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Les syndicats suisses défendent la protection des salaires à Bruxelles

Sous la houlette d'Adrian Wüthrich (photo), président de Travail.Suisse, une délégation syndicale helvétique a rencontré Joost Korte, directeur général de la direction générale Emploi, affaires sociales et inclusion de la Commission européenne, mercredi à Bruxelles (archives). KEYSTONE/MARCEL BIERI sda-ats

(Keystone-ATS) Les syndicats suisses sont allés défendre leur position mercredi à Bruxelles. Les mesures d’accompagnement destinées à protéger les salaires et les conditions de travail en Suisse ne doivent pas être soumises à un accord-cadre entre la Suisse et l’UE, ont-ils rappelé.

Sous la houlette d’Adrian Wüthrich, président de Travail.Suisse, une délégation syndicale helvétique a rencontré Joost Korte, directeur général de la direction générale Emploi, affaires sociales et inclusion de la Commission européenne. Dans une réunion très technique, ils ont beaucoup discuté des mesures d’accompagnement et de la protection des salaires.

Inclure ces mesures d’accompagnement dans un accord-cadre institutionnel avec l’Union européenne (UE) n’est “en aucun cas” une option pour les syndicats suisses, a déclaré M. Wüthrich. “Chaque coup de griffes porté aux mesures d’accompagnement” remet en question l’accord-cadre et donc la voie bilatérale, a-t-il affirmé après la réunion.

Egalement présent à la rencontre, Luca Cirigliano de l’Union syndicale suisse (USS) a insisté sur le fait que “les lignes rouges sont toujours là et sont encore bien rouges”.

Eviter le dumping salarial à tout prix

Bruxelles critique depuis longtemps les mesures d’accompagnement qui protègent les travailleurs suisses de la sous-enchère salariale et des conditions de travail abusives. La Commission européenne ne remet pas en question le fondement même de ces mesures, mais uniquement certaines règles qui de son point de vue vont trop loin.

La procédure, qui oblige les prestataires de services européens à annoncer leurs employés aux autorités suisses huit jours avant le début de l’activité, est par exemple dans le viseur de l’UE. Selon Bruxelles, elle viole l’accord sur la libre circulation des personnes.

M. Wüthrich craint que ce point précis devienne la proie facile des opposants en cas de référendum sur un accord-cadre institutionnel négocié avec l’UE. Ce n’est même plus seulement dans l’intérêt des syndicats, mais plutôt et surtout dans l’intérêt du maintien de la voie bilatérale, justifie-t-il.

Par conséquent, selon lui, la promesse politique de protéger les salaires et les conditions de travail, qui avait été faite au moment de la conclusion des accords bilatéraux, doit absolument être tenue. C’est le seul moyen d’obtenir “le soutien des travailleurs suisses”, souligne-t-il.

Il y a du progrès

Dans les négociations institutionnelles en cours, Bruxelles et Berne concordent sur la nécessité de lutter contre les abus potentiels de manière adéquate, mais divergent sur la question de savoir si et comment ces mesures d’accompagnement doivent être adaptées. L’UE préférerait que la Suisse adopte la directive européenne sur les travailleurs détachés au lieu des mesures d’accompagnement, qui protège aussi contre le dumping salarial et social.

Interrogé à ce sujet, M. Wüthrich salue l’effort de l’UE et le “pas effectué en direction de la Suisse” avec la directive récemment renforcée sur les travailleurs détachés. “C’est un progrès”, admet-il. Mais la protection salariale en Suisse reste cela dit toujours plus élevée qu’en Europe, rappelle-t-il.

Le président de Travail.Suisse rappelle aussi que les syndicats suisses ont reçu de nombreux messages de solidarité de la part d’autres associations syndicales européennes pour leur lutte en faveur des mesures d’accompagnement. Il a notamment cité l’Italie, la France, la Roumanie, la Bulgarie et la Pologne.

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