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A Wimbledon, Federer poursuit sa marche historique

Keystone

En remportant pour la 6e fois Wimbledon, Roger Federer est devenu le joueur le plus titré de l'histoire: 15 tournois du Grand Chelem garnissent désormais son palmarès. Mais avant d'accéder au graal, le Bâlois a dû livrer un combat acharné face à Andy Roddick.

Roger Federer jubile de tout son corps au milieu du court central de Wimbledon. Pour la sixième fois, il peut humer le parfum victorieux de ce gazon londonien qu’il apprécie tant. Un parfum à la fragrance de nouveau record. Victorieux il y a un mois de Roland-Garros, le dernier tournoi du Grand Chelem qui manquait encore à son palmarès, Roger Federer a remporté dimanche à Londres son 15e titre majeur, dépassant ainsi d’une unité l’Américain Pete Sampras.

Légendaire, mythique, voire mystique? Difficile de savoir quel qualificatif employer à l’heure où Roger Federer vient d’écrire l’une des plus belles pages de l’histoire d’un sport qui est né il y a plus de 150 ans ici même, en Grande-Bretagne. Les superlatifs ne manqueront en tout cas pas de remplir une nouvelle fois les colonnes des gazettes de la planète ce lundi.

Il faut dire que tout était réuni pour l’adoubement de Roger Federer en ce dimanche 5 juillet. Les statistiques d’abord: 18-2 dont trois victoires sur ce gazon londonien dans les duels face à l’Américain Andy Roddick. Les absences ensuite: celles de Rafael Nadal, forfait avant même le début du tournoi, et d’Andy Murray, l’enfant terrible du tennis britannique, sorti en demi-finale. Le jeu du maître enfin, qui a confiné à la perfection tout au long du tournoi.

Jusqu’au bout du suspense

Si tout le monde ou presque voyait Roger Federer soulever le trophée avant même le début de la rencontre, Andy Roddick a tenu à prouver qu’il était bien de retour au sommet. Tout au long de ce match, il a poussé Federer dans ses derniers retranchements, l’amenant jusque dans un 5e set interminable et terriblement indécis, qui a finalement basculé dans le camp suisse après 4h16′ (5-7 7-6 7-6 3-6 16-14).

Andy Roddick avait pourtant pris l’avantage dans cette rencontre en remportant le premier set. Deux fautes successives en revers ont contraint Federer à perdre son engagement pour la première fois du tournoi. Alors que le Suisse venait de rater 4 balles de break à 5-5, à trois reprises pour des imprécisions de quelques millimètres confirmés par le système d’assistance-vidéo, l’Américain a dans la foulée profité de sa première occasion pour prendre le service adverse.

Serein, extrêmement performant sur son service, Andy Roddick a posé une équation presque insoluble à Roger Federer. Dans le 2e set, aucun des deux joueurs n’a flanché et la décision a dû se faire au tie-break. Mais le jeu décisif a pris une tournure quasi miraculeuse pour le Bâlois. Mené 6-2, Federer a complètement retourné la situation, réussissant 6 points d’affilée! Et pourtant, l’Américain avait remporté 7 de ses 8 tie-breaks lors de cette édition 2009 de Wimbledon.

Le service, arme absolue

Les compteurs à zéro, les deux protagonistes ont continué la rencontre dans la même veine. Des services ultra-performants qui ont empêché toute velléité adverse de faire le break et donc un nouveau tie-break nécessaire pour désigner le vainqueur du troisième set. Et cette fois, Federer a d’emblée pris les devants pour rapidement mener 5-1. Le Suisse s’est adjugé cette troisième manche sans avoir jusque-là pris une seule fois le service de l’Américain.

Dans la quatrième manche, Roddick est parvenu à prendre le service en début de set. Un break que Federer n’a jamais réussi à combler. Pour la première fois en 20 duels entre les deux joueurs, l’issue du match s’est donc jouée dans un cinquième set décisif. Dans l’esprit du Bâlois, le souvenir de cette finale perdue l’an dernier face à Nadal au bout du suspense (9-7 dans le 5e set) a certainement ressurgi.

