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Les paysans tirent un bilan en demi-teinte sur les prix du lait

La plupart des acheteurs de lait doivent encore faire des efforts, selon l'Union suisse des paysans (USP), qui pointe notamment des déductions injustifiées sur le prix du lait (image symbolique). KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT sda-ats

(Keystone-ATS) Certains acheteurs de lait ont réduit les déductions injustifiées, “les choses ont bougé”, estime l’Union suisse des paysans. Elle lance un appel aux détaillants et veut sensibiliser le public par des exemples concrets, en donnant la parole aux producteurs.

“Un premier pas dans la bonne direction a été accompli début juillet”, a constaté à Berne mercredi l’Union suisse des paysans (USP) à l’occasion d’un bilan sur les prix du lait au début du mois. Cependant, des écarts parfois énormes subsistent encore par rapport aux prix indicatifs.

L’organisation pointe aussi des déductions injustifiées, un manque de transparence et des différences importantes entre les acheteurs. “Il y a encore des efforts à faire” de leur côté.

“Beaucoup de producteurs ne peuvent pas couvrir leurs coûts de production avec la paie du lait et vivent sur leurs réserves”, poursuit l’USP. Les acheteurs de lait sont priés de “procéder aux adaptations qui s’imposent.”

Pour combler les lacunes existantes, l’organisation veut mettre à contribution les transformateurs et le commerce de détail. Dans l’intérêt d’un approvisionnement durable et équitable, le second doit créer les conditions permettant à tous ses fournisseurs de payer aux producteurs de lait les prix indicatifs fixés en commun, soulignent les paysans.

Moins que le prix de l’eau

L’organisation veut faire un nouveau bilan en août. Jusqu’à cette nouvelle échéance, elle a résolu de montrer, à travers des exemples, les conséquences du manque à gagner pour les familles paysannes.

La valeur ajoutée est insuffisante pour permettre aux producteurs de vivre de leur métier, ce qui pousse de nombreux agriculteurs à abandonner. Pierre-André Grandgirard, agriculteur de Cugy (FR), a présenté sa situation lors d’un point de presse mercredi.

“Quand le seuil psychologique des 50 centimes à été franchi”, il a pris cette décison douleureuse de cesser la production de lait. “Comment se motiver chaque matin à se lever pour produire du lait pour un prix inférieur à celui de l’eau en bouteille?”, demande le paysan broyard. Les dernières vaches quitteront sa ferme au printemps 2018.

Son collègue bernois, Stefan Schafroth, semble résolu à continuer et il a même procédé à de modestes investissements l’année passée. Mais il avoue sa perplexité: “Je ne sais pas ce qu’il faut dire aux jeunes, les encourager dans cette voie?”

Lait à 65 centimes

Les producteurs de lait et l’USP ont demandé début juin que les acheteurs relèvent les prix effectifs au minimum au prix indicatif actuel fixé en commun de 65 centimes par kilo dès le 1er juillet. Pour le lait de centrale, transformé en lait de consommation, beurre, crème ou yaourt, de nombreux producteurs ne reçoivent pas le prix indicatif fixé par l’Interprofession du lait (IP Lait).

Des écarts qui ne sont pas toujours expliqués ou justifiés. De plus, ces acheteurs procèdent à des “déductions radicales” sous prétexte du franc fort, de la loi chocolatière ou de la défense contre les importations, assuraient alors les deux organisations.

IP Lait établit des prix indicatifs graduels selon la loi sur l’agriculture. Le prix le plus élevé est payé pour le lait qui va au marché suisse protégé. La production de lait subventionnée ne doit pas excéder ce dont le marché a besoin.

“Les paysans ont déjà réagi et procédé à toute une série de mesures pour réduire les quantités”, a déclaré Hans Frei, vice-président de l’USP lors d’un point presse mercredi. Or l’USP en est convaincue, l’avenir passe par des prix équitables, autant que par la quantité.

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