Aujourd’hui en Suisse
Chères lectrices, chers lecteurs,
La Suisse figure parmi les bons élèves en matière d’inégalités de revenus. Mais pour ce qui est de la liberté de la presse, le constat n’est pas aussi glorieux.
Bonne lecture,
L’écart entre les plus riches et les plus pauvres semble s’accroître de jour en jour dans le monde. Ma collègue data journaliste Pauline Turuban constate que ce n’est pas exactement vrai en Suisse.
La répartition des revenus est restée stable au cours du dernier siècle en Suisse, c’est ce qui ressort des données publiées récemment par l’Université de Lucerne. Sont pris en compte: les revenus du travail (p.ex. le salaire) et ceux du capital (p.ex. les dividendes). Le patrimoine (p.ex. immobilier) est quant à lui exclu.
Les 10% les plus riches gagnent après impôts 30% de l’ensemble des revenus, une proportion presque inchangée depuis les années 1930. Un fait remarquable au vu des crises économiques et des guerres qui ont jalonné cette période, analyse Melanie Häner, directrice de la branche Politique sociale de l’Université de Lucerne.
La Suisse fait donc bien en comparaison internationale. Aux États-Unis, les 10% les plus riches gagnent 46% des revenus. Le faible taux de chômage et le système de formation duale, qui permet aux personnes n’ayant pas fait d’études supérieures d’obtenir de meilleurs revenus expliquent ce constat, explique Melanie Häner.
Selon la recherche, trop d’inégalités sociales seraient un obstacle à la cohésion et un frein à la croissance économique. Mais l’absence d’inégalités ne serait pas souhaitable non plus, soulignent d’autres études. En effet, celles-ci stimulent la motivation et donc la productivité.
- «La répartition des revenus en Suisse est stable et moins inégalitaire qu’ailleurs» (Pauline Turuban, swissinfo.ch)
- Lien versLien externe les données publiées
La presse suisse est-elle trop muselée? Pas au goût du parlement suisse. Le Conseil national a voté aujourd’hui pour qu’il soit plus facile à l’avenir d’empêcher la publication d’un article. Il suit donc le Conseil des États sur ce point de la révision du code de procédure civile.
Les mesures provisionnelles du code de procédure civile permettent à un juge d’intervenir rapidement pour interdire la publication d’un article portant préjudice à un tiers. Trois critères sont déterminants: la mesure ne doit pas paraître disproportionnée, l’atteinte doit être non justifiée et particulièrement grave. La qualification de «grave» devrait remplacer celle de «particulièrement grave».
Pour un député de la gauche c’est un «coup de canif donné à la liberté de la presse», pour une autre de la droite c’est un recalibrage du «déséquilibre entre les droits d’une personne et la liberté des médias».
La Suisse n’est pas une élève modèle en matière de liberté de la presse. Elle a récemment été critiquée lorsqu’aucun média suisse n’a participé – en raison de loi sur les banques – à la publication des «Suisse secrets» révélés pas des médias étrangers. Le pays a aussi reculé en 2022 au classement de la liberté de la presse de Reporters sans frontières.
Mes collègues se sont récemment penchés sur la manière dont la presse est attaquée en Suisse. Je vous propose de lire certains de leurs articles ci-dessous.
- LireLien externe la dépêche ATS
- «Quand les criminels en col blanc tentent de bâillonner la presse» (Samuel Jaberg, swissinfo.ch)
- «Marie Maurisse: ‘La liberté d’expression est aussi sous pression en Suisse’» (Carlo Pisani, Bruno Kaufmann, Renat Kuenzi)
- «La liberté de la presse aux prises avec la loi suisse sur le secret bancaire» (Matthew Allen, swissinfo.ch)
- «Qu’est-ce que la fuite des secrets suisses et pourquoi les publions-nous?»Lien externe (The Guardian, anglais)
- «La Suisse recule au classement mondial de la liberté de la presse»Lien externe (RTS)
L’appel du patron de Syngenta à abandonner l’agriculture biologique face à la menace d’une crise alimentaire mondiale a suscité de vives réactions.
«Les rendements de l’agriculture biologique peuvent être jusqu’à 50% inférieurs selon les produits», affirmait dans la presse dominicale suisse Erik Fyrwald, directeur générale du fabricant bâlois de produits phytosanitaires et producteur de semences. Selon lui, les pays riches ont donc l’obligation d’augmenter leur production agricole afin d’éviter une catastrophe mondiale.
L’affirmation n’est pas fausse, confirme la fédération Bio-Suisse. Mais le rapport de cause à effet est tronqué, affirme-t-elle au Temps. «La crise alimentaire aurait pu être évitée s’il n’y avait pas de gaspillage alimentaire, ou encore si les vivres pour des humains n’étaient pas transformés en biodiesel ou en aliments pour animaux», souligne David Hermann, porte-parole de Bio-Suisse.
Les prix des denrées alimentaires dans le monde plafonnent depuis mars à un niveau record, selon les chiffres de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). La pandémie, les conditions météorologiques extrêmes et la guerre en Ukraine expliquent cette hausse. Les pays de l’Afrique subsaharienne qui dépendent des importations et souffrent déjà de la faim sont particulièrement affectés.
Syngenta indique au Temps regretter la polémique, mais ne décroche pas. «Nous soutenons l’agriculture biologique. Mais nous devons être conscients que cette pratique nécessite de plus grandes surfaces de terre […] En Afrique, le continent, qui paie le prix de sa dépendance à l’Ukraine, le rendement agricole est particulièrement bas non seulement à cause de petites parcelles des champs, mais aussi par manque de meilleures semences et de produits phytosanitaires», déclare l’entreprise.
- «Agriculture bio: Syngenta persiste et signe»Lien externe (Le Temps, abonnement)
- «Le patron de Syngenta appelle à abandonner l’agriculture biologique»Lien externe (RTS)
- ConsulterLien externe l’Indice FAO des prix des produits alimentaires
Le Conseil des droits de l’Homme (CDH) de l’ONU se rencontrera jeudi à Genève pour une session spéciale sur la «forte détérioration» de la situation en Ukraine depuis la dernière rencontre du CDH à ce sujet le 4 mars.
L’ambassadrice d’Ukraine à l’ONU à Genève a indiqué dans sa lettre au président du Conseil que la rencontre permettrait à la communauté internationale de traiter de «l’horrible situation de Marioupol, des transferts forcés de populations, des abus contre nos enfants et d’autres crimes commis par la Russie».
La Russie n’est plus membre du CDH depuis sa suspension par l’Assemblée générale le mois dernier. La Russie pourrait en tant qu’État observateur participer aux débats (mais pas voter). Elle a annoncé qu’elle ne le ferait pas.
Selon les estimations de l’ONU, 300 exécutions illégales auraient été commises au nord de Kiev depuis le début de l’offensive, notamment à Boutcha.
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