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La tragédie de Grenfell, à Londres, due à “une culture de la non-conformité”

Le revêtement extérieur de la tour Grenfell, non-conforme aux réglementations, serait responsable de la propagation rapide du feu (archives). KEYSTONE/AP/FRANK AUGSTEIN sda-ats

(Keystone-ATS) Une “culture de la non-conformité” des équipements de l’immeuble est responsable de la catastrophe de la tour Grenfell, à Londres en juin 2017. Des experts ont présenté lundi leur rapport dans le cadre de l’enquête publique sur l’incendie qui a fait 72 morts.

“Le nombre d’éléments non-conformes observés montre l’existence d’une culture de la non-conformité à la tour Grenfell”, a affirmé l’une des expertes, Barbara Lane, mandatée dans la cadre de l’enquête publique sur l’incendie de l’immeuble. Le feu était parti d’un congélateur défectueux au quatrième étage avant de se propager à grande vitesse au reste du bâtiment.

“Je n’ai trouvé aucune preuve que les membres des équipes de conception ou de construction avaient déterminé la résistance au feu des matériaux du revêtement anti-pluie” installé sur le bâtiment, a écrit Barbara Lane.

Les pompiers, les équipes de contrôle de la sécurité du bâtiment ou l’organisme de gestion de cet immeuble HLM n’étaient pas non plus informés des performances de ce matériel. De plus, celui-ci n’était pas conforme aux réglementations en vigueur au Royaume-Uni, d’après le rapport.

Issue de secours enfumée

Barbara Lane a pointé la responsabilité du revêtement dans la propagation rapide du feu. Sur la façade extérieure, les flammes apparues au quatrième étage à 01h14 ont atteint le vingt-troisième étage douze minutes plus tard.

Le caractère inflammable du revêtement a rendu inopérante, selon elle, la stratégie des pompiers. Ils ont d’abord demandé aux habitants de rester confinés dans leurs appartements, avant de finalement procéder à l’évacuation de la tour, à partir de 2h47.

La seule issue de secours, via l’escalier intérieur, était enfumée dès 01h40. “En cas d’installation d’un revêtement anti-pluie inflammable sur une haute tour d’habitation, il n’est pas raisonnable, selon moi, d’attendre des pompiers qu’ils puissent éteindre intégralement un incendie”, a-t-elle souligné.

Pompiers ralentis

Elle a également pointé la faible performance des portes anti-incendie, qui a “contribué significativement à la diffusion des fumées et du feu dans les parties communes”. Elle peut ainsi avoir “réduit la volonté des habitants à s’échapper”.

Dans l’immeuble, 106 des 120 portes d’entrée d’appartement avaient été remplacées en 2011. Aucune d’entre elles n’avait été jugée conforme lors des tests anti-incendie réalisés lors de leur installation.

Un nombre indéterminé de portes dans les parties communes ne se sont pas fermées automatiquement pour limiter la propagation des fumées et des flammes, a également mis en avant Barbara Lane. Cela a ralenti la progression des pompiers et les a obligés à être équipés d’appareils respiratoires, limitant leur temps d’intervention auprès des résidents.

Long chemin vers la justice

Au total, cinq rapports d’expertise ont été présentés lundi. L’enquête publique s’attache à déterminer les causes de la tragédie, après avoir auditionné les proches des victimes pendant deux semaines.

“C’est le début d’un long chemin vers la justice”, a souligné Grenfell United, la principale association rassemblant les anciens habitants de la tour. “La tragédie a détruit nos vies et nos communautés. Ce qui la rend encore plus difficile est de savoir que ces morts étaient évitables”.

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