Aujourd’hui en Suisse
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C‘est l’ouverture du tunnel ferroviaire du Monte Ceneri qui fait l’événement en Suisse. Et pour cause, puisque l’ouvrage d’art marque l’achèvement des Nouvelles Lignes Ferroviaires Alpines, un chantier pharaonique qui aura duré plus de 27 ans et coûté plus de 22,6 milliards de francs suisses.
Les autorités suisses peuvent s’enorgueillir à juste titre de cette réalisation qui donne un coup de fouet au transport ferroviaire de marchandises entre le Nord et le Sud de l’Europe.
Moins glorieux est l’accord policier entre Berne et Pékin, resté dans l’ombre pendant 5 ans jusqu’à sa révélation récente par la NZZ am Sonntag. «Qui mange à la gamelle du diable a besoin d'une longue cuillère», dit le proverbe. Une précaution qui n’est pas toujours suffisante.
Bonne lecture,
Les réactions se multiplient depuis que la NZZ am Sonntag a révélé le 28 août dernier l’existence d’un accord confidentiel entre Berne et Pékin. Un accord policier dont le renouvellement est en cours de discussions.
Conclu en décembre 2015 entre le Secrétariat d’État aux migrations (SEM) et son équivalent au Ministère chinois de la sécurité publique, le texte permet l’octroi d’un visa temporaire à deux experts de l’administration chinoise. A la demande de Berne, ces policiers ont pour mission d’aider le SEM à confirmer la nationalité et l’identité de ressortissants chinois soupçonnés de résider illégalement sur le territoire helvétique, en vue de leur renvoi.
Invité à s’expliquer, le secrétaire d’État aux migrations Mario Gattiker a défendu l’accord, assurant que des garde-fous encadrent cette collaboration. Pas de quoi rassurer les défenseurs des droits de l’homme qui s’inquiètent, en particulier, du sort réservé aux Chinois renvoyés dans leur pays.
Autrement dit, les autorités suisses peuvent-elles faire confiance à leurs homologues chinois, vu la nature opaque du régime? La lecture du dernier livre d’un spécialiste mondialement reconnu du monde chinois permet d’en douter.
Dans son dernier essai Pourquoi l’Europe – Réflexions d’un sinologue, le Genevois Jean François Billeter sort, en effet, désabusé de sa longue et fine expérience de la civilisation chinoise, surtout depuis que Xi Jinping a pris les commandes du pays. «Le régime chinois donne au totalitarisme des traits nouveaux. Il n’annonce plus de révolution. Il se réclame d’une tradition séculaire, qu’il présente comme pacifique. Il parle d’autre part au monde le langage de l’économie, propose des affaires et se crée des obligés qui deviennent des agents d’influence et se chargent d’étouffer la critique autour d’eux», écrit-il, avant d’appeler les démocraties européennes au sursaut.
- Remous autour d’un accord migratoire méconnu entre la Suisse et la Chine (swissinfo.ch)
- On peut se passer des policiers chinois en SuisseLien externe (Le Temps/abonnés)
- «La Chine a fait de moi un EuropéenLien externe», résume Jean-François Billeter à mon confrère Frédéric Koller, à l’occasion de la sortie de son dernier essai en janvier dernier (Le Temps/abonnés)
- Notre Point Fort sur la Chine à l’ONU
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Éclairage sur la définition d’une nouvelle stratégie européenne face à la ChineLien externe (Institut Montaigne, think tank libéral basé à Paris)
Avec l’ouverture du tunnel ferroviaire du Monte Ceneri, la Suisse achève la dernière pièce du projet d’infrastructure le plus titanesque de son histoire récente: les Nouvelles Lignes Ferroviaires Alpines.
«C’est indubitable, les Suisses aiment creuser. En additionnant les plus longs tunnels ferroviaires du pays, on couvrirait aisément sous terre l’entier du territoire, de Chiasso à Bâle. Soit plusieurs centaines de kilomètres», relève mon confrère Daniele Mariani.
