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Le prix Vaclav Havel du Conseil de l’Europe au Russe Oïoub Titiev

Le Russe Oïoub Titiev a été honoré à Strasbourg par le prix Vaclav Havel. Il a été arrêté en janvier dernier et accusé de détention de cannabis en Russie (archives). KEYSTONE/AP/MUSA SADULAYEV sda-ats

(Keystone-ATS) Le Russe Oïoub Titiev a été honoré lundi à Strasbourg par le prix Vaclav Havel de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe. Il est président de l’antenne tchétchène de Mémorial, une Organisation non gouvernementale de défense des droits de l’homme.

Ce prix est doté de 60’000 euros (68’000 francs). Il récompense un “éminent défenseur des droits humains”, qui “a dénoncé les abus commis par les forces de l’ordre et les autorités locales” en Tchétchénie, a indiqué la présidente de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE), la conseillère aux Etats Liliane Maury Pasquier (PS/GE).

“Ce prix est une manifestation de reconnaissance par rapport au travail que lui-même et Memorial mènent, c’est aussi un message à toutes celles et ceux qui travaillent dans cette région pour affirmer les principes de l’Etat de droit et des droits humains: continuez votre action”, a poursuivi la présidente de cette assemblée. Celle-ci rassemble plus de 300 parlementaires des 47 pays membres du Conseil de l’Europe.

“Arrestations arbitraires”

Memorial, la plus ancienne ONG russe de défense des droits de l’Homme, a été créée en 1989. Elle subit depuis de nombreuses années une pression constante des autorités russes.

Oïoub Titiev, 61 ans, son responsable en Tchétchénie, république russe du Caucase, a été arrêté en janvier par la police qui affirme avoir découvert dans sa voiture de la drogue, placée selon lui à son insu. Actuellement jugé à Grozny, il risque jusqu’à 10 ans de prison.

“Dans ma patrie, en Tchétchénie, cela fait longtemps que les arrestations arbitraires sont devenues systémiques”, a dénoncé M. Titiev dans un message lu en russe, dans l’hémicycle de l’APCE à Strasbourg, par Alexandre Tcherkassov, responsable de Memorial. “Tout ce travail de défense des droits de l’Homme en Tchétchénie et en Russie doit se poursuivre et la communauté internationale peut nous y aider”, a plaidé Oïoub Titiev dans son message.

Droits de vote suspendu

Membre du Conseil de l’Europe, la Russie est en pleine crise avec l’organisation intergouvernementale de défense des droits de l’Homme et de la démocratie. En guise de condamnation à l’annexion de la Crimée en 2014, l’APCE avait suspendu les droits de vote de ses 18 parlementaires russes et en réaction, la Russie a décidé d’arrêter de verser sa participation au budget du Conseil de l’Europe.

Les parlementaires de l’APCE doivent justement débattre mardi d’un éventuel changement de règles, qui pourraient permettre une sortie de crise avec Moscou.

Créé en 2013, le Prix Václav-Havel récompense des actions exceptionnelles de la société civile dans la défense des droits de l’Homme. En 2016, il avait été décerné à Nadia Murad, ex-esclave yazidie du groupe État islamique, qui vient de recevoir le Prix Nobel de la Paix, et en 2017, à Murat Arslan, magistrat turc emprisonné dans le sillage des purges ayant suivi le coup d’État manqué de juillet 2016.

Pour 2018, outre Oïoub Titiev, deux autres candidats avaient été présélectionnés pour recevoir le Prix Václav-Havel: la militante cubaine Rosa Maria Paya, présente lundi à Strasbourg, et le défenseur des droits de l’Homme à Bahreïn, Nabeel Rajab, en prison depuis 2016.

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