Cinquième Suisse: un conseil entre bouleversement et contraintes budgétaires
L’Organisation des Suisses de l’étranger est à l’aube de changements décisifs: nouvelle direction, menaces de coupes budgétaires et un vaste processus de réforme marquent la législature actuelle. Samedi, le Conseil des Suisses de l’étranger a débattu intensément de l’avenir de l’organisation et des préoccupations de la Cinquième Suisse.
Plus de 120 personnes venues des quatre coins du monde ont participé en ligne à la séance du Conseil des Suisses de l’étranger (CSE). L’Organisation des Suisses de l’étranger (OSE) traverse une phase de bouleversements – sur les plans humain, financier et politique.
Ce changement s’est manifesté dès le début de la séance: après la constatation du quorum, le directeur de l’OSE, Lukas Weber, a brièvement expliqué son départ déjà annoncé pour la fin de l’année.
Son successeur s’est présenté: Daniel Hunziker, un «véritable Suisse de l’étranger», comme l’a souligné le président de l’OSE, Filippo Lombardi. Daniel Hunziker a vécu et travaillé de nombreuses années à l’étranger – notamment comme consul honoraire en Nouvelle-Calédonie – et connaît donc personnellement la réalité de la diaspora. Depuis 2024, il est de retour en Suisse et se réjouit de relever sa nouvelle mission en tant que directeur de l’Organisation des Suisses de l’étranger à partir du 1er janvier 2026.
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Départ surprise à la tête de l’Organisation des Suisses de l’étranger
Changements à la tête de la Revue Suisse
Un changement intervient également à la tête de la Revue Suisse, la publication destinée aux Suisses de l’étranger. Walter Schmid reprend la rédaction de Marc Lettau, qui a marqué la revue pendant sept ans et part désormais à la retraite.
Walter Schmid est lui-même un Suisse de l’étranger de deuxième génération. Pour lui, la revue a été «pendant 29 ans à l’étranger, un lien identitaire essentiel avec la Suisse».
Avec ce changement, toute la communication de l’OSE sera regroupée dès 2026 sous la responsabilité de Walter Schmid, étant donné que la responsable Communication et Marketing quitte également l’organisation.
Ces mouvements à des postes clés renforceront la présence de personnes ayant elles-mêmes une expérience à l’étranger – une évolution qui rapproche encore davantage l’OSE des préoccupations et des réalités de vie de la «Cinquième Suisse». Filippo Lombardi a qualifié cela de «saut quantique dans notre secrétariat».
Bilan politique: quelques avancées, plusieurs revers
Dans son rapport sur la session d’automne, Carlo Sommaruga, membre du comité de l’OSE et conseiller aux États socialiste, a informé le Conseil des évolutions politiques au Palais fédéral qui concernent directement les Suisses de l’étranger.
Outre l’initiative «200 francs, ça suffit!» (rejetée par les deux Chambres) et le projet de collecte électronique des signatures (motion acceptée par le Conseil des États), le Parlement a également débattu de la motion du conseiller aux États Mauro Poggia. Cette motionLien externe, qui vise à garantir aux Suisses de l’étranger l’accès à des comptes PostFinance, a échoué de justesse au Conseil des États. Il faudra désormais convaincre le Conseil national de soutenir cette revendication.
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Comptes bancaires pour les Suisses de l’étranger: nouvel essai, nouvelle chance?
Le directeur de l’OSE, Lukas Weber, a également informé sur une rencontre avec la conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider concernant la question de l’assurance maladie pour les Suisses de l’étranger. Le dossier reste politiquement bloqué. «Nous n’avons pas trouvé de portes ouvertes», a déclaré le directeur. Sans interventions politiques, l’OSE n’a actuellement aucune marge de manœuvre.
Pression financière et menaces de coupes budgétaires
La situation financière de l’OSE a occupé une place importante dans les débats. L’organisation s’attend à ce que les subventions fédérales diminuent d’environ 10% à partir de 2027 dans le cadre du plan d’allégement de la Confédération.
Actuellement, ces subventions fédérales couvrent déjà la majeure partie du budget de l’Organisation des Suisses de l’étranger – 3,4 millions de francs sur un total de 4,1 millions de dépenses. L’OSE doit déjà réunir chaque année 400’000 francs par ses propres moyens – via des dons, du parrainage ou des héritages occasionnels. L’organisation ne dispose pas d’une grande fortune; la maison de l’Alpenstrasse, par exemple, provient d’un legs, a rappelé Filippo Lombardi.
La Revue Suisse reste particulièrement coûteuse: l’impression et l’envoi représentent près de la moitié des frais matériels totaux de l’OSE. Certains délégués ont soulevé la question de savoir si les abonnés à la version papier devraient à l’avenir verser une petite contribution ou si la revue devrait être entièrement numérisée. D’autres ont rappelé des statistiques montrant que l’édition imprimée de la revue est très appréciée des Suisses de l’étranger.
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La newsletter pour tous les Suisses de l’étranger
Objectifs de la législature 2025–2029
Pour la première fois, l’OSE a activement impliqué tous les délégués dans l’élaboration des objectifs de la législature. Environ un tiers des membres du Conseil ont participé à l’enquête – une «base solide», selon le directeur Lukas Weber, d’autant que de nombreux nouveaux membres siègent au Conseil.
Des retours se dégagent six orientations majeures, dont la priorité est une digitalisation accrue: développement des plateformes en ligne, adoption de l’e-ID et promotion du vote électronique ainsi que de la collecte dématérialisée des signatures.
Parallèlement, le règlement de l’OSE doit être approfondi et les processus internes du comité et du conseil modernisés. C’est également l’objectif d’un nouveau groupe de travail chargé de revoir les bases légales de l’organisation. Parmi les domaines clés à réviser figurent les procédures d’élection des membres du conseil, la clarification des compétences entre les différents organes ainsi que les règles applicables aux groupes de travail et aux commissions.
Un autre objectif est la mise en place d’une stratégie de communication intégrée, qui regrouperait pour la première fois tous les canaux de l’organisation et pourrait inclure un projet d’image en Suisse.
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L’OSE souhaite également promouvoir une culture de dialogue constructive, renforcer la participation et améliorer les interactions au sein des organes. Une attention particulière sera portée à la jeune génération de Suisses de l’étranger, qui devrait être ciblée à l’avenir par de nouvelles offres.
Enfin, l’OSE poursuivra son engagement sur ses dossiers politiques de longue haleine: des solutions bancaires aux questions d’assurance maladie, en passant par les problématiques liées à l’AVS et à l’AI. Les objectifs définitifs de la législature devraient être adoptés en mars à Berne.
Texte relu et vérifié par Balz Rigendinger, traduit de l’allemand à l’aide de l’IA/op
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