Des perspectives suisses en 10 langues

Mystérieux squelette: l’Empa au secours des archéologues bernois

Tomographie réalisée par l’Empa: la pièce de monnaie contenue dans la bourse qui présentait la date la plus récente date de 1629. Empa sda-ats

(Keystone-ATS) Des spécialistes des rayons X à l’Empa ont permis de lever un coin du voile sur un squelette du 17e siècle retrouvé à Schüpfen, dans le Seeland bernois. Enterré sur le ventre, l’homme était porteur de pièces de monnaie qui ont pu être identifiées.

Le squelette a été découvert en 2013 lors de la construction d’un garage souterrain. Il se trouvait un peu à l’écart de 342 autres squelettes enterrés sur ce site entre le 8e et le 17e siècle, sur le ventre, le visage tourné vers le bas, une position inhabituelle, a indiqué le Laboratoire fédéral d’essai des matériaux et de recherche (Empa).

D”autres indices, un couteau et plusieurs pièces de monnaie corrodées – le reste d’une bourse – trouvés juste à côté du squelette, renforçaient l’hypothèse que cet homme n’est pas mort dans des circonstances normales.

Les pièces de monnaie fournissent souvent des indications précieuses. C’est pourquoi les archéologues désiraient examiner plus en détail la bourse trouvée dans la région du thorax du squelette. Avec les années, le cuir s’était décomposé et les pièces s’étaient corrodées en un seul bloc.

Les tentatives de radiographie classique du bloc de pièces n’ayant rien donné, les archéologues bernois se sont adressés à Mathieu Plamondon, un spécialiste des rayons X à l’Empa. “Ce bloc n’était pas très volumineux mais il absorbait très fortement le rayonnement, c’est pourquoi il fallait faire appel à une source de rayons X particulièrement puissante”, explique M. Plamondon, cité dans le communiqué.

Les monnaies ont donc été soumises au tomographe X le plus récent dénommé μDETECT. Seul deux ou trois autres laboratoires en Europe disposent d’un appareil similaire dont le pouvoir de résolution atteint le domaine du micromètre.

Un commerçant en voyage

Les radiographies ont fourni des images d’une qualité étonnante. En coupe, on discerne 24 minces pièces de monnaie, certaines formées de deux métaux différents. Le spécialiste de l’Empa a ensuite redressé virtuellement les images. Et même si les pièces étaient fortement corrodées, la frappe est apparue.

La pièce la plus récente porte la date de 1629. L’homme a donc dû être enterré après cette date. Il s’agit peut-être d’un commerçant en voyage, selon les chercheurs, car sa bourse contenait des pièces des régions de Fribourg–Berne-Soleure, Bâle–Fribourg-en-Brisgau et Lucerne–Schwyz. Chacune de ces régions possédait alors sa propre monnaie.

S’agissant de menue monnaie, il est peu vraisemblable que quelqu’un ait volé les pièces de valeur et remis le reste dans la bourse du mort. Ce qui rend peu vraisemblable un acte de brigandage.

Mais un meurtre pour d’autres raisons, par exemple par vengeance, ne peut pas être exclu. Ce qui s’est réellement passé et pourquoi cet homme a été inhumé de cette façon restera probablement pour toujours une énigme.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision