Aujourd’hui en Suisse
Bonjour à vous, lecteurs de Suisse et du monde,
Manifestations dans le monde musulman, drapeaux français et effigies du président Macron brulés en place publique, appels au boycott de la France: le feu d’une soi-disant «guerre des civilisations» est en train de se rallumer. La Suisse n’est pas totalement à l’écart, même si le débat reste encore fort civil. Nous vous proposons deux opinions opposées pour en témoigner.
Nous parlerons aussi de cette curieuse affaire de chantage qui touche le ministre de la Santé Alain Berset, des femmes suisses au travail et de la nouvelle vie du Kunsthaus de Zurich.
Excellente lecture.
La tension entre la France et le monde musulman à propos du «séparatisme» islamique a également des échos en Suisse. Faut-il soutenir la position du président Macron au nom de la laïcité ou au contraire s’inquiéter de potentielles dérives dangereuses pour les droits de l’homme? Les avis opposés de deux intellectuelles helvétiques.
Pour Elham Manea, Macron «ose appeler les choses par leur nom, et il faut du courage pour le faire». La politologue et écrivain d’origine yéménite estime que les velléités séparatistes sont un fait avéré et documenté, en France, et dans une moindre mesure en Suisse aussi. Il faut donc contrer cette idéologie de l’islam politique, au lieu de se voiler la face.
Pour Leandra Bias, politologue elle aussi, l’Élysée a lancé une «déclaration de guerre», qui s’appuie sur des notions «dangereusement floues». Et au nom de cette guerre, on menace la liberté d’expression et l’État de droit. «Une fois de plus, écrit-elle, la population musulmane de France est diffamée et marginalisée».
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Depuis le début de la pandémie, on ne voit que lui. Mais aujourd’hui, c’est avec un tout autre genre d’affaire que le ministre de la Santé Alain Berset fait la une: une obscure histoire de chantage, révélée ce week-end par la Weltwoche, hebdomadaire proche de l’UDC. Le quotidien Le Temps tente d’y voir plus clair.
En novembre, une femme réclame 100’000 francs au conseiller fédéral socialiste pour ne pas rendre publics certains documents datant de 2012. Alain Berset porte plainte, la femme se ravise, elle est arrêtée et tous les documents sont effacés. Telle est en deux mots l’histoire que raconte Roger Köppel, député du parti de droite conservatrice, disant la tenir de son ancien collègue du parlement Christoph Mörgeli.
La presse suisse est plutôt divisée sur le sujet. Pour les uns, il est normal qu’Alain Berset soit protégé par la justice, comme n’importe quel citoyen. L’affaire semblant purement privée, il n’y aurait rien de choquant à ce que les documents y relatifs aient été effacés des supports numériques et caviardés dans leurs versions papier.
Mais pour d’autres, le public a le droit de savoir si le conseiller fédéral Berset aurait pu être soumis au chantage. Car un ministre qui pourrait subir un chantage ne devrait plus être conseiller fédéral, estime notamment le quotidien zurichois NZZ.
- L’articleLien externe du Temps (abonnés)
Serait-ce un des secrets de la prospérité du pays? Le fait est qu’en Suisse, les femmes sont plus nombreuses à travailler que dans les pays voisins. La médaille a aussi son revers: les femmes sont souvent employées à temps partiel, ce qui signifie davantage de précarité et de moins bons salaires.
Les femmes de 15 à 64 ans sont 76% à avoir un emploi rémunéré en Suisse. C’est légèrement plus qu’en Allemagne (71%), mais nettement plus qu’en France (62%) et qu’en Italie (50%). Ces différences s’expliquent notamment par la part des femmes travaillant à temps partiel.
Le temps partiel est une chance, mais aussi un risque, rappelle l’Office fédéral de la statistique. Surtout quand le taux d’occupation est relativement bas, il est associé à des relations de travail plus précaires, à moins de possibilités de carrière et à des conditions économiques plus difficiles: salaires plus bas signifie pensions plus faibles.
Concernant les salaires, l’écart hommes-femmes est en moyenne de 17% en Suisse, contre 15% en France, 5% en Italie et 21% en Allemagne. Ces chiffres sont ceux de 2017, dernière date qui permette une comparaison internationale.
- L’articleLien externe de RTS Info
- Un an après la grève, les femmes ont marqué des points – L’article de ma collègue Katy Romy (juin 2020)
- La plateforme égalité salarialeLien externe du Bureau fédéral de l’égalité
Le Kunsthaus de Zurich dans un écrin tout neuf, notamment pour abriter la fameuse collection d’Emil Georg Bührle. Avec sa nouvelle direction dès 2022, le plus grand musée d’art de Suisse parviendra-t-il à se positionner sur la scène internationale?
Le Kunsthaus abritera la plus importante collection d’œuvres impressionnistes et post-impressionnistes d’Europe après Paris. Le musée, dont la nouvelle extension sera entièrement ouverte au public dans un an, est donc en train de gagner une reconnaissance internationale, d’où l’importance du bon choix pour la future direction.
La collection Bührle, une des plus riches du monde, a fait couler beaucoup d’encre en raison de l’origine de certaines pièces, qui auraient pu être volées par les nazis à leurs propriétaires juifs durant les années 1930-40 avant d’être achetées par le collectionneur. Mais depuis des années, des recherches ont été menées sur l’origine de chaque objet.
- L’article de ma collègue Deborah Keller
- La collection Bührle à Paris – en toute transparence? – Par notre correspondant Mathieu van Berchem (mars 2019)
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