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Alsace: pour les greffés du coeur, le soulagement de la vaccination

En moyenne, les personnes greffées du coeur ont entre 20 et 25% de risque de mortalité s'ils sont infectés par le virus. Le taux est de 0,4% dans la population générale (archives). KEYSTONE/AP/Mary Altaffer sda-ats

(Keystone-ATS) « Cela va nous changer la vie. Au moins, je n’ai plus peur de mourir. » A l’hôpital de Strasbourg, quelque 150 greffés du coeur ou malades en attente de transplantation ont reçu samedi leur deuxième dose de vaccin contre le Covid-19, un soulagement pour ces patients particulièrement vulnérables.

« Quand on a été greffé du coeur, on a déjà failli mourir, alors mourir du Covid derrière, ça serait con », considère une femme âgée de 46 ans, le regard joyeux. « Là je vais enfin pouvoir respirer et me dire que même si je l’attrape, je ne finirai pas en réanimation », poursuit la Mulhousienne, venue ce samedi matin jusqu’au Nouvel hôpital civil (NHC) de Strasbourg recevoir sa deuxième dose de vaccin.

Greffée du coeur en 2014 à l’âge de 40 ans en raison d’une maladie génétique dégénérative, cette mère d’un enfant de 11 ans est restée chez elle « enfermée du 1er mars au 10 juillet » puis de nouveau à partir d’octobre pour se protéger autant que possible d’une contamination au Covid-19. « Si on est vacciné aussi vite, c’est grâce à l’équipe médicale », souligne, reconnaissante, la quadragénaire, responsable de la vie associative à la ville de Mulhouse.

Greffés du coeur ou en attente d’une greffe, les patients se succèdent dans trois salles de consultation chirurgicale pour recevoir leur injection de vaccin Moderna.

20% à 25% de risque de mortalité

« Nous avons organisé cela pour que les patients que nous suivons puissent être vaccinés le plus rapidement possible », explique le Dr Eric Epailly, praticien hospitalier, responsable médical du programme de transplantation cardiaque et cardio-pulmonaire aux Hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS).

La première dose leur a été injectée le 23 janvier, un enjeu vital pour des patients contraints de prendre à vie des médicaments anti-rejet qui les fragilisent face aux infections. « S’ils attrapent ce virus, ils ont entre 20 et 25% de risque de mortalité », souligne le Dr Epailly, à comparer avec les 0,4% dans la population générale.

« Ils vivent dans cette angoisse permanente. Ce sont des patients qui se sont auto-confinés » depuis le début de l’épidémie, ajoute le médecin. « Alors, ça va piquer… et voilà ». En quelques secondes, le Dr Epailly a vacciné un homme âgé de 56 ans. Depuis trois ans, ce cuisinier est sur une liste d’attente pour une greffe coeur-poumon.

« Tant que je n’aurai pas la greffe, c’est de la survie », explique cet homme qui respire à l’aide d’une machine. Epidémie ou pas, « je suis de toute façon plus ou moins confiné, je ne peux plus trop bouger », souffle-t-il. Mais le fait d’être vacciné pourrait apaiser les craintes de ses proches qui redoutent de le contaminer et lui permettre de revoir sa petite-fille.

L’association Cardio-Greffes s’est occupée de contacter les personnes suivies par le service du Dr Epailly pour leur proposer de venir se faire vacciner au NHC. Quelques-unes ont refusé.

Enlever de l’anxiété

Appuyée sur sa canne colorée, une dame âgée de 70 ans, s’avance lentement vers le Dr Epailly. « La première fois, cela s’est bien passé, la deuxième, cela va bien se passer aussi », lui dit-elle, en relevant son pull. Greffée du coeur en 2012 puis d’un rein, elle sort tout juste de cinq semaines de radiothérapie après la découverte d’une tumeur sur son rein de naissance.

Depuis le début de l’épidémie, elle ne sortait plus, ne voyait personne. « C’était dur, mais bon, c’est comme ça, qu’est-ce que vous voulez. (…) Maintenant, ça va, j’ai eu le deuxième (vaccin), je suis contente », dit-elle.

Elle ressort de la salle avec un papier jaune indiquant l’heure de l’injection et doit désormais patienter quinze minutes avant de repartir, pour s’assurer de l’absence de réaction allergique. Le fait d’être vacciné « leur enlève une certaine anxiété, mais ils conserveront bien sûr les mesures barrières jusqu’à ce qu’on en ait fini avec ce virus », explique le Dr Epailly.

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