Aujourd’hui en Suisse
Suisses du monde, bonjour,
Paris est-elle toujours fâchée avec Berne? La question continue de turlupiner les médias suisses, près d’une année après deux décisions suisses défavorables à la France et à l’Union européenne. Les observateurs sont divisés sur la question. On vous en dit plus dans cette lettre d’information.
Alors qu’un dôme de chaleur s’est installé sur le sud-ouest de l’Europe, nous parlerons aussi de la sécheresse et de ses conséquences dramatiques, notamment dans la Corne de l’Afrique. Le nombre de personnes souffrant de la faim pourrait y passer de 15 à 20 millions cette année.
Bonne lecture,
Le gouvernement suisse a décidé aujourd’hui de prendre des mesures pour mieux faire face aux sécheresses. Une décision qui intervient alors qu’une vague de chaleur touche l’Europe en cette mi-mai et que l’Organisation météorologique mondiale a confirmé que 2021 a bien été l’une des sept années les plus chaudes jamais observées.
La Suisse est certes bien armée face aux avalanches, aux chutes de neige ou encore aux orages, mais elle a toutefois des lacunes à combler dans la gestion des sécheresses. Le Conseil fédéral a ainsi décidé de mettre sur pied un système de détection et d’alerte précoce pour gérer les périodes de sécheresse, qui sera opérationnel dès 2025.
En fournissant des informations actuelles et des prévisions en matière de sécheresse, le système permettra par exemple la planification de l’irrigation des cultures agricoles, la recherche de solutions pour assurer la navigation rhénane ou la gestion des poissons pour les acheminer vers des cours d’eau plus abondants. Cette mesure, qui coûtera 4,75 millions de francs, a été prise en réponse à une motion du Parlement.
Le gouvernement a également décidé ce mercredi de prendre des mesures pour assurer l’approvisionnement en eau et son utilisation. Si les ressources en eau sont importantes en Suisse, les changements climatiques posent tout de même des défis en la matière. Afin de prévenir les situations de pénuries, le Conseil fédéral appelle notamment les cantons à adopter une gestion régionale de l’eau, en établissant les quantités disponibles sur leur territoire et les besoins des différents secteurs.
- Le système de détection des sécheresses: plus détails sur ArcInfoLien externe
- Approvisionnement en eau: le communiqué du Conseil fédéralLien externe
- Une semaine de chaleur hors normes en Suisse: l’article du MatinLien externe
La Corne de l’Afrique, elle, connaît bien ces problèmes d’aridité. La région fait actuellement face à sa pire sécheresse depuis 40 ans, faisant augmenter en flèche le nombre de personnes qui souffrent de la faim. Et la guerre en Ukraine ne fait qu’empirer la situation.
La guerre en Ukraine a perturbé les chaînes d’approvisionnement mondiales et fait grimper les prix des denrées alimentaires, des carburants et des engrais à des niveaux records. Un phénomène qui impacte durement de nombreux pays d’Afrique, qui dépendent fortement des importations de denrées alimentaires et d’engrais en provenance d’Ukraine et de Russie.
La hausse des prix et le blocage des chaînes d’approvisionnement ont aussi perturbé le travail des organisations humanitaires. Le Programme alimentaire mondial (PAM) dépense désormais 71 millions de dollars supplémentaires par mois pour atteindre le même nombre de personnes qu’avant la guerre. Une somme qui permettrait de nourrir quotidiennement quelque quatre millions de personnes pendant un mois.
Les Nations Unies craignent que, face à la hausse des prix, de nombreux pays prennent des mesures protectionnistes, ce qui aggraverait encore le problème. C’est pourquoi l’ensemble du système des Nations unies a appelé les gouvernements du monde entier à lever les interdictions et les restrictions à l’exportation et à maintenir ouverts les marchés de l’alimentation et de l’énergie.
- Lire l’article de mon collègue Dorian Burkhalter
- Un articleLien externe du journal Le Temps sur la crise des céréales ukrainiennes
- Une douzaine de pays imposent des embargos sur les exportations de denrées à alimentaire – l’article de RTS
«L’Élysée boude-t-elle encore?», se demande le quotidien la Liberté. Pour le journal fribourgeois, le malaise politique entre la Suisse et la France n’est pas résolu, notamment après le choix de la Confédération d’acheter un avion de combat américain et l’abandon de l’accord-cadre.
Les observateurs interrogés par la Liberté se montrent moins optimistes que l’ambassadeur de Suisse en France à propos des relations franco-suisses. Pour eux, la France est encore fâchée et cela est même logique. Lorsque nous l’avons rencontré à Bordeaux il y a deux semaines, l’ambassadeur de Suisse en France Roberto Balzaretti estimait, lui, que «nous continuons à entretenir de bonnes relations avec la France» et que l’épisode de l’avion de combat était derrière nous.
Le quotidien fribourgeois observe par exemple que l’agenda des visites officielles entre autorités suisses et françaises reste vide, depuis la décision du gouvernement de ne pas acheter le Rafale français en juin 2021. Pour François Nordmann, ambassadeur à Paris entre 2002 et 2007, «ces visites sont des indices et nous observons ici le signe d’un malaise».
Le problème n’est pas l’avion de combat en lui-même, analyse François Nordmann. «Nos relations avec la France ont souffert parce que deux départements, ceux des Finances et des Affaires étrangères, semblent avoir continué à négocier alors qu’ils savaient, où qu’ils aurient dû savoir qu’il n’y avait aucune perspective pour le Rafale en Suisse. Ils ont le droit d’être fâchés», dit-il.
«Je ne crois pas qu’il puisse y avoir des ressentiments à long terme», rassure toutefois l’ancien ambassadeur à Paris. Il rappelle aussi que «notre partenariat reste intense». Le malaise n’est, à ses yeux, pas comparable au conflit sur le secret bancaire entre 2008 et 2012, où la France avait «pris des décisions qui visaient à nous nuire». «Il faudra attendre encore quelques mois, mais avec le temps, nous parviendrons à reprendre le dialogue», prédit le diplomate.
- L’articleLien externe de La Liberté (abonnés)
- Notre interview de Roberto Balzaretti
Pour conclure cette lettre d’information, nous allons parler d’une maladie encore méconnue, mais qui touche environ 10% des femmes dans le monde: l’endométriose. En Suisse, des associations de défense des patientes ont décidé de passer à l’action.
Les associations S-Endo et Endo-Help ont lancé une pétition qui sera adressée au Parlement. Leur principal objectif est de réduire le temps de diagnostic de la maladie. Aujourd’hui, il faut parfois dix ans avant de savoir qu’on est touchée par l’endométriose.
Pour rappel, l’endométriose est une prolifération anormale de la muqueuse de l’utérus, l’endomètre, en dehors de la cavité utérine. Elle provoque entre autres de sévères douleurs pendant les règles ou les rapports sexuels, une très grande fatigue et est souvent cause d’infertilité.
«Beaucoup de femmes prennent la pilule en continu pour arrêter les règles, or la pilule n’est malheureusement pas remboursée par l’assurance maladie de base», explique Elsa, membre du comité de l’association S-Endo. La pétition demande aussi un remboursement des traitements nécessaires pour soulager les douleurs.
- La pétitionLien externe des associations suisses
- Le sujetLien externe de la RTS
- L’endométriose et les enjeux de la recherche, un autre articleLien externe de RTS
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