L’inauguration du Ceneri achève une aventure d’ingénierie initiée il y a près de trente ans. Le projet des NLFA inclut en effet les tunnels du Lötschberg, du Gothard et du Monte Ceneri. Une réalisation dûment approuvée dans les urnes par les citoyens suisses en 1992.
L’objectif principal des NLFA est de stimuler en Suisse le transfert de la route au rail du trafic marchandise entre le Nord et le Sud de l’Europe. C’est aussi un message aux voisins de la Suisse qui tardent à opérer ce transfert qui permet une conséquente diminution des émissions de CO2 et du trafic des poids-lourds.
- Vingt-huit ans plus tard, la matérialisation de l’ouvrage du siècle (swissinfo.ch)
- Malgré le Ceneri, les trains se traînent encore sur l’axe nord-sud… en Allemagne (swissinfo.ch)
- Le tunnel du Ceneri, dernier grand chantier d’un axe ferroviaire alpinLien externe (LeMonde.fr)
- «Les NLFA ou l’achèvement du chantier du siècle», le Grand Format de nos confrères de la RTSLien externe
La radio publique France Culture s’est penchée sur les communautés pédagogiques qui accueillent, dès 1939, orphelins et enfants sans foyer. Une initiative qui connaîtra une destinée internationale, avec en son cœur le village d’enfants Pestalozzi de Trogen en Suisse.
L’Association Village d’enfants Pestalozzi vit le jour en 1945 et la première pierre fut posée en 1946 à Trogen, dans le canton d’Appenzell Rhodes-Extérieures, raconte le Dictionnaire historique de la Suisse. La même année, des enfants issus de pays ravagés par la guerre emménagèrent dans les premières maisons. Les orphelins européens furent rejoints dès 1960 par des enfants du Tibet, puis de Corée, de Tunisie, d’Ethiopie, du Vietnam, du Cambodge, du Liban et depuis 1983 par des orphelins suisses.
Co-auteur de L’Internationale des républiques d’enfants (1939-1955), l’historien Mathias Gardet raconte à nos confrères de France Culture le contexte et les enjeux de cette aventure: «Au lendemain de la seconde guerre mondiale va se poser la question de la peur de l’endoctrinement qu’ont pu subir certaines jeunesses dans certains pays, notamment dans les pays fascistes: la jeunesse italienne, allemande, japonaise, française aussi. Donc, il y a aussi la volonté de trouver un système éducatif qui va leur réapprendre les bases de la démocratie, de la république.»
- L’émission de France Culture La République, un jeu d’enfant?Lien externe
- L’article du Dictionnaire historique de la SuisseLien externe
- Enfants tibétains pour familles suisses (swissinfo.ch)
«Toucher avec les yeux», c’est le nom du plan de protection Covid qui accompagne l’édition 2020 du Festival Images Vevey, une biennale d’arts visuels qui débute ce samedi sur les bords du lac Léman.
Avec pour thème Le hasard des choses, le festival présente jusqu’au 27 septembre près de 50 installations photographiques. Nombre de ces réalisations sont visibles dans les rues, sur les façades et dans les parcs de Vevey, souvent en format XXL.
Comme à son habitude, le festival réunit des artistes suisses et internationaux, d’Allemagne, d’Italie, d’Espagne, de Grande-Bretagne, du Danemark, des États-Unis, mais aussi de Turquie, de Colombie, du Vietnam, du Japon ou encore de Chine. Parmi les têtes d’affiche figure le plasticien français Christian Boltanski. En plus des nombreuses expositions, la biennale propose des rencontres avec les artistes, des vernissages, des performances des ateliers et des visites guidées.
En cette année de crise sanitaire, les responsables du festival ont concocté une édition «garantissant une expérience artistique de qualité, tout en répondant aux exigences de la situation actuelle». Cela avec le plan «Toucher avec les yeux ».
- Le programmeLien externe du Festival Images Vevey
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Sa présentationLien externe par Stéphane Gobbo, chef de la rubrique culture du journal Le Temps (abonnés)
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