«Je ferai condamner tous ceux qui me diffament»
Demi-frère du très recherché Oussama Ben Laden, Yeslam Binladin se voit contraint de demander la protection de gardes du corps. Interview.
Homme d'affaires installé à Genève depuis plus de quinze ans, citoyen suisse depuis l'année dernière, Yeslam Binladin (c'est ainsi qu'il orthographie son nom) a fait bloquer en Suisse le livre «Ben Laden, la vérité interdite», qui le mettait en cause. Dans une interview accordée à swissinfo et au Matin Dimanche, le financier évoque les menaces dont il fait l'objet depuis les attentats.
swissinfo: Les relations entre vous, votre avocat Jürg Brand, et les éditions Denoël en France, ont pris des allures de feuilleton entre novembre 2001 et janvier 2002. Que s'est-il passé?
Yeslam Binladin: Pendant des semaines, nous avons eu des discussions avec les auteurs et les éditeurs de «Ben Laden, la vérité interdite». Nous leur demandions d'apporter des corrections aux multiples erreurs qu'ils avaient écrites. Les pourparlers n'ont pas abouti. En fait, la partie adverse n'a cherché qu'à gagner du temps.
A votre demande, la justice genevoise a bloqué la diffusion en Suisse de ce livre. Ne craignez-vous pas que les auteurs, qui parlent «d'atteinte à la liberté d'expression», ne publient des documents compromettants contre vous?
Y.B.: Si les auteurs avaient des documents compromettants me concernant, ils auraient dû les présenter au tribunal pour empêcher que le livre ne soit interdit à la vente en Suisse. Ils n'ont rien car il n'y a absolument rien contre moi. Durant nos pourparlers, ils avaient déjà accepté de modifier plus d'une dizaine de pages du livre. N'est-ce pas la preuve qu'il s'agit d'une étude assez peu sérieuse?
La publication de ce livre a-t-elle modifié votre façon de vivre?
Y.B.: Ce livre m'a fait un tort considérable. Il met ma sécurité physique en danger. Je ne peux plus me déplacer sans être accompagné. Et je compte prendre d'autres dispositions pour mieux assurer ma sécurité. Depuis que mon nom est assimilé à des activités terroristes, je suis l'objet de suspicion, de méfiance. Et cela quotidiennement.
Avant même «La vérité interdite», en 1999 «Les dollars de la terreur» évoquaient d'éventuels liens entre vous et des réseaux terroristes. Pourquoi n'avez-vous pas porté plainte dès cette époque?
Y.B.: Suite aux conseils de mon avocat, je n'avais pas voulu faire de publicité à ce livre. Nous avons eu tort. Pour certains, mon silence tendait à prouver que cet ouvrage disait la vérité. Mais dorénavant, je ferai condamner tous ceux qui me diffament. Ma plainte à Genève démontre que «La vérité interdite» contient quantité de faits erronés.
Ces ouvrages évoquent les nombreuses filiales de votre société genevoise SICO dans des paradis fiscaux. Pourquoi de telles domiciliations?
Y.B.: C'est un mensonge. La société SICO ne possède pas de filiales, ni en Suisse, ni à l'étranger, encore moins dans des paradis fiscaux.
Propos recueillis par Ian Hamel

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