Le scénario n’est s’est heureusement pas répété pour Federer. Epoustouflant à l’engagement, réussissant la bagatelle de 50 aces sur l’ensemble du match, son record personnel, Roger Federer a pu conserver son jeu d’avance tout au long de cet interminable épilogue. Et c’est finalement au 28e jeu de l’ultime manche que l’Américain a craqué, cédant son premier break de la confrontation et permettant au Bâlois de l’emporter sur sa première balle de match.

Seul au monde

Cette consécration historique intervient au cours d’une année 2009 qui avait pourtant commencé dans la douleur pour Roger Federer. Une défaite en finale de l’Open d’Australie, un forfait de dernière minute avant le match de Coupe Davis aux Etats-Unis puis une série d’éliminations inhabituelles au printemps: le terme de déclin, déjà entendu ci et là l’été dernier, a de plus en plus été prononcé.

«Quand j’ai commencé à gagner un peu moins de tournois, il a été dit que j’étais sur le déclin. J’espère que certains ouvriront les yeux et se montreront plus prudents à la lumière des événements de ces derniers mois», avait-il déclaré avant la finale. Car depuis Madrid, où il a remporté son premier tournoi de l’année, qui plus est en battant Rafael Nadal en finale, Federer est remonté sur son nuage, de là-même où il avait survolé le tennis mondial de 2004 à 2007.

Débarrassé de douleurs dorsales qui l’ont selon des aveux faits à la BBC beaucoup perturbé mentalement, le «maître» a pu retrouver tout au long du tournoi la fluidité de gestes confinant à la perfection que seul lui est capable de réaliser.

Désormais seul au monde dans les tabelles du tennis mondial, Roger Federer entame une deuxième carrière où il pourra en toute sérénité s’atteler à dépoussiérer les derniers records qui lui échappent encore. Et dès lundi, il retrouvera sa place de no1 mondial, cédée il y a tout juste une année à Rafael Nadal.

Samuel Jaberg, swissinfo.ch

«Andy a joué un tournoi formidable. Ne sois pas trop triste, Andy. j’ai perdu en cinq sets l’an dernier. Tu reviendras et tu gagneras. Je l’espère. T’es un gars incroyable. Aujourd’hui, la chance était de mon côté. C’était un match fou. Je n’ai pas encore la tête claire. C’est un moment incroyable de ma carrière.

Pete (ndlr: Sampras, déchu de son record de Grands Chelems, présent en tribunes), merci d’être venu. C’est un tel plaisir d’avoir joué devant toutes ces légendes. Quinze Grands Chelems, c’est un des plus grands records. Mais cela ne va pas dire que je vais arrêter. J’espère jouer encore de nombreuses années. Je reviendrai l’an prochain.

C’est bien d’avoir récupéré la 1re place mondiale, même si je sais que Rafa (ndlr: Nadal) n’est pas là. Les blessures font partie de ce sport. Revenir en forme, gagner à Paris, ici, c’est un sentiment étonnant, cela a été une année folle. Le tennis c’est fou. Ce match aurait pu durer encore quelques heures

1er tour: bat Yen-Hsun Lu (TPE), 7-5 6-3 6-2

2e tour: bat Guillermo Garcia-Lopez (ESP), 6-2 6-2 6-4

3e tour: bat Philipp Kohlschreiber (GER), 6-3 6-2 6-7
((5/7) 6-1

1/8 finale: bat Robin Soderling (SWE), 6-4 7-6 (7/5) 7-6
(7/5)

1/4 finale: bat Ivo Karlovic (CRO), 6-3 7-5 7-6 (7/3)

1/2 finale: bat Tommy Haas (GER), 7-6 (7/3) 7-5 6-3

finale bat Andy Roddick, (USA) 5-7 7-6 7-6 3-6 16-14

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