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Un Festival pour rappeler les droits humains

Il y a un an, Sergio Vieira de Mello inaugurait «son» festival avec la chanteuse Barbara Hendricks. Sergio Vieira de Mello

Genève, dépositaire des Conventions du même nom, offre le 2e Festival international du film sur les droits humains contre l’indifférence et pour réveiller les consciences.

En ouverture, hommage à son parrain Sergio Vieira de Mello, tué à Bagdad.

Né sous l’impulsion de cinéastes, d’universitaires et de membres d’ONG, le 2e Festival international du film sur les droits humains (FIFDH) se tient du 12 au 19 mars dans la cité de Calvin.

En même temps que la 60e session de la Commission des droits humains des Nations unies, qui siège du 15 mars au 23 avril.

Le festival vise à «dénoncer toutes les violations des droits de l’homme, où qu’elles aient lieu», rappelle son directeur général Léo Kaneman.

«Nous sommes libres, nous ne sommes pas une institution publique, nous ne défendons les intérêts de personne», précise-t-il à swissinfo.

Chaque film présenté aborde un thème précis, qui donne lieu à un débat après la projection. Avec ce mot d’ordre: «montrer, informer, dénoncer», indique Léo Kaneman.

Qui ajoute que, l’année dernière, la première édition a attiré 6000 festivaliers, un succès.

Carla Del Ponte et Jean Ziegler

Sur 400 films visionnés, dix ont été retenus pour la compétition 2004. La plupart sont inédits en Suisse. «L’urgence de la thématique abordée et la qualité de la réalisation forment les principaux critères de sélection», explique M. Kaneman.

De nombreux autres films, récents ou plus anciens, sont montrés en marge de la sélection officielle.

La question de la légitimité des interventions internationales ou de l’absence d’intervention, est abordée à travers plusieurs réalisations évoquant notamment l’Irak, le génocide au Rwanda ou la situation au Moyen-Orient.

D’autres films traitent des nouvelles formes d’esclavage ou du droit à l’alimentation.

Plusieurs personnalités oeuvrant pour la communauté internationale sont venues apporter leur analyse aux débats.

Parmi elles, la procureure du Tribunal international de La Haye Carla Del Ponte, le rapporteur spécial de l’ONU pour le droit à l’alimentation Jean Ziegler et le général Roméo Dallaire, commandant de la mission d’observation des Nations unies au Rwanda en 1993-1994.

Ou encore l’écrivaine et journaliste russe, Anna Poliktovskaïa, venue dénoncer les atrocités commises en Tchétchénie par le gouvernement Poutine.

«Il y a certaines choses, comme la lâcheté des grandes puissances qui se taisent à propos de la Tchétchénie, dont on ne parle pas ouvertement à la Commission des droits de l’homme de l’ONU, mais dont on parle ouvertement dans notre festival», souligne Léo Kaneman.

Hommage au Haut commissaire

Deux prix viendront couronner les meilleures réalisations. Dotée de 10’000 francs et offerte par l’Etat de Genève, la récompense principale, qui a distingué l’an dernier le film indien «Joginis», a été rebaptisée «Grand Prix Sergio Vieira de Mello».

La mémoire de l’ancien Haut commissaire aux droits de l’homme des Nations unies, qui avait soutenu la création du festival avec enthousiasme, a ainsi été honorée lors de la soirée d’ouverture.

Construit à partir d’entretiens avec ses proches collaborateurs, le film «Mission impossible» rendra hommage au diplomate tué en août 2003 dans l’attentat contre le siège de l’ONU à Bagdad.

Différents intervenants sont venus rappeler que Sergio Vieira de Mello est tombé pendant sa mission «impossible» de rétablir la démocratie en Irak, dans une situation précaire et après une guerre que l’ONU s’était refusée à légitimer.

«Avec cet attentat, l’ONU a perdu son innocence», déclare ainsi l’un des protagonistes du film. Des paroles dures, mais pas pour la veuve du Haut commissaire.

«J’aurais aimé entendre des mots encore plus forts pour condamner ces pays qui, même membres de l’ONU, n’en respectent pas la volonté. Les membres de cette organisation ont signé un contrat et devraient le respecter non seulement en paroles, mais en action», déclare-t-elle à swissinfo.

swissinfo, Rafaella Rossello, Genève
(Traduction: Isabelle Eichenberger)

Le 2e Festival international du film sur les droits humains du 12 au 19 mars, à la Maison des arts du Grütli de Genève.
En 2003, la première édition a attiré 6000 festivaliers.

– Sur 400 films visionnés, dix ont été retenus pour la compétition 2004. De nombreux autres films sont présentés en marge du festival.

– Deux prix couronnent les meilleurs: doté de 10’000 francs par l’Etat de Genève, la récompense principale, a été rebaptisée «Grand Prix Sergio Vieira de Mello».

– Le jury international est composé de la directrice de France Culture Laure Adler, du cinéaste mauritanien Abderrahmane Sissako et du président d’Action contre la faim Jean-Christophe Rufin.

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