Aujourd’hui en Suisse
Suisses d’ici et du monde, bonjour,
Vues de l’extérieur, les longues discussions qui agitent la Suisse sur l’opportunité ou non de restreindre la publicité pour la cigarette doivent paraître bien étranges. C’est pourtant un fait acquis: le tabac est nuisible pour la santé et le rôle de l’État devrait être d’en protéger ses citoyennes et citoyens, surtout les plus jeunes. Et bien ce qui est acquis ailleurs ne l’est apparemment pas en Suisse. Pourquoi? Ma collègue Pauline Turuban a enquêté. Je vous laisse découvrir ses conclusions.
Comme je vous laisse découvrir ceux qui rêvent d’une énergie nucléaire propre, les pots-de-vin de swissport en Afrique du Sud et la renommée mondiale acquise par la guette de la cathédrale de Lausanne.
Excellente lecture,
Pourquoi faut-il un scrutin et une telle campagne pour restreindre la publicité pour le tabac en Suisse? Alors que ce qui est demandé par l’initiative soumise au vote est déjà en vigueur dans la plupart des pays du monde? C’est qu’ici, nombre de politiciennes et politiciens seraient tout acquis à la cause des cigarettiers.
C’est ce que montre l’Indice mondial de l’interférence de l’industrie du tabac, établi par les milieux de la santé. Construit sur 20 indicateurs, il mesure les efforts déployés par les gouvernements pour lutter contre l’influence des marchands de tabac. Et la Suisse s’y classe avant-dernière, sur 80 pays pris en compte!
En Suisse, rien n’empêche l’industrie du tabac de participer à l’élaboration des politiques, de financer des candidates et candidats ou des partis. Et les partenariats entre fonctionnaires et cigarettiers sont légaux, sans obligation de transparence.
En 2019, un scandale avait par exemple éclaté après l’annonce du sponsoring par Philip Morris du pavillon suisse à l’Expo 2020 de Dubaï. Philip Morris qui a son siège en Suisse, comme les deux autres géants Japan Tobacco International et British American Tobacco.
- L’enquête de ma collègue Pauline Turuban
- Point fort SWI – Votations fédérales du 13 février 2022
L’énergie nucléaire a de nouveau la cote. En Suisse, une start-up entend développer un réacteur au thorium, qui permettrait de produire de l’électricité pratiquement sans déchets dangereux. Et ce n’est pas le moindre de ses avantages… sur le papier.
Une société sans carbone aura besoin de beaucoup d’électricité. Théoriquement, les centrales au thorium sont la solution idéale: pas d’émissions de CO2, peu de déchets, un combustible abondant et bon marché, pas de risque de réactions en chaîne, pas de possibilité d’utiliser les sous-produits pour faire des bombes.
Mais… il y a forcément quelques «mais»: imaginé il y a 30 ans par Carlo Rubbia, Prix Nobel de physique et directeur du CERN, le réacteur au thorium n’a encore jamais été construit «pour de vrai». Car la somme de difficultés techniques est énorme. À commencer par le fait qu’un réacteur au thorium doit être alimenté par un accélérateur de particules, seul capable de produire des neutrons assez énergétiques pour bombarder le thorium et le faire réagir.
- L’article de mon collègue Luigi Jorio
- Un avenir sans énergie nucléaire est-il possible? – Luigi Jorio – mars 2021
- Point Fort SWI – La Suisse – petit pays, grosse empreinte carbone
Plus
swissport, numéro un mondial de la manutention dans les aéroports, a-t-elle versé plus d’un million et demi de francs de pots-de-vin illégaux à la South African Airways? Ce sera à la justice sud-africaine de le dire. Pour l’heure, l’entreprise suisse est épinglée dans le rapport d’une commission anti-corruption.
Où que vous preniez l’avion dans le monde, il y a de bonnes chances que vos bagages soient pris en charge par swissport. L’ancien département logistique de feu Swissair est aujourd’hui une compagnie globale, active sur les cinq continents, au chiffre d’affaires annuel de plus de trois milliards de francs. Passée en 2015 en mains chinoises, la société n’en a pas moins conservé son autonomie et son siège près de l’aéroport de Zurich.
Mais son contrat de prestation d’assistance au sol avec South African Airways sent le soufre. Selon le premier rapport de la Commission Zondo, créée pour enquêter sur la corruption étatique durant la présidence de Jacob Zuma, la conclusion de ce gros contrat en 2016 se serait accompagnée d’un versement illégal de 1,7 million de francs. Si la justice sud-africaine décide de s’emparer de cette affaire passablement rocambolesque, on pourra un jour en savoir plus.
- L’article de Coline Emmel, de la newsletter Gotham City
La guette de la cathédrale de Lausanne devient une star mondiale. Première femme à crier nuitamment les heures du haut du beffroi de la capitale vaudoise, Cassandre Berdoz est devenue la coqueluche des médias, de Berlin à New York et de Buenos Aires à Rome, Paris, Tokyo ou Bangkok.
Depuis plus de six siècles, il n’y avait eu que des hommes. La nomination de la jeune femme l’été dernier était donc un événement. Mais personne n’imaginait un retentissement plus que régional. Dans les faits, depuis qu’elle a pris ses fonctions, la guette n’a passé que trois ou quatre nuits seule sur son clocher, sans un média pour la suivre.
«C’est excitant, bien sûr, même si, au début, j’ai parfois eu l’impression d’être une sorte de clown, une figure folklorique», admet Cassandre Berdoz qui n’a pas pour autant pris la grosse tête. «C’est très bien que la Ville ait nommé une guette, mais il ne faut pas s’endormir sur ses lauriers. Il reste encore beaucoup à faire en matière d’égalité hommes-femmes en Suisse!», a-t-elle dit à nos confrères du quotidien 24 heures.
- L’articleLien externe de 24 heures (abonnés)
- Le guet (et désormais la guette) de la cathédraleLien externe, sur le site de la Ville de Lausanne
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