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L’armée achètera bien des drones israéliens pour 250 millions

(Keystone-ATS) L’armée suisse achètera des drones israéliens pour 250 millions de francs. Le Conseil des Etats s’est rallié lundi au National par 30 voix contre 12. Une minorité de gauche, qui invoquait notamment les droits humains, n’est pas parvenue à biffer cette acquisition.

La défense nationale s’équipera de six drones d’exploration non armés, du type Hermes 900, auprès du fabriquant israélien Elbit. Ces engins saisissent des images de la situation et identifient les cibles en cas de combat. Ils entreront en activité après la réforme du dispositif actuel.

La flotte se destine à l’usage du Corps des garde-frontières. “Ce n’est pas un modèle de combat, mais il joue le rôle d’éclaireur. Nous n’avons pas l’intention de l’armer”, a précisé le ministre de la défense Ueli Maurer.

Pas de l’Etat, mais d’un privé

La majorité a balayé les inquiétudes liées aux agissements de l’Etat d’Israël dans les Territoires palestiniens. Le fabriquant n’est pas l’Etat, mais une entreprise privée, a insisté Ueli Maurer.

S’il est vrai que la Suisse neutre n’a pas le droit de soutenir un autre pays en guerre, donc de vendre du matériel militaire à Israël, la situation est différente en cas d’importations. “Il n’y a pas de problèmes du point de vue des droits humains”, a affirmé le conseiller fédéral.

Au niveau humanitaire, “il est vrai que l’Etat hébreu tue des civils”, a-t-il reconnu. Mais il faut considérer qu’il doit se défendre contre des assaillants qui se cachent parmi la population civile. Si nous n’achetions pas ces drones, il s’agirait de boycott”, a ajouté le Zurichois.

“Nos drones actuels proviennent eux aussi d’Israël, donc devrions-nous arrêter de les utiliser?”, a interrogé le sénateur Isidor Baumann (PDC/UR) au nom de la majorité. L’armée a besoin de ces appareils, qui “d’ailleurs remplissent au mieux tous les critères de qualité pour un prix avantageux, afin d’assurer la surveillance aérienne de notre territoire”.

Drone testé dans la bande de Gaza

“Israël ne respecte pas les droits des populations, parfois avec des moyens extrêmement violents”, a argumenté Luc Recordon (Verts/VD) au nom de la minorité. La Suisse est dépositaire des Conventions de Genève, que l’Etat hébreu viole en partie. “Cette affaire est donc aussi mauvaise pour notre image.”

Tel-Aviv a utilisé ce drone dans l’attaque de la bande de Gaza en 2014, a complété Géraldine Savary (PS/VD). L’entretien des machines sera effectué non seulement en Suisse, mais aussi par le producteur sur place. La Confédération créera donc une relation à long terme avec une société proche de l’armée israélienne.

Plus loin, comme leur commission, les sénateurs ont refusé de donner suite à une pétition contre l’achat de ces appareils “made in Israel” par 25 voix contre 13 et 7 abstentions. Déposé par le mouvement Boycott-Désinvestissement-Sanctions (BDS-Suisse), le texte demandait que la Confédération renonce à l’opération commerciale.

Programme “bis” à 874 millions

Le programme d’armement 2015 ne se limite pas aux drones. Le gouvernement souhaite se procurer des simulateurs de tir de nouvelle génération pour le fusil d’assaut 90 (21 millions), et des véhicules légers tout-terrain destinés aux systèmes techniques (271 millions). La facture atteint donc 542 millions, nettement approuvée au vote final.

Et ce ne sera pas tout cette année. Le Conseil fédéral a en effet soumis en août un plan d’achats complémentaire devisé à 874 millions de francs, poussant la note globale à 1,416 milliard de francs, à étaler de 2016 à 2022. En terme financier, les programmes d’armement de 2014 (771 millions) et de 2013 (740 millions) restent loin derrière.

La cause est à chercher du côté du refus du peuple d’acheter les avions de combat Gripen. La droite du Parlement, qui n’a pas digéré que le Conseil fédéral veuille affecter à d’autres départements les 800 millions économisés avec le jet suédois, a exigé d’étoffer la liste de commandes pour cette année.

Dans le cadre du programme complémentaire, la modernisation de 2220 camions légers tout-terrain forme la plus grosse dépense. La prolongation de leur durée d’utilisation jusqu’en 2040 reviendra à 558 millions.

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