
Pour les voyous lyonnais, la Suisse est un «supermarché»
La mort d’un garde-frontière suisse le 21 novembre dernier n’étonne guère la police de Lyon. Les petits truands venus de France voisine ont mis à prix la tête des représentants de l’ordre genevois.
La mort d’un garde-frontière suisse le 21 novembre dernier n’étonne guère la police de Lyon. Les petits truands venus de France voisine ont mis à prix la tête des représentants de l’ordre genevois
Depuis les émeutes de Vaulx-en-Velin en 1990, une cité déshéritée de l’agglomération lyonnaise (1,5 million d’habitants), une équipe de médecins se penche sur «les conséquences psychiatriques de la souffrance sociale». En d’autres termes, ils ont constaté que ces villes-dortoirs comptent un nombre anormalement élevé de malades.
«Quand un gamin de 15 ans gagne plus d’argent en trois jours en vendant de la drogue que son père en un mois en travaillant à l’usine, il perd tous ses repères», constate Gérard Clavairoly, journaliste au «Quotidien du Médecin». Résultat, il n’hésite plus à attaquer un postier, un conducteur de bus ou même un pompier.
Résultat, cette violence s’est exprimée dans la région lyonnaise. Des bandes de gamins âgés de 13 à 18 ans attaquent en plein jour une succursale de banque ou une bijouterie. «Pour voler 10 000 francs français, ils provoquent 100 000 francs de dégâts, en défonçant les entrées à l’aide de voitures volées qui servent de béliers», raconte le commissaire Bernard Trenque, patron de la police judiciaire de Lyon.
Pour des raisons politiques, la France a évidemment fait le ménage, protégeant notamment le parking de l’aéroport de Lyon-Satolas. «Rien d’étonnant qu’ils se soient déplacés en Suisse. Vous êtes à moins d’un plein d’essence de la Suisse», constate encore Bernard Trenque. De plus, la Confédération n’appartient pas à l’espace Schengen. Il faut davantage de temps pour identifier une voiture volée en Suisse et revendue en France.
«Genève ou Lausanne, ce sont des supermarchés pour nos bandes: les particuliers sont plus aisés et prennent moins de précautions», constate un inspecteur de la police de Vaulx-en-Velin (39 000 habitants), l’une des cités les plus chaudes de la région lyonnaise. Le mois dernier, la ville a subi 35 dégradations majeures. «C’est une baisse de 62 pour cent par rapport à l’année dernière», souligne le policier.
Ian Hamel

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