Aujourd’hui en Suisse
Suisses du monde, bonjour,
Les prochaines votations fédérales approchent. Karin Keller-Sutter, en visite à Paris, espère-t-elle ramener de son séjour des arguments en faveur de l’approbation de la nouvelle loi sur le terrorisme?
La neutralité de la Suisse lui permet une fois de plus d’être le théâtre de moments forts. Les présidents des États-Unis et de la Russie ont en effet choisi Genève pour leur prochaine rencontre au sommet.
Il sera aussi question de l’histoire sans fin de la Suisse et de ses avions de combat, de pétitions, et du Tibet.
Bonne lecture!
Ce mardi, Karin Keller-Sutter est à Paris pour y rencontrer son homologue français Gérald Darmanin. Au menu: les mesures de lutte antiterroristes actuellement en discussion en France et en Suisse, à l’approche des votations du 13 juin.
Selon le correspondant du journal Le Temps à Paris, Richard Werly, la cheffe du Département fédéral de justice et police «devrait ramener de Paris des arguments en faveur de l’approbation» de la loi contre le terrorisme. Un texte «supposer apporter ‘une meilleure protection à la population’ en imposant notamment des entretiens et un suivi aux ‘terroristes potentiels’».
Cette nouvelle loi suscite la controverse, même au-delà des frontières helvétiques. Elle permettrait, entre autres, de prendre une série de mesures à l’encontre d’un individu soupçonné de représenter une menace, même si « les indices ne suffisent pas pour ouvrir une instruction pénale».
- L’articleLien externe du Temps sur la visite de Karin Keller-Sutter (abonnement)
- La loi suisse contre le terrorisme: abusive ou nécessaire?
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Notre dossier sur les enjeux des votations du 13 juin
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La Maison Blanche vient de confirmer une rumeur qui bruissait dans tout Genève depuis quelques jours: les présidents Biden et Poutine s’y rencontreront le 16 juin.
Ce n’est un secret pour personne que les relations entre les États-Unis et la Russie sont plutôt tendues. Mais Joe Biden a visiblement décidé de calmer les tensions que son pays peut avoir à l’international. D’après les explications du correspondant de la RTS à Washington, le président américain ne veut pas avoir à gérer de crises à l’étranger. Il souhaite se concentrer sur la politique intérieure de son pays, où il vient de mettre en place un plan de relance et souhaite faire évoluer les infrastructures à vitesse grand V.
La Maison Blanche indique toutefois ne pas renoncer pour autant à imposer des sanctions à la Russie. Les observateurs parlent donc d’un jeu d’équilibriste pour le nouvel occupant du bureau ovale.
- ConfirmationLien externe de la tenue d’une rencontre Biden-Poutine (Le Temps)
- Les explicationsLien externe de la RTS dans La Matinale
Une coalition composée du Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA), du PS et des Verts estime que les avions de combat américains sont «chers et techniquement défectueux ». C’est pourquoi elle a déposé mardi deux initiatives à leur encontre, au cas où ils seraient choisis par l’armée suisse.
Lors de la votation de septembre à ce sujet, le peuple suisse avait accepté à 50,1% l’achat de nouveaux avions de combat pour 6 milliards de Francs. Quatre modèles sont encore en lice: le Rafale français, l’Eurofighter proposé par l’Allemagne, et les F-35 et F/A-18 Super Hornet américains.
Outre les défauts techniques qui leur sont reprochés, les membres de la coalition mettent en garde contre le big brother américain: «Avec les avions de combat américains, le Pentagone est toujours à bord, la souveraineté et la sécurité des données ne peuvent être garanties.»
L’alliance a donc déposé à titre préventif une initiative contre chaque avion auprès de la Chancellerie fédérale pour demander son interdiction, au cas où l’un d’entre eux serait choisi par le gouvernement. La décision est attendue pour le mois de juin.
- Le peuple doit pouvoir s’exprimer sur l’achat d’avions américains
- La Suisse et les avions de combat, une longue histoire de batailles politiques
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L’achat des nouveaux avions de combat accepté à un cheveu par les Suisses
Les pétitions sont aussi vieilles que l’humanité, ou presque. Juridiquement non contraignantes, elles n’en sont pas moins utiles pour faire évoluer les choses.
À l’époque des pyramides déjà, les ouvriers signaient des pétitions pour réclamer de meilleures conditions de travail. La pratique a traversé les siècles jusqu’à être inscrite dans la Constitution suisse lors de la création de l’État fédéral en 1848. Depuis, les autorités en ont reçu un nombre incalculable portant sur les sujets les plus divers. On notera notamment la demande de mesures contre une prétendue invasion de cormorans ou plus sérieusement la clarification de la position de la Suisse sur les violations des droits humains à l’étranger.
Alors qu’en Suisse ce sont principalement des hommes qui soumettent des pétitions, une professeure américaine indique qu’«historiquement, dans le monde, le processus de pétition était un contrepoint au droit de vote, un espace pour les personnes en marge pour s’engager dans le processus législatif». Dès lors, la pétition apparaît comme un outil fondamental de la liberté d’expression
Plus de gens signent une pétition, plus elle aura de poids, comme le confirme le co-président du Parti socialiste Cédric Wermuth: «C’est une autre manière de faire pression, comme si vous disiez ‘si vous faites cela maintenant, beaucoup de gens ne seront pas d’accord avec vous’. Cela peut mettre en péril un projet de loi, car vous montrez qu’une décision pourrait être remise en cause par un référendum. Une pétition peut être une étape préliminaire à un référendum».
- La pétition: un instrument apparemment sans effet, pourtant fondamental
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Notre série sur la liberté d’expression
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Notre vidéo explicative: qu’est-ce qu’une initiative populaire ou citoyenne?
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Notre vidéo explicative: qu’est-ce qu’un référendum?
Vous connaissez sans doute Smartvote, la plateforme suisse en ligne destinée à aider les gens à faire leur choix lors d’élection. Une Suisso-Tibétaine l’a adaptée afin d’encourager la formation de l’opinion de la diaspora tibétaine en exil.
Palmo Brunner est la fondatrice de Project Democracy. Ce projet monté en collaboration avec des équipes suisses, indiennes et nord-américaines, et adapté de l’invention suisse Smartvote, a pour but d’aider la diaspora tibétaine du monde entier à savoir avec quels candidats elle a le plus d’affinités politiques.
Dès les années 60, le Dalaï-Lama a développé l’idée d’un Tibet démocratique. Si 3,5 millions de Tibétains vivent dans cette province chinoise, seuls les 150’000 en exil peuvent exercer leur droit de vote. Contrairement à ce que connaissent la plupart des démocraties, les partis politiques n’ont pas leur place parmi la diaspora tibétaine en exil. Les camps qui s’affrontent correspondent souvent aux anciennes provinces d’origine et les candidats sont nombreux. Les initiateurs du projet Smartvote Tibet ont donc souhaité créer une base d’information permettant de se forger une opinion.
L’association a mis un point d’honneur à rester la plus neutre possible: «Pour nous assurer que notre propre point de vue est aussi équilibré que possible, nous avons réuni un conseil consultatif qui comprend également des personnes âgées et des conservateurs», dit Palmo Brunner.
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