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Retour en fanfare du vainqueur du marathon de Tokyo

Keystone

A son retour en Suisse, Viktor Röthlin a raconté comment il a surmonté de nombreux problèmes avant de remporter le marathon de Tokyo. Interview.

L’athlète suisse, médaillé de bronze des Championnats du monde 2007, a désormais les yeux fixés sur les Jeux olympiques d’été de Pékin.

Une grappe de fans et des cloches de vaches attendaient l’athlète à son arrivée, dimanche à l’aéroport de Zurich, une semaine après sa victoire à Tokyo.

En signant un temps de 2h07’23, Viktor Röthlin a amélioré son record suisse de près d’une minute et pris la troisième place du classement mondial 2008 du marathon.

swissinfo: Dans quel état d’esprit revenez-vous de Tokyo?

Viktor Röthlin: Derrière ce succès, il y a une histoire incroyable. La préparation ne s’est pas déroulée comme prévu. Je suis tombé malade à la fin novembre et suis resté deux semaines au lit. Puis je suis allé au Kenya, comme chaque année. Mais j’ai dû interrompre mon entraînement à cause des problèmes politiques. Et malgré tout ça, j’ai fini par gagner l’un des plus importants marathons dans un pays qui est fanatique de course à pied!

swissinfo: Que s’est-il passé au Kenya?

V. R.: Nous sommes arrivés le jour de l’élection présidentielle. Tout était calme jusqu’à ce qu’on proclame la victoire de Mwai Kibaki. Là, les troubles ont commencé. Je séjournais dans une région peuplée par une tribu rivale, et les opposants ont commencé à brûler des maisons et à tuer des gens. Je n’ai jamais été en danger, mais il y avait la question du carburant, et nous étions à 350 km de l’aéroport de Nairobi. Finalement, nous avons pu partir sans problème.

swissinfo: Mais cela ne vous a pas empêché d’être en forme pour la course?

V. R.: Je n’avais rien à perdre. J’avais déjà ma qualification pour les Jeux olympiques et c’est peut-être ce qui m’a libéré. Je pouvais prendre des risques et la course a été parfaite… J’ai gagné avec plus d’une minute d’avance sur les autres. C’était incroyable de battre mon propre record de 57 secondes.

swissinfo: Vous envisagez donc avec confiance les Jeux d’été à Pékin?

V. R.: C’est le grand but de ma vie et, peut-être, de ma carrière, et cette victoire m’encourage beaucoup pour y aller. Mais, bien sûr, il y aura aussi beaucoup de pression. Comme toujours, ce sera un nouveau jeu, avec vingt à vingt-cinq gagnants potentiels et vous, vous devez être dans un bon jour, avoir beaucoup de chance et garder l’esprit clair pour faire une médaille.

swissinfo: Vous venez de passer quelques jours à Pékin. Quelles sont vos impressions?

V. R.: C’était très important pour moi de commencer ma préparation pour ces Jeux et de vérifier tout ce que j’avais pu entendre… Maintenant je sais à quoi m’attendre et je peux me préparer mentalement.

Le parcours est très simple, plutôt droit et sans beaucoup de virages. D’autre part, la pollution de l’air rend les choses intéressantes. Vous la sentez, mais pas tous les jours. Il faut donc se préparer à différentes situations. Nous espérons que le niveau de pollution sera maintenu au plus bas. Et puis, en été, cela doit être moins grave qu’en hiver, à cause du chauffage.

swissinfo: Le marathon est une discipline très exigeante. Quelles qualités faut-il?

V. R.: Beaucoup d’endurance, bien sûr… mais il ne suffit pas de faire marcher son corps, il faut beaucoup travailler son mental, et c’est ça qui rend le marathon si intéressant.

swissinfo: Vous devez donc vous battre contre vous-même?

V. R.: Oui vous devez savoir d’entrée à quelle vitesse vous pouvez atteindre la ligne d’arrivée. Au début, vous vous sentez comme un petit garçon, vous pourriez même courir plus vite, mais ce ne serait pas bon pour la fin. Et pendant ces deux heures, vous vivez toute une vie, de l’enfant au vieil homme à l’arrivée! Il faut pour cela faire un travail mental pour ne pas pousser trop au départ, rester calme et essayer de terminer en bonne position.

Interview swissinfo: Isobel Leybold-Johnson
(Traduction de l’anglais: Isabelle Eichenberger)

Agé de 33 ans, il vit à Kerns, en Suisse centrale.

Il est coureur professionnel depuis 2006 et est aussi physiothérapeute diplômé.

Il a développé son propre système d’entraînement, appelé «Vicsystem», soit deux courses et une série d’exercices chaque jour. Ce qui correspond à quelque 250 km par semaine.

Le record personnel de Viktor Röthlin en marathon est de 2h07’23 (Tokyo 2008), un record national. Un marathon fait en général 42,195 km.

Viktor Röthlin est actuellement 3e du classement mondial 2008, derrière le détenteur du record mondial, l’Ethiopien Haile Gebrselassie, et le Kenyan Isaac Wanjohi Macharia. En 2007, seuls 10 athlètes ont fait mieux que Röhtlin à Tokyo.

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