Aujourd’hui en Suisse
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Si dimanche «le peuple suisse a confirmé sa volonté de poursuivre la voie bilatérale avec l’UE, une voie taillée sur mesure pour notre pays», a commenté la conseillère fédérale Karin Keller-Sutter, sa poursuite incarnée par l’accord-cadre entre Berne et Bruxelles se complique, côté suisse.
«Nous sommes prêts à fournir des éclaircissements», a concédé la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. Pas sûr que la marge de manœuvre laissée ainsi au gouvernement suisse permettra à Berne de trouver rapidement un consensus face à la fronde déclenchée depuis lundi contre l’accord-cadre.
Bonne lecture,
Il faudra encore de la patience avant d’aboutir à un accord-cadre institutionnel entre la Suisse et l’Union européenne. C’est l’avis du chercheur Cenni Najy, expert des questions européennes à l’Université de Genève.
Les Suisses ont certes plébiscité la voie bilatérale dimanche en rejetant à quelque 62% l’initiative de limitation de la droite conservatrice. L’UE s’en réjouit, mais presse aussi la Suisse de signer l’accord censé régler les relations à long terme entre Berne et Bruxelles. La Confédération bute toutefois sur certains points qu’elle souhaite éclaircir.
Le gouvernement helvétique aura une tâche complexe, estime Cenni Najy. Il s’agira, selon le chercheur, d’aplanir les nombreuses divisions qui ont émergé ces derniers mois ou dernières années, tant à droite qu’à gauche de l’échiquier politique.
«L’UE n’acceptera pas une renégociation de A à Z parce que la Suisse a des problèmes internes», affirme encore l’expert. Si les négociations piétinent, la conclusion de l’accord sera simplement mise en pause jusqu’à ce qu’un compromis puisse être trouvé.
- L’interview complète de Cenni Najy par ma consoeur Katy Romy
- Notre article sur la votation de dimanche
- Pour le président du PDC, l’accord-cadre avec l’UE est «mort»Lien externe (RTS)
- Incertitude sur le sort du négociateur en chef avec l’Union européenneLien externe (Le Temps/abonnés)
- L’article de ma consoeur Pauline Turuban sur l’impact économique de la libre circulation
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Le site Heidi.news a voulu comprendre les ressorts du mouvement hostile aux mesures sanitaires prises en Suisse face à la Covid-19. Résultat: une enquête en sept épisodes que le site d’information publie tout au long de la semaine.
Pour ce faire, un journaliste a passé deux mois au cœur de cette mouvance très organisée en se faisant passer pour un journaliste sympathisant de leur cause. Une opération sous couverture que Serge Michel, le rédacteur-en-chef du site genevois, défend en préambule de l’enquête.
Car ce mouvement est motivé par de bien sombres desseins qui posent un sérieux défi à la démocratie, en Suisse, comme aux États-Unis dont le président endosse une partie de leurs slogans pour se faire réélire.
Comme le détaille le début de cette enquête, ce mouvement carbure aux théories complotistes les plus folles en agrégeant des adeptes de courants extrémistes de droite, comme de gauche. Un mélange détonnant qui avait déjà conduit l’Europe au désastre dans les années 30 du siècle dernier. L’histoire ne repasse pas les plats, dit-on. Mais les ingrédients des crises passées reviennent souvent pour se déployer ou non dans le contexte du moment. C’est tout l’enjeu qu’éclaire l’enquête de nos confrères d’Heidi.news.
- Au cœur de la complosphèreLien externe, l’enquête menée par Heidi.news (abonnés)
- La version vidéo de l’enquêteLien externe par la télévision locale Léman Bleu, partenaire de l’opération
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La radicalisation du mouvement «anti-masques» en AllemagneLien externe (RTS)
Les relations diplomatiques entre la Suisse et l’Albanie ont 50 ans. Elles ont pu se développer grâce à l’obstination d’un ambassadeur helvétique.
Le 2 octobre 1970, l’ambassadeur suisse à Belgrade, Hans Keller, remet ses «Lettres de créance» au chef d’État albanais, Haxhi Lleshi. Les relations diplomatiques entre la Suisse et l’Albanie ont alors pu se développer et Hans Keller est salué de toutes parts pour son travail de pionnier.
Mais ce diplomate a dû batailler pour en arriver là. Durant la Guerre froide, le gouvernement suisse ne souhaitait pas nouer de relations particulières avec l’Albanie communiste, de peur de choquer l’opinion publique helvétique et de froisser Moscou. Ainsi, jusqu’en 1970, la République populaire d’Albanie est demeurée le dernier État avec lequel Berne n’entretenait pas de contacts officiels.
Des diplomates albanais approchent Hans Keller, à l’époque ambassadeur suisse à Pékin, pour l’informer de leur volonté de tisser des liens avec la Suisse. Hans Keller est transféré à Belgrade en 1967 et se rend à Tirana «à titre privé» en 1969 pour s’entretenir avec le ministre des Affaires étrangères. Il commence alors à tirer des ficelles pour parvenir à développer des relations diplomatiques officielles avec l’Albanie et parvient à ses fins en 1970 en obtenant l’accord du gouvernement suisse.
- Notre article historique sur les relations diplomatiques Suisse-Albanie
- Les documents officielsLien externe sur le site internet du Centre de recherche des Documents diplomatiques suisses (DODIS)
- Notre reportage en Albanie en 2013
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