Aujourd’hui en Suisse
Amies lectrices, amis lecteurs, bonjour,
«En Suisse, on ne fait pas de politique, on fait de la gestion», dit un vieux préjugé. Après avoir jeté à la corbeille l’accord-cadre avec l’Union européenne sur lequel les diplomates planchaient depuis plus d’une décennie, le Conseil fédéral décide, juste avant de partir en course d’école, d’acheter un avion de combat américain contre ses deux concurrents européens.
Un choix politique? Que nenni, c’est juste que le F-35 présentait le meilleur rapport qualité-prix. Point. Le secrétaire d’État français aux Affaires européennes en conclut que la Suisse «fait décidément le choix de tourner le dos à l’Europe»? Peu importe, nous on ne fait pas de politique. On gère.
Et quand il s’agit de stockage de données informatiques, on ne fait pas de politique non plus. La Suisse choisit de louer des espaces de «cloud» à quatre géants américains et un chinois, qui plus est très proche du pouvoir. Un choix politique? Mais non, leurs offres présentaient simplement le meilleur rapport qualité-prix. Si on vous dit qu’on gère…
Excellente lecture,
L’armée suisse achètera des F-35 américains et pas des Rafales français, ni des Eurofighters anglo-italo-hispano-allemands. Berne dit avoir fait le meilleur choix technique et économique, mais quid du choix politique? La presse de ce jeudi n’est pas tendre avec le Conseil fédéral, accusé d’«erreur stratégique».
«La Suisse inflige un nouveau camouflet aux pays de l’Union européenne après avoir déchiré le projet d’accord institutionnel». Les quotidiens lémaniques 24 Heures et Tribune de Genève donnent le ton. «Un signal désastreux» vis-à-vis de l’Europe, renchérit La Liberté de Fribourg.
«Vous reprendrez bien un deuxième camouflet?, demande de son côté le magazine en ligne français Challenges. Deux jours après l’élimination de l’équipe de France par la Suisse à l’Euro, Berne vient d’envoyer un deuxième Scud en direction de Paris. Et il s’annonce sacrément douloureux».
Cette décision du gouvernement suisse «marque le point le plus bas des relations avec l’Union européenne depuis 1992», estime le spécialiste de l’Europe Gilbert Casasus. Ce professeur d’études européennes à l’Université de Fribourg s’inquiète de la réputation de la Suisse chez ses voisins européens.
Quoi qu’il en soit, la gauche et le Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA) ont promis de lancer une initiative populaire contre l’acquisition d’avions étasuniens. Autant dire qu’on n’a pas fini d’en parler et qu’en dernier recours, cet appel au peuple pourrait retarder, voire couler, l’achat de nouveaux avions de combat.
- «La décision sur les F-35 est en ligne avec celle sur l’accord-cadre» – entretien avec Gilbert Casasus, par mon collègue Renat Kuenzi
- Les réactions pleuvent après le choix du F-35Lien externe – RTS Info
- La Suisse préfère se jeter dans les bras des Américains plutôt que d’embrasser l’EuropeLien externe – la revue de presse du Temps (abonnés)
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Les Américains Amazon, IBM, Microsoft, Oracle et… le Chinois Alibaba: ces sont les cinq géants qui fourniront leurs services «cloud» à la Confédération suisse. Huit prestataires s’étaient portés candidats et Berne a semble-t-il choisi les offres aux prix «les plus attrayants».
La Confédération n’a pas communiqué sur ces contrats, d’un montant global de 110 millions de francs. C’est le site spécialisé alémanique Inside Channels qui a repéré cette attribution, et l’information a été relayée lundi par le quotidien Le Temps.
Ce choix est une décision potentiellement explosive, tant les entreprises chinoises sont pointées du doigt pour leur proximité avec le pouvoir. Bien que privé, Alibaba reste un géant soumis au Parti communiste. C’est d’ailleurs grâce à des subvention massives de Pékin qu’il peut offrir des tarifs aussi attractifs.
À Berne l’Office fédéral des constructions et de la logistique, en charge ces contrats, ne fait aucun commentaire. «Comme le délai de recours court encore, ce n’est qu’à son expiration que nous pourrons répondre à vos questions», a déclaré une porte-parole à nos confrères du Temps.
- L’articleLien externe de RTS Info
- Surprise, la Confédération se fournit en Chine pour son cloudLien externe – Le Temps, 28 juin 2021 (abonnés)
C’était la réponse de Zurich à Genève. Il y a 75 ans commençaient les travaux de l’aéroport de Kloten, pour concurrencer celui de Cointrin, qui fut l’un des premiers d’Europe.
Comme souvent en Suisse, tout commence par une votation: le 5 mai 1946, les électeurs zurichois approuvent le projet et le crédit pour l’achat d’un vaste terrain marécageux au nord de la ville.
L’aéroport est inauguré deux ans plus tard. De taille modeste au départ, Zurich-Kloten s’est progressivement développé au cours des décennies suivantes, pour être aujourd’hui le plus grand du pays devant Genève-Cointrin et Bâle-Mulhouse.
- La galerie photo de swissinfo.ch sur le chantier de l’aéroport de Zurich
- Comment l’aéroport a aidé la Genève internationale à décoller – galerie photo du 16 mai 2020
Une vieille idée des années 60 refait surface: traiter les troubles psychiatriques avec du LSD ou autres substances associées. Mais cette fois, plus question de planer sous acide comme au Golden Gate Park, à Woodstock ou au Paléo. La démarche se veut scientifique et sérieuse.
Après Lausanne et avant Neuchâtel et Fribourg, l’Association des étudiants pour la recherche psychédélique vient de déposer sa demande de reconnaissance officielle à l’Université de Genève. Ce n’est pas la dimension récréative de ces drogues hallucinogènes qui intéresse la jeune génération romande de psychologues et psychiatres, c’est leur potentiel médical.
L’idée n’est pas nouvelle: avant de devenir le pape du mouvement hippie, le psychologue de Harvard Timothy Leary vantait lui aussi les vertus thérapeutiques du LSD. Mais le monde académique ne l’avait alors pas vraiment pris au sérieux, même si la substance (une découverte suisse) a longtemps été vendue par Sandoz comme antidépresseur, le plus légalement du monde.
- Les thérapies psychédéliques font planer les psys en herbeLien externe – HeidiNews (abonnés)
- Soixante ans de délires psychédéliques – de nos archives (2003), une petite histoire du LSD par votre serviteur
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