Aujourd’hui en Suisse

Chères et chers Suisses de Suisse et du monde,

Après les Panama, les Paradise et quelques autres, voici les Pandora Papers. Les politiques avaient pourtant promis de faire le ménage dans le secteur des sociétés offshores servant à soustraire de l’argent au fisc. Eh bien, aux dires des journalistes qui les ont examinés, ces nouveaux documents fuités montreraient qu’ils n’ont pas tenu parole. Et ces nouvelles révélations concerneraient encore davantage la Suisse que les Panama Papers.

Mais il y a aussi de belles histoires dans cette sélection du jour: celle du succès du Léman Expresse, le réseau ferroviaire transfrontalier genevois, celle d’une passion pour le tango et celle d’un pionnier suisse du ballon à air chaud.

Très bonne lecture,

Keystone / Francois Mori

C’est la dernière livraison du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ). Et ces «Pandora Papers» mettent aussi en cause quelque 90 sociétés suisses. Il s’agit essentiellement de fiduciaires, de cabinets d’avocats et de sociétés de conseil, qui auraient aidé à créer des sociétés offshores pour des chefs d’État ou des célébrités fortunées, à fins d’évasion fiscale.

Environ 600 journalistes – dont quelques-uns du groupe suisse Tamedia – ont décortiqué quelque 11,9 millions de documents provenant 14 sociétés de services financiers. Le consortium a mis au jour plus de 29’000 sociétés offshores, appartenant notamment au roi Abdallah II de Jordanie, au premier ministre tchèque Andrej Babis, au président de l’Azerbaïdjan Ilham Aliyev, mais aussi à la chanteuse Shakira, au mannequin Claudia Schiffer, à l’ancien premier ministre britannique Tony Blair ou au patron déchu du FMI Dominique Strauss-Kahn.

Le fait de créer une société offshore n’est pas un crime en soi, et dans la plupart des pays, les faits mis à jour ne sont pas susceptibles de poursuites. Mais s’agissant de chefs d’État, l’ICIJ met en parallèle leurs discours contre la corruption avec leurs placements dans des paradis fiscaux. Interrogé par la RTS, notre confrère Sylvain Besson, de la cellule enquête de Tamedia, a rappelé que la présence de la Suisse dans ces affaires n’est pas une surprise, puisqu’elle reste «un des centres mondiaux pour la gestion des sociétés offshore».

• Pandora Papers: plusieurs dirigeants soupçonnés d’évasion fiscaleLien externe – RTS Info
• 90 sociétés suisses mises en cause par les Pandora PapersLien externe – RTS Info
• Pandora PapersLien externe, sur le site de la Tribune de Genève (Tamedia – abonnés)
• ICIJLien externe – Consortium international des journalistes d’investigation (en anglais)
• Le business de l’argent saleLien externe – dans l’émission Geopolitis (RTS)

Keystone / Jean-christophe Bott

Lancé il y a bientôt deux ans, le Léman Express n’a pas eu une prime enfance facile, entre pénurie de conducteurs et Covid. Mais aujourd’hui, il va bien. Avec 45’000 voyageurs par jour, l’affluence est presque revenue aux chiffres d’avant la pandémie, s’est réjoui son patron Mathieu Fleury, dans la Matinale de la RTS.

Avec 6 lignes, 45 gares et 230 km de voies, le Léman Express est le plus grand réseau transfrontalier d’Europe, entre Genève, la France et le canton de Vaud C’est donc forcément une structure compliquée. «Nous avons dû mettre ensemble deux mondes, deux pays, deux systèmes ferroviaires qui n’avaient rien à faire ensemble», a rappelé Mathieu Fleury.

Mais le Léman Express souffre toujours du manque de mécaniciens de locomotives, qui oblige à supprimer des trains. L’entreprise, tout comme les CFF côté suisse, devrait toutefois bientôt voir la fin de ce tunnel: les nouveaux conducteurs arriveront au terme de leur formation fin octobre. En attendant, ce sont leurs collègues qui sont sous pression.

• Mathieu Fleury: «Le succès du Léman Express est au rendez-vous»Lien externe – l’invité de la Matinale de la RTS
• Une révolution de la mobilité dans le Grand Genève – à l’ouverture du réseau, les attentes étaient grandes, écrivait mon collègue Simon Bradley en décembre 2019

zvg

N’écoutant que sa passion pour le tango et la vie de Buenos Aires, une professeure de danse suisse a choisi d’ignorer les appels au rapatriement au début de la pandémie. C’est l’histoire de Lya Elcagu, née Lea Schmid il y a 38 ans à Zurich et établie depuis 9 ans en Argentine, où elle arrive à donner corps à ses projets malgré la crise et l’inflation.

Elle a travaillé dur pour en arriver là. «Rien ne vous est donné ici», raconte Lya, qui a débuté dans le tango en vendant des articles de danse dans la boutique d’une fameuse école avant d’intégrer la compagnie, puis le corps professoral, qui fait couramment des journées de 13 heures.

Malgré cela, elle considère aujourd’hui que sa vie est à Buenos Aires. Une vie certes très difficile comparée aux standards de son pays de naissance, mais dans laquelle fleurissent la joie, la créativité et la solidarité. Et comme elle le dit elle-même «en Suisse, tous mes projets seraient morts».

• La belle histoire de Lya Elcagu – par ma collègue Flurina Dünki
• La Suisse est-elle trop ennuyeuse?Lien externe – une petite phrase qui fait beaucoup de bruit, justement en Argentine – par mes collègues Belén Couceiro, May Elmahdi Lichtsteiner et Balz Rigendinger – septembre 2021

Archives Kurt Heutschi

Une année après les frères Montgolfier, en 1784, un premier ballon à air chaud s’élève dans le ciel de Soleure, sans occupant à bord. Son constructeur a pourtant sombré dans l’oubli. Anton Tschann, mécanicien et artificier est en avance sur son temps. Avec l’aide de son frère Urs Jakob, prêtre et précepteur de mathématiques, il met au point un ballon dont la forme rappelle celle d’une pyramide très pointue.

Devant une foule de plus d’un millier de personnes, la machine volante s’élève rapidement jusqu’à 2000 ou 3000 mètres d’altitude. Le ballon passe plusieurs fois au-dessus de la ville, ce qui ne manque pas d’impressionner les envoyés de Glaris, d’Appenzell et de Saint-Gall présents pour l’événement. Dès cette année-là, plusieurs cantons interdisent les vols en ballon à cause des risques d’incendie au décollage et à l’atterrissage – mais pour cette première, les autorités ont fermé les yeux.

Les frères Tschann récidiveront plusieurs fois, avec un chien, puis un mouton, avant de s’envoler eux-mêmes. Ils soignent tout particulièrement l’esthétique de leurs ballons, dont certains tireront même des feux d’artifice. Des spectacles très appréciés du public de l’époque.

• L’article de Katrin Brunner, du Blog du Musée national suisse
• Ernest Failloubaz, le destin brisé du premier pilote suisse – par mon collègue Olivier Pauchard – mai 2018
• Le premier tour du monde en ballon sans escale – article commémoratif pour les 20 ans de l’exploit de Bertrand Piccard et Brian Jones – SWI mars 2019