Aujourd’hui en Suisse
Chères lectrices, chers lecteurs,
La question de la neutralité suisse revient aujourd’hui en force. Je vous propose plusieurs articles pour mieux saisir les nuances du sujet.
La collaboration de la Suisse avec l’OTAN, la mise en application du statut «S» pour les personnes fuyant la guerre en Ukraine, et l’aide humanitaire pour celles restant sur place complètent le programme du jour.
Bonne lecture,
Le thème de la neutralité suisse suscite en ce moment beaucoup d’intérêt. Je vous propose aujourd’hui deux articles pour comprendre comment la Suisse – et d’autres pays neutres – redessinent les contours de leur neutralité.
La Suisse et la Suède ont-elles abandonnées leur neutralité? Depuis que la Suisse impose des sanctions économiques à la Russie, et que la Suède livre des armes à l’Ukraine, c’est une question que se pose une partie de la communauté internationale.
Mais selon le droit international, la réponse est non. «La neutralité ne se définit pas par la question des sanctions. Ce n’est ni postulé de cette manière dans le droit international, ni posé comme condition politique pour un État neutre», explique Pascal Lottaz, chargé de recherche à l’Université Waseda de Tokyo. Selon le chercheur, il en va de même pour les exportations d’armes.
La neutralité n’est pas figée dans le temps, mais se transforme au fil des conflits. L’adoption de sanctions économiques alignées sur l’UE indique que «la Suisse pourrait bien être au seuil d’un changement d’époque», estime Thomas Beschorner, professeur d’éthique à l’Université de Saint-Gall.
Selon lui, il est important que laSuisse ouvre un débat public sur sa neutralité. «Si la Suisse n’empoigne pas sérieusement ces questions, elle devra à l’avenir aussi accepter celle de savoir où se situent les limites entre le devoir de neutralité et la complicité silencieuse.»
- Lire l’article de mon collègue Bruno Kaufmann
- Lire l’opinion du professeur Thomas Beschorner
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Saviez-vous que la Suisse, en tant que pays partenaire de l’OTAN, entretient une mission diplomatique auprès de l’organisation politico-militaire basée à Bruxelles? Je vous propose un entretien avec son chef, l’ambassadeur Philippe Brandt.
Si certaines voix estiment que la reprise des sanctions économiques de l’UE par la Suisse n’est pas compatible avec sa neutralité, ce n’est pas le cas de l’ambassadeur suisse. «Neutralité ne signifie pas indifférence. La neutralité n’empêche pas la Suisse de condamner la violation des normes du droit international et de s’engager pour des valeurs démocratiques.»
La question d’une possible adhésion progresse dans d’autres pays neutres proche de la Russie – la Suède, la Finlande – mais qu’en est-il en Suisse? «La neutralité de la Suisse est l’un des fondements de notre partenariat avec l’OTAN. Dès lors, une adhésion n’est pas à l’ordre du jour.»
Comment la Suisse se projette-t-elle dans le cadre de son partenariat avec l’OTAN? «Les nouvelles technologies comme l’intelligence artificielle posent de nouveaux défis au droit international humanitaire. Nous échangeons régulièrement des informations à ce sujet avec l’OTAN et avons un intérêt certain à une collaboration.»
- «La neutralité de la Suisse est l’un des fondements de notre partenariat avec l’OTAN» (Robert Nussbaum, SWI swissinfo.ch)
- «La Suisse restera neutre jusqu’au cas d’urgence» (Sibilla Bondolfi, SWI swissinfo.ch)
- Plus d’informationsLien externe sur la Suisse et l’OTAN (Département fédéral des affaires étrangères, DFAE)
Les personnes fuyant la guerre en Ukraine obtiendront le statut de protection «S» en Suisse. Il n’a encore jamais été utilisé par le passé.
2’100 victimes de la guerre sont déjà arrivées en Suisse, mais la Confédération se dit prête à en accueillir quelque 60’000. Les personnes bénéficiant du statut «S» recevront un permis de séjour d’une année, renouvelable aussi longtemps que la guerre durera.
Elles auront notamment droit à un hébergement, des prestations sociales et des soins médicaux. Elles pourront être intégrées immédiatement sur le marché du travail et faire venir leurs familles, a indiqué vendredi Karin Keller-Sutter, la cheffe du Département fédéral de justice et police (DFJP).
Ce statut existe depuis plus de 20 ans, pourquoi est-il activé maintenant? «Ce statut a été conçu pour faire face à des conflits aux portes de l’Europe, même si ce n’est pas écrit dans la loi, et pour faire face à un afflux massif de réfugié-es», explique Sarah Progin-Theuerkauf, professeure de droit à l’Université de Fribourg.
- Lire l’article de ma collègue Katy Romy
La Conseil fédéral a annoncé vendredi débloquer 80 millions de francs pour l’aide humanitaire en Ukraine. 20 millions serviront aux personnes fuyant l’Ukraine tandis que les trois quarts restants serviront aux personnes restées sur place. 53 millions du total sont soumis à l’approbation du parlement.
L’ONU estime qu’au moins 1,85 million de personnes sont déplacées à l’intérieur de l’Ukraine. 12,65 millions de personnes supplémentaires sont directement touchées par le conflit. Environ 2,5 millions de réfugiés se trouvent dans les pays voisins de l’Ukraine.
La Confédération recommande en outre aux Suisses dont la présence en Russie n’est «pas essentielle» de quitter le pays. La situation instable dans le pays pourrait rapidement se dégrader, indique le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE). Selon lui, Il n’est pas exclu que les personnes de nationalité suisse (pays «inamical» aux yeux des autorités russes) puissent faire l’objet de mesures de rétorsion.
- Lire le communiquéLien externe concernant l’aide humanitaire (Conseil fédéral)
- Lire le communiquéLien externe du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR)
- Lire les recommandationsLien externe du DFAE aux Suisses actuellement en Russie
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