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Prison avec sursis contre l’ex-électricien de Picasso

(Keystone-ATS) L’ex-électricien de Picasso et son épouse ont été condamnés vendredi en France pour le recel de 271 oeuvres du maître entreposées pendant 40 ans dans leur garage du sud du pays. Ces oeuvres seront restituées à la famille. Ainsi prend fin une rocambolesque histoire.

Le tribunal correctionnel de Grasse (sud-est) a infligé à Pierre Le Guennec et sa femme Danielle une peine de deux ans de prison avec sursis.

Leur trésor, saisi par la justice et dont la valeur n’a pas été chiffrée, va être remis au fils de l’artiste, Claude Ruiz-Picasso, qui représentait les six héritiers dans cette affaire.

Le couple de retraités septuagénaires a été reconnu coupables de “recel de biens provenant d’un vol”. L’enquête n’a pas permis d’établir formellement l’identité de l’auteur du ou des vols.

Appel envisagé

“On est déçu”, a murmuré M. Le Guennec, arrivé “confiant” au tribunal. “On est des gens honnêtes. Peut-être qu’on ne sait pas parler… On est des petits, on n’a pas un grand nom”, a interjeté son épouse, plus offensive. Leur avocate a indiqué envisager de faire appel.

Les époux Le Guennec ont toujours soutenu que les 271 oeuvres empilées dans un carton durant quarante ans sont un cadeau de Jacqueline Picasso, dernière épouse de l’artiste, fait en 1971 ou 1972 dans son mas de Mougins.

“Elle m’a dit ‘ça c’est pour vous'”, avait relaté M. Le Guennec en février au cours du procès. Il avait expliqué comment, peu impressionné en rentrant chez lui, il avait découvert “en vrac” dans la boîte “des dessins, des esquisses, du papier froissé”, avant de reléguer le tout dans son garage durant quatre décennies.

Fin d’une mystification

“C’était un sacré culot de vouloir nous faire gober cette histoire”, a déclaré vendredi Maya Widmaier-Picasso, fille de Picasso.

“Ces oeuvres n’auraient jamais dû être soustraites de la succession et de l’histoire de l’art”, a estimé son demi-frère, Claude Ruiz-Picasso. Ce dernier, portrait craché de son père, a vu les oeuvres pour la première fois dans son bureau parisien en 2010 lorsque le couple Le Guennec a cherché à les faire authentifier.

Son avocat Jean-Jacques Neuer s’est félicité d’un jugement marquant “la fin d’une mystification et d’une manipulation de l’opinion publique opposant la puissante famille au petit électricien”.

Prévenus dépassés

Au cours du procès, Me Neuer avait présenté M. Le Guennec comme un pion manipulé par des marchands d’art véreux, tentant d’écouler des oeuvres initialement volées par son cousin “Nounours” (ex-chauffeur de Picasso).

Le ministère public avait requis cinq ans de prison avec sursis à l’encontre du couple de retraités de Mouans-Sartoux, près de Grasse, sur la Côte d’Azur. Les époux Le Guennec ont porté préjudice à “la confiance” et à “la mémoire” de Pablo Picasso, avait estimé le procureur Laurent Robert, tout en appelant à une sanction équilibrée pour des prévenus “totalement dépassés”.

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