
Monaco juge le meurtrier d’un banquier genevois

Le Tribunal criminel de Monaco juge l'infirmier américain Ted Maher, qui a causé la mort d'Edmond Safra.
Le banquier, de nationalité brésilienne, décédé le 3 décembre 1999, a mené toute sa carrière à Genève. Il était arrivé en Suisse en 1956.
Le drame n’a jamais été véritablement élucidé. Et il n’est pas certain que les deux semaines du procès, qui s’ouvre jeudi dans la Principauté, parviennent à faire toute la lumière sur cette tragique histoire.
Celle-ci peut se résumer ainsi: Ted Maher, ancien militaire américain, est depuis peu de temps l’infirmier d’Edmond Safra. Le banquier souffre de la maladie de Parkinson. Pour gagner la confiance de son patron, Ted Maher aurait simulé une agression par deux individus armés et cagoulés.
L’infirmier met le feu à une corbeille à papier placée sous l’alarme incendie, et il se poignarde lui-même avec son couteau à la cuisse et à l’abdomen. Mais cet invraisemblable scénario va se transformer en série noire.
Un héritage de plusieurs milliards
L’incendie se propage, les secours mettent plus deux heures à intervenir. Ce qui est difficilement explicable dans une Principauté d’à peine 2 km2. Edmond Safra, 67 ans, et son infirmière Viviane Torrente meurent asphyxiés.
Depuis ce meurtre, survenu il y a trois ans, les hypothèses ont fleuri ça et là, parfois véhiculées par des proches de la victime. Et si le banquier avait été assassiné par la mafia russe? Quelques mois avant sa disparition, Edmond Safra dénonçait des mouvements de fonds suspects en provenant de l’ex-URSS.
La victime n’est pas n’importe qui. Ne compte-t-elle pas parmi les hommes les plus riches du monde? Quelques mois avant sa mort, il a vendu son empire, Republic New York Corporation, et notamment son fleuron, la Republic National Bank of New York, au britannique HSBC pour plus de 10 milliards de dollars.
Edmond Safra, originaire du Liban, mais naturalisé brésilien, quitte Genève, où il vit depuis plus de quarante ans, pour le climat plus doux de Monaco. Le document attestant de sa naturalisation monégasque est arrivé à son domicile le lendemain de son décès.
Enterré à Genève
Toutefois, Edmond Safra, qui considérait Genève comme «sa deuxième ville natale», a été enterré au cimetière juif de Veyrier, dans la banlieue de Genève. Et c’est l’un des ténors du barreau de la Cité de Calvin, Marc Bonnant, qui défend Lily, la veuve d’Edmond Safra, au procès.
Arrivé en 1956 sur les bords du lac Léman, le banquier avait créé quatre ans plus tard la Sudafin Société Financière, qui deviendra la Trade Development Bank.
Puis, en 1988, Edmond Safra fonde la Republic National Bank of New York. En 1990, il avait versé deux millions de dollars à l’hôpital cantonal universitaire de Genève.
Le frère d’Edmond Safra, Joseph Safra, à la tête d’un empire financier au Brésil, a racheté à Zurich la petite Uto Bank, et créé en 2000 dans la Cité de Calvin la banque Jacob Safra (du nom de leur père) afin de tenter de récupérer une partie de la clientèle du géant britannique HSBC.
swissinfo/Ian Hamel

En conformité avec les normes du JTI
Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative
Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !
Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.