
Le double défi de la Chine olympique

La Chine organisera, pour la première fois de son histoire, les Jeux olympiques. D'ici 2008, Pékin sera sous observation internationale. À la fois sur les questions organisationnelles et d'infrastructure. Mais également concernant le respect des droits humains.
Vendredi à Moscou, Pékin a remporté, dès le second tour déjà, l’organisation des Jeux Olympiques d’été de 2008. Toronto a terminé en deuxième position, devant Paris et Istanbul.
Après avoir échoué de peu contre Sydney en l’an 2000, «Pékin 2008» sonne comme une revanche et un formidable défi pour l’avenir.
En effet, la capitale chinoise a pratiquement tout à construire. Soit 22 des 37 sites sur lesquels se dérouleront les différentes épreuves sportives, d’importants moyens de transports et le village olympique, notamment.
Pour cela, le pays peut compter sur un soutien total du gouvernement (qui assure un budget de 1,609 milliards) et de la population.
Mais le principal défi se jouera bel et bien au niveau politique. «Donner les JO à Pékin risque de prolonger l’espérance de vie du régime», estimait depuis Hong Kong le sinologue Jean-Pierre Cabestan, du centre d’étude français sur la Chine contemporaine.
Certes, les critiques et la polémique sur les droits de l’homme concernant la Chine, déjà responsable de son échec de l’an 2000, sont justifiées. Mais, par leur vote, les membres du CIO ont voulu aller au-delà. Ils tentent un véritable pari. Et permettent à la Chine de relever un incroyable défi.
«La Chine représente le 20% de la population du monde et se développe fort bien au niveau sportif, relève François Carrard, directeur général du CIO. Ne pas lui octroyer les JO aurait participé à lui fermer la porte. A l’isoler, en pensant faire ainsi pression sur elle».
Mais on ne connaîtra jamais la portée d’une telle stratégie. Les membres du CIO ont choisi l’ouverture. «Les JO auront lieu dans sept ans, ne l’oublions pas, continue François Carrard. D’ici là, la Chine sera observée par le monde entier. Espérons donc que cette désignation participera à faire avancer la cause des droits de l’homme.»
L’attribution des JO d’été 2008 à la Chine est une première victoire pour le président sortant Juan Antonio Samaranch. Remportera-t-il de nouveaux succès dans les luttes qu’il mène en coulisse concernant les élections éventuelles de son fils et d’Adolf Ogi comme membres du CIO? Réponse au début de la semaine prochaine.
Mathias Froidevaux

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