Aujourd’hui en Suisse
Chères lectrices, chers lecteurs,
La Suisse et son système bancaire font les gros titres de la presse internationale en ce début de semaine, avec la parution d’une grande enquête mettant en cause Credit Suisse. Aucun média helvétique n’a collaboré à ces recherches menées par des journalistes du monde entier, ce qui fait dire à certain-es que la liberté de la presse ne fait pas le poids face au secret des affaires.
Cette sélection vous parlera aussi du blues des hommes de gauche, de télétravail transfrontalier et de la revanche du voyage à l’étranger.
Bonne lecture,
Credit Suisse aurait hébergé pendant des décennies des milliards de francs pour le compte de dictateurs, de réseaux criminels et d’espions. C’est ce qu’affirment les «Suisse Secrets», une enquête menée par 48 médias internationaux et publiée dimanche.
L’investigation se base sur une fuite de données internes à la banque, fournies par une source anonyme. Les documents livrent des informations sur les comptes de plus de 30’000 clients du monde entier. Les dossiers de 18’000 comptes d’une valeur de 100 milliards de dollars sont concernés.
Les révélations dessinent une véritable «mappemonde de la corruption internationale avec en toile de fond le secret bancaire suisse». Des criminels, mais aussi des personnalités politiques corrompues ou encore des personnes frappées par des sanctions internationales auraient ainsi pu ouvrir des comptes ou les conserver malgré les doutes les entourant.
Credit Suisse rejette fermement «les allégations et insinuations concernant les prétendues pratiques commerciales de la banque». Les faits présentés sont essentiellement historiques, remontant dans certains cas aux années 1940, argue la banque, qui ajoute qu’ils reposent sur «des informations partielles, inexactes ou sélectives sorties de leur contexte».
L’enquête résulte du travail collaboratif de médias du monde entier, parmi lesquels la Süddeutsche Zeitung, le Guardian ou encore Le Monde. Pourtant, aucun média suisse n’y a participé. Depuis 2015, les journalistes en Suisse risquent en effet une procédure pénale s’ils écrivent sur des données bancaires divulguées. Une situation «inadmissible» pour la rédactrice en chef de Tamedia Romandie, Ariane Dayer.
- Credit Suisse aurait hébergé des milliards pour des clients sulfureux – l’article de la RTS
- Les «Suisse Secrets» sur le site de l’OCCRPLien externe
- «Les révélations sur Credit Suisse s’inscrivent dans un contexte plus large de guerre économique» – l’opinion de la journaliste économique Myret Zaki à la RTSLien externe
- Credit Suisse pénalisé en Bourse après la fuite de données – la dépêche ATS
- En Suisse, le secret bancaire entrave la liberté de presse – pourquoi TamediaLien externe a renoncé à enquêter sur les clients de Credit Suisse (sur abonnement)
- Pour Ariane Dayer, la Suisse a beaucoup trop restreint la liberté de la presse depuis 2015 – son éditorial pour TamediaLien externe
Plus
Il ne fait plus bon être un homme dans les partis de gauche. C’est le constat dressé par le journal zurichois Neue Zürcher Zeitung dans un article intitulé «Soudain, les perdants sont les hommes».
Dans son édition dominicale, le journal relève que l’électorat du PS et des Vert-es préfère désormais les candidatures féminines et plus jeunes. Sur 31 sièges perdus par le PS lors des douze dernières élections cantonales, 30 étaient occupés par des hommes.
Tendance inédite, les électrices et électeurs socialistes biffent parfois systématiquement les hommes sur les listes électorales. «Le PS voit ses hommes s’effondrer», constate le politologue Claude Longchamp, cité dans l’article. En découlerait une certaine «démoralisation» des hommes à gauche, qui auraient de moins en moins de chances d’être élus.
L’expert relève par ailleurs que la base électorale de la gauche se modifie. Selon le dernier baromètre électoral de la SSR, 20% des femmes votent actuellement pour le PS, contre seulement 14% des hommes, un tel écart entre les sexes n’avait jamais été observé, selon Claude Longchamp.
- La vague féminine déborde les hommes de gauche – l’article de 24 HeuresLien externe (sur abonnement)
- Die Verlierer sind plötzlich die Männer – l’article de la NZZLien externe (en allemand, sur abonnement)
Les personnes frontalières en télétravail pourraient tout prochainement se retrouver dans une situation «ubuesque», selon Le Temps. Le journal note que des règles contraignantes en matière de télétravail vont bientôt être remises en vigueur, peut-être dès le 1er avril, après avoir été suspendues pendant la pandémie.
Tout d’abord, il y a le règlement européen sur la coordination des systèmes de sécurité sociale. Celui-ci dispose qu’une personne employée par une entreprise en Suisse mais vivant dans un pays voisin ne peut pas travailler depuis chez elle plus de 25% du temps si elle veut être assujettie aux assurances sociales suisses.
S’y ajoutent d’autres incompatibilités entre les lois fiscales suisses et françaises, avec lesquelles il était possible de composer «quand le télétravail était marginal, […] ce qui n’est plus possible désormais», écrit le Temps.
La remise en vigueur de ces accords sociaux et fiscaux pose problème car le télétravail est désormais répandu et de nombreuses entreprises veulent conserver cette pratique. Des discussions ont lieu entre les deux pays mais, à ce stade, aucune avancée n’a été communiquée et tout indique que les travailleuses et travailleurs frontaliers devront renoncer au télétravail.
- Les télétravailleurs frontaliers à la veille d’un casse-tête ubuesque – l’article du TempsLien externe
- Quel avenir pour le télétravail des frontaliers? – l’article de ma collègue Emilie Ridard (janvier 2021)
- Télétravail frontalier: l’accord ou l’impasse – l’article de la Tribune de GenèveLien externe (sur abonnement)
La levée des restrictions sanitaires en Suisse fait exploser les réservations de vacances pour l’étranger. Depuis une dizaine de jours, les acteurs du marché du tourisme helvétique font face à une demande exceptionnelle.
Après deux ans de pandémie, la population veut voyager à nouveau et cet engouement a un nom: le «revenge travel» ou le voyage de revanche. Le secteur du tourisme s’en réjouit et anticipe une année 2022 exceptionnelle.
Du côté des compagnies aériennes, la fréquentation augmente déjà. Chez Easyjet par exemple, le voyage d’affaires a augmenté de plus de 35% la semaine dernière. Swiss pense pour sa part à augmenter son offre cet été de 80% par rapport à l’offre pré-pandémie.
Une tendance identique s’observe dans les agences de voyage. Plusieurs d’entre elles ont même expliqué à la RTS s’attendre à une meilleure année que celles qui ont précédé la crise sanitaire.
- Les Suisses voyagent à nouveau à l’étranger et les réservations explosent – l’article de RTSinfoLien externe
- Sylvie Briand, spécialiste des pandémies à l’OMS, interviewée par le 19h30 de la RTSLien externe
- Grosses éclaircies en vue pour le secteur du voyage – l’article de 20 MinutesLien externe
- Cette année, nous allons dépenser un maximum pour nos vacances – l’article de 24 HeuresLien externe (sur abonnement)
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