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Les 1% des Suisses les plus riches devraient passer à la caisse

L'élite des plus riches qui ne tirent leur profit que de revenus du capital est dans le viseur des initiants. KEYSTONE/PETER KLAUNZER sda-ats

(Keystone-ATS) Près de 5 à 10 milliards de francs pourraient être redistribués aux petits et moyens revenus. La Jeunesse socialiste veut mettre à contribution les 1% des Suisses les plus riches. Elle a lancé la campagne pour son initiative 99% par un “happening” mercredi à Berne.

La Jeunesse socialiste (JS) avait déjà tenté la veille de camper devant la maison de Magdalena Martullo-Blocher – pour lui faire rendre ses millions de dividendes qui ne sont imposés qu’à 60%, selon Tamara Funiciello. Sur la Place fédérale, la présidente de la JS était entourée de 98 autres personnes attablées en ligne.

Parmi ces “représentants de la population” figuraient aussi des politiciens comme le conseiller national Samuel Bendahan (PS/VD) ou la conseillère municipale genevoise socialiste Olga Baranova ainsi qu’un pasteur qui a cité l’Evangile en soutien à l’initiative.

Dans leur viseur, l’élite des plus riches qui ne tirent leur profit que de revenus du capital alors que 99% de la population trime. “Il est inacceptable que des gens doivent travailler tous les jours afin d’obtenir un revenu là où d’autres n’ont pas à lever le petit doigt pour se retrouver à baigner dans l’argent”, a lancé Tamara Funiciello.

Imposer à 150%

Pour assurer une meilleure redistribution des richesses, l’initiative populaire “Alléger les impôts sur les salaires, imposer équitablement le capital” vise à imposer à 150% les parts du revenu du capital supérieures à un montant défini par la loi.

Les intérêts et dividendes ainsi que les revenus nets provenant des loyers seraient par exemple concernés. Pas question en revanche de taxer davantage les pensions du deuxième et du troisième pilier. Pour éviter de s’en prendre aux petits épargnants, les initiants proposent de fixer le seuil à partir duquel l’imposition plus forte prévaut à 100’000 francs.

Par exemple, si une personne détient 5,1 millions de revenus du capital imposable, on retirerait d’abord les 100’000 francs. Les 5 millions restants seraient multipliés par 1,5, soit un total de 7,5 millions. Au final, la personne devrait être imposée sur 7,6 millions et non plus 5,1 millions.

Redistribuer

Des recettes supplémentaires de 5 à 10 milliards de francs pourraient être retirées par l’Etat. Elles serviraient à réduire l’imposition des personnes disposant de petits ou moyens revenus du travail ou à des paiements de transfert en faveur de la prospérité sociale.

Il s’agirait par exemple de faire bénéficier ces classes sociales de l’exemption des primes maladie ou d’un coup de pouce pour payer les crèches ou les soins fournis par Spitex.

“L’argent ne travaille pas”

La Jeunesse socialiste défend son action sous le slogan “l’argent ne travaille pas, nous oui”. Les riches sont de plus en plus riches. En 2013, les personnes de la classe la plus élevée possédaient 485 milliards de francs.

“Des propriétaires immobiliers touchent des milliers de francs sans avoir fait quoi que ce soit pour le mériter. Des actionnaires majoritaires perçoivent des dividendes et gagnent des fortunes sans jamais devoir travailler à cette fin”, s’est indignée Yvonne Apiyo Brändle Amolo, médiatrice culturelle.

Et pendant ce temps, l’enseignante, le jardinier, l’agente de train, l’infirmier ou la boulangère se demande comment boucler ses fins de mois, comment faire garder son enfant, comment payer ses primes d’assurance maladie et si elle recevra une rente décente, a poursuivi la présidente de la JS.

Selon Samuel Bendahan, la richesse créée sans travail mais souvent grâce à la collectivité doit profiter à tous. L’initiative se veut aussi un outil de lutte contre la concurrence fiscale menée par la Suisse et accusée de vider les caisses de l’Etat au détriment de la formation, de la santé ou de la sécurité.

Soutiens du PS

La Jeunesse socialiste peut compter sur l’appui d’autres politiciens de gauche. Le président du PS Christian Levrat est ainsi membre du comité d’initiative tout comme, autre Romand, le conseiller national Mathias Reynard (PS/VS).

Ils partagent avec Tamara Funiciello leur opposition victorieuse contre la 3e réforme de l’imposition des entreprises. La présidente de la JS a aussi cité mercredi l’échec de la réforme de la prévoyance vieillesse parmi les succès motivant sa poursuite de l’offensive.

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