Aujourd’hui en Suisse
Bonjour à vous, qui nous lisez de Suisse ou d’ailleurs,
En cette Journée mondiale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie, les «thérapies de conversion» sont à la Une de notre sélection. Ce terme recouvre différentes pratiques (comme l’exorcisme ou le jeûne), prônées notamment par certaines églises évangéliques, dans le but – inatteignable et destructeur – de «guérir l’homosexualité».
La norme antiraciste a été étendue à l’homophobie il y a deux ans, il est aujourd’hui punissable d’assimiler l’homosexualité à une maladie, et le peuple suisse a dit oui au mariage pour toutes et tous en septembre. Pourtant l’homophobie fait de la résistance: une étude vaudoise parue aujourd’hui montre que les jeunes lesbiennes, gays et bisexuel-les subissent toujours plus de harcèlement que les autres.
Bonne lecture,
Il faut du temps pour se reconstruire après une thérapie de conversion. Ma collègue Katy Romy a recueilli les témoignages de plusieurs victimes sorties brisées de ces méthodes qui prétendent «guérir l’homosexualité», mais ont été largement désavouées par la science et assimilées à des actes de torture.
Mario, 29 ans, a subi de nombreuses thérapies de conversion entre 2009 et 2014. Honteux de son homosexualité, il s’est tourné vers le milieu évangélique genevois dans l’espoir de changer.
Séances d’exorcisme, groupes de parole, jeûnes, une large palette de pratiques lui ont été proposées. Son orientation sexuelle n’a pas changé, en revanche le jeune homme a développé «un énorme sentiment de culpabilité, du mépris et même de la haine» envers lui-même. Jusqu’à se cogner la tête contre les murs de sa chambre et avoir des pensées suicidaires.
De plus en plus de pays interdisent les thérapies de conversion mais la Suisse, elle, rechigne à le faire. Jusqu’ici, le gouvernement a toujours estimé que la législation actuelle, qui interdit d’imposer un traitement à une personne mineure sans son consentement, était suffisante. Dans les faits, ces méthodes font toujours des dégâts, même lorsqu’elles sont entreprises de manière volontaire.
- En Suisse, les thérapies de conversion continuent à faire des ravages – l’article de Katy Romy
- Les droits LGBTQ évoluent, les brimades perdurent – l’article du TempsLien externe (sur abonnement)
- Motion pour interdire les thérapies de conversion dans le canton de Vaud – le sujet de la RTSLien externe (mars)
- Assimiler l’homosexualité à une maladie devient condamnable (notre article de février 2020)
Une majorité des Suisses souhaiteraient un coup de pouce de l’Etat face à la hausse du prix du carburant. Près des deux tiers des personnes interrogées dans le cadre d’un sondage de Tamedia et 20 Minutes voudraient que la Suisse suive l’exemple de ses voisins, qui ont baissé les taxes sur les carburants.
64% des personnes interrogées estiment qu’il faut suivre l’exemple de l’Allemagne, de la France et de l’Italie, qui ont introduit momentanément des remises à la pompe. A l’inverse, un peu plus d’un tiers (35%) s’y opposent.
La baisse du prix de l’essence est surtout soutenue à droite, alors que la gauche privilégie d’autres aides plus ciblées. 85% des sympathisant-es UDC (droite conservatrice), 71% des PLR (droite libérale) et 68% de l’électorat du Centre se disent favorables à une baisse des taxes. La proposition recueille 44% d’avis favorables chez les Vert’libéraux, 37% chez les écologistes et 48% parmi l’électorat socialiste.
Le sondage révèle par ailleurs que près des trois quarts des personnes interrogées ne veulent pas que la Suisse livre des armes à l’Ukraine. Et la moitié sont également contre des livraisons indirectes (en autorisant des État tiers à fournir à Kiev du matériel helvétique).
- Face à la hausse du prix de l’essence, les Suisses veulent un soutien – l’article de TamediaLien externe (sur abonnement)
- Les Suisses veulent une baisse des taxes sur l’essence – la dépêche ATS
- La hausse des prix de l’énergie en Suisse et en comparaison internationale dans notre article
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Le oui de dimanche sur la participation suisse à l’agence européenne Frontex devrait contribuer à détendre l’atmosphère entre la Suisse et l’Europe. C’est ce qu’a estimé l’ambassadeur de l’UE à Berne, Petros Mavromichalis, lundi soir dans une interview à la RTS.
Ajouté au milliard de cohésion versé à l’UE ou à la reprise des sanctions européennes, «cela nous rappelle que nous partageons les mêmes valeurs», a-t-il déclaré. Il n’a toutefois pas fait preuve d’un optimisme exagéré quant à l’avenir des négociations bilatérales, rappelant qu’elles butent toujours sur les mêmes problèmes institutionnels.
Pascal St-Amans, le spécialiste de la fiscalité au sein de l’OCDE (l’Organisation de coopération et de développement économiques) a lui aussi partagé son appréciation positive de la Suisse lundi soir sur la chaîne de télévision publique. Selon lui la Suisse, qui avait autrefois une fiscalité jugée opaque à l’étranger, a «fait le job» pour se mettre en règle.
«La Suisse (…) avait des pratiques excessives, notamment des banques, il y a quinze ans, mais a changé radicalement», a salué l’expert, ajoutant que l’OCDE a «une très bonne relation de travail avec le gouvernement suisse.»
- «Le oui à Frontex est une évolution positive» – l’interview de Petros Mavromichalis à la RTSLien externe
- La Suisse ne quittera pas Frontex des yeux – notre analyse
- L’interview de Pascal Saint-Amans dans l’émission T.T.C. de la RTSLien externe
- Réforme fiscale mondiale: la Suisse devra s’adapter pour continuer d’attirer les multinationales – notre article de novembre 2021
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Près de 50’000 Ukrainiens et Ukrainiennes se sont réfugié-es en Suisse depuis le début de la guerre. Si la Suisse a dans un premier temps fait preuve d’un élan de solidarité exceptionnel, le ton semble commencer à changer, du moins chez une partie de la classe politique.
Ces arrivées massives inquiètent à droite, surtout dans les rangs de l’UDC mais aussi du PLR. L’élue UDC Martina Bircher a déposé une intervention visant à restreindre l’octroi du statut de protection S aux personnes provenant seulement de l’est de l’Ukraine. «Nous ne pouvons pas continuer éternellement comme cela», estime-t-elle.
L’idée trouve également grâce aux yeux du vice-président du PLR Andrea Caroni. Mais elle ne fait pas l’unanimité. Le président du Centre Gerhard Pfister estime ainsi que limiter le statut S à une partie de l’Ukraine serait «faire le jeu de Poutine en favorisant la division de l’Ukraine» et créerait deux classes d’Ukrainien-nes.
Reste que l’aspect financier inquiète les cantons. Selon une enquête parue dans l’édition dominicale de la NZZ, chaque personne accueillie coûte à la Suisse environ 20’000 francs par an, ce qui représenterait un montant total de 1,25 à 2,25 milliards de francs.
- «Le risque d’abus existe»: l’UDC ne veut accueillir que les Ukrainiens de l’Est – l’article de watson.chLien externe
- Des politiques bourgeois veulent ralentir l’accueil de réfugiés d’Ukraine – l’article du matin.chLien externe
- Viktoriia et Polina: physiquement à Berne, mais mentalement en Ukraine
- «Je ne vois aucune différence entre les personnes fuyant les conflits»
- Guerre en Ukraine: les familles suisses ouvrent leurs portes aux victimes
- La Suisse octroie une protection spéciale aux victimes de la guerre en Ukraine
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