Sa meilleure amie a été tuée. « Je n’ai pas entendu les balles siffler à mes oreilles et n’ai pas eu d’arme pointée sur moi. Cela n’a malheureusement pas empêché le traumatisme ».

Fusillades régulières

Columbine a créé un débat sur les armes à feu qui, trois présidents plus tard, semble encore plus loin d’une résolution dans la société américaine. Le nombre d’armes en circulation n’a cessé d’augmenter (393 millions pour 326 millions d’habitants) et les fusillades, en milieu scolaire ou ailleurs, sont des événements réguliers de l’actualité.

Depuis Columbine, 226’000 enfants, dans 233 écoles, ont été exposés à un tir d’arme à feu ou à des fusillades, mortelles ou pas, en leur présence, selon une enquête du Washington Post. Le dernier épisode date de vendredi, quand un homme a tiré sur les vitres d’une classe de CE2 (5e Harmos) dans une école à Jacksonville en Floride, sans faire de victime.

Les pires sont celles de l’école primaire Sandy Hook de Newton dans le Connecticut en 2012 (20 enfants de six et sept ans, et six adultes tués) et du lycée Marjorie Stoneman Douglas de Parkland en Floride en 2018 (17 morts).

Sombre fascination

Columbine a aussi acquis une dimension mythique, pour le pire. De nombreuses idées reçues perdurent sur les auteurs de la fusillade: les deux garçons, âgés de 17 et 18 ans, n’appartenaient pas au groupe de lycéens qui s’habillaient toujours en manteaux noirs, ils n’étaient pas aussi isolés qu’on le dit et n’ont pas agi par pure vengeance à cause de harcèlement.

Mais ils continuent d’entretenir une sombre fascination, comme l’illustre l’étrange mort cette semaine d’une jeune femme de 18 ans, nommée Sol Pais.

La police a donné l’alerte après avoir appris que la jeune femme, « fascinée » par Columbine, s’était rendue de Miami à Denver et avait acheté un fusil à pompe. L’école avait fermé ses portes mardi par précaution. Finalement, elle a été retrouvée morte, apparemment après s’être suicidée dans un lieu isolé, selon la police.

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