Aujourd’hui en Suisse
Chers abonnés,
La gestion de fortune se porte bien en Suisse. Et c’est une conséquence de la pandémie mondiale en cours. Depuis le début de l’année, plusieurs dizaines de milliards de francs sont venus garnir les coffres des banques suisses, racontent nos confrères de la RTS.
Le sort des personnes désirant vieillir chez elles n’est pas forcément aussi enviable, comme l’explique ma consœur Sonia Fenazzi.
Vous pourrez également plonger dans les réflexions de l’historien Jakob Tanner sur les enjeux politiques du récit national en Suisse, comme ailleurs, ou suivre les tribulations d’une consœur qui publie BlaBlaCar, la France et moi.
Bonne lecture,
Plusieurs dizaines de milliards de francs ont atterri dans les coffres des banques suisses durant le premier semestre 2020. TTC, le magazine économique de la RTS, a mené son enquête.
D’après ses recherches, huit des plus grandes banques du pays ont accueilli au total plus de 80 milliards de francs de fonds nets au premier semestre 2020. Tous les établissements annoncent des chiffres positifs, et six sur huit enregistrent des afflux de capitaux plus élevés qu’au premier semestre 2019.
L’avocat fiscaliste Philippe Kenel confirme le phénomène à nos confrères: «Il y a eu une diminution en 2018 et 2019, et c’est vrai qu’en 2020, on voit une augmentation non seulement des demandes, mais aussi des gens qui viennent s’installer en Suisse.»
Selon Edouard Cuendet, directeur de Genève Place Financière, «c’est principalement une clientèle internationale» motivée par la Covid-19: «Pour des clients internationaux confrontés à une crise sanitaire et économique mondiale, la Suisse est un havre de stabilité, de sécurité. En cette période chahutée, ce sont des valeurs extrêmement précieuses.»
Si la gestion de fortune se porte bien, le trading des matières premières pourrait, lui, s’affaiblir à Genève, l’une de ses places fortes. C’est l’histoire que raconte le site Heidi.news, suite à l’annonce par la filiale suisse de la banque BNP Paribas de son retrait du financement des matières premières.
- De grosses fortunes placent leur argent en Suisse (RTS sur swissinfo.ch)
- La dernière émission du magazine TTCLien externe (RTS)
- BNP Paribas: la sagaLien externe qui a fait de Genève le numéro un des matières premières prend fin (Heidi.news/abonnés)
Au sein d’une société suisse vieillissante, il est de plus en plus fréquent de faire appel à des auxiliaires de vie établis à demeure, constate ma consœur Sonia Fenazzi.
Et les coûts que cela entraîne ne sont pas à la portée de toutes les bourses, comme le montre un témoignage que Sonia a recueilli au Tessin. L’alerte Antonio âgé de 89 ans jouit d’une autonomie appréciable. Mais sans une aide à domicile qui loge à demeure, il ne pourrait continuer à vivre dans sa maison habitée de tant de souvenirs.
Au fil du récit, on découvre les difficultés financières et humaines qu’une telle formule entraîne. La suite, c’est ici.
- Le témoignage d’Antonio et de sa famille raconté par Sonia Fenazzi
- L’aide à domicile, essentielle et pourtant si fragile (swissinfo.ch)
Plus
La Suisse n’échappe pas à la lutte autour de l’interprétation politique du passé, constate l’historien Jakob Tanner dans une tribune publiée par swissinfo.ch.
«Écrire l’histoire n’a jamais été un acte innocent. Avec la réémergence des partis de droite nationalistes et extrémistes et la renationalisation de la politique à l’échelle mondiale, elle redevient de plus en plus un champ de bataille idéologique», relève ce professeur émérite d’histoire moderne et suisse à l’Université de Zurich.
Parmi les exemples cités, les gouvernements autoritaires de Hongrie et de Pologne «licencient des directeurs de musée reconnus pour leurs qualités scientifiques, transforment des monuments et font de gens qui ont collaboré avec les nazis de bons patriotes.»
«Aux États-Unis, poursuit l’historien, les interventions révisionnistes viennent de la gauche. Il s’agit ici de rejeter la grande histoire du pays élu, où depuis la fondation de l’État au 18e siècle, on s’est battu pour la liberté, l’égalité et la prospérité de toujours plus de gens.»
La Suisse connait également ces tensions entre un récit national construit depuis le 19e siècle par les élites du pays et les recherches parfois iconoclastes menées par les historiens, universitaires ou amateurs. «C’’est le droit qu’a chaque génération à poser de nouvelles questions au passé. Ainsi, non seulement on élargit le champ des connaissances historiques, mais on modifie toute l’image très visible de l’histoire dans l’espace de résonance médiatique», conclut Jakob Tanner.
- La tribune de Jakob Tanner (swissinfo)
- Notre focus sur la Suisse et ses colonies
- Malaise autour d’une nouvelle étude sur les Juifs refoulés par la Suisse (swissinfo.ch)
-
Comment la démocratie directe vint aux Suisses (swissinfo.ch)
Ma consoeur Ghania Adamo s’est entretenue avec Caroline Stevan, auteure de BlaBlaCar, la France et moi, le récit de son tour de France en covoiturage.
C’est en juin 2018 que Caroline Stevan, journaliste à la RTS, entreprend un voyage de 15 jours à travers la France. Histoire de mieux connaitre les habitants des régions traversée, elle recourt aux services de Blablacar, une société de covoiturage numérisée. Un road-trip qu’elle renouvellera partiellement en février 2019 au moment de la crise des gilets jaunes.
«On salue les manifestants et on passe, relève Carolin Stevan dans l’interview. Il faut dire qu’un gouffre immense sépare les gilets jaunes et l’autre partie de la population avec laquelle je voyageais.»
- L’interview de Caroline Stevan sur swissinfo.ch
- La présentation du livre par Franceinfo.frLien externe
- Un podcast consacré au livre de Caroline Stevan par la Fabrik AudioLien externe
En conformité avec les normes du JTI
Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative