Aujourd’hui en Suisse
Helvètes du monde, bonjour,
La majorité des personnes qui fuient l’Ukraine n’y retournent pas, car elles n’ont tout bonnement plus nulle part où revenir. Certaines choisissent pourtant de faire le chemin en sens inverse, parce que le déchirement est trop grand.
Je vous parle aussi du nouveau directeur de Credit Suisse, du rationnement énergétique en Suisse, des feux d’artifice du 1er août et d’un terrible accident qui soulève des questions.
Bonne lecture,
De plus en plus d’Ukrainiennes et Ukrainiens, qui avaient trouvé refuge en Suisse au début de l’invasion russe, renoncent à la sécurité et rentrent au pays. Pour ces personnes, le déracinement est plus terrible que la guerre.
Plus de 60’000 ressortissant-es d’Ukraine ont à ce jour trouvé refuge en Suisse. Mais les nouvelles arrivées ralentissent et de plus en plus de personnes rentrent au pays. On ne dispose pas de statistiques permettant de dire combien exactement sont rentrées en Ukraine. «Les citoyen-nes ukrainien-nes peuvent se déplacer dans l’espace Schengen durant 90 jours sans visa, rappelle Anne Césard, la porte-parole du SEM. Il est possible que des personnes ne s’étant jamais fait enregistrer (…) aient aussi quitté la Suisse.» C’est par exemple le cas d’Alina.
Chanteuse lyrique à la Philharmonie de Tchernihiv, elle est arrivée en Suisse au printemps. La jeune femme essaie de s’intégrer, mais rien n’y fait. Sa famille restée en Ukraine lui manque. «Je savais que j’étais en sécurité en Suisse, mais penser à mes proches était insupportable.» Alina admet avoir eu peur de rentrer, mais «le bonheur d’être en Ukraine, leur joie de me revoir, m’ont envahie dès que j’ai franchi la frontière.»
L’artiste peintre ukraino-suisse Oksana Kornelyuk vit en Suisse depuis 20 ans. Lorsque la guerre éclate, elle ne pense qu’à faire venir ses parents, qui acceptent non sans réticence. Mais son père ne supporte pas d’être loin de sa terre. «Il me demandait sans cesse ‘qu’est-ce que je fais ici?», se souvient Oksana. Le cœur lourd, elle lui a trouvé une place dans un minibus en partance pour l’Ukraine. «Dès que je lui ai dit, j’ai eu l’impression qu’il recommençait à respirer».
- Lire les témoignages recueillis par ma collègue Pauline Turuban
- Ancien habitant de la colonie suisse de Chabag en Ukraine, l’émouvante histoire d’Oskar Zwicky
- L’histoire du Suisse de l’étranger Hanspeter Rikli, depuis 25 ans en Russie
- Tous nos articles sur la guerre en Ukraine
Credit Suisse change une nouvelle fois de directeur général. Après de mauvais résultats au 2e trimestre, la banque a annoncé la désignation d’Ulrich Körner en remplacement de Thomas Gottstein.
En poste depuis février 2020 après avoir remplacé Tidjane Thiam, Thomas Gottstein était contesté depuis plusieurs mois. Il a été confronté à une accumulation de scandales et à des pertes spectaculaires, qui ont entraîné la chute du cours du titre et attisé la colère des actionnaires.
Pour lui succéder, le conseil d’administration du numéro deux bancaire helvétique a désigné Ulrich Körner, le patron de la division de gestion d’actifs Asset Management. Ulrich Körner prendra ses nouvelles fonctions le 1er août prochain, a précisé la banque.
Le groupe a pour objectif de réduire sa base de coûts absolue à moins 15,5 milliards de francs à moyen terme, en partie grâce à une transformation numérique à l’échelle de la banque. Il espère ainsi devenir plus agile et ciblé.
- Credit Suisse change une nouvelle fois de directeur général
- Credit Suisse aurait hébergé des milliards pour des clients sulfureux
- L’inflation élevée contraint les banques centrales à augmenter fortement les taux d’intérêt
- La question d’une banque d’investissement vert financée par l’État
La Suisse ne s’associera pas au plan d’économie énergétique de l’Union européenne (UE), qui prévoit de réduire volontairement sa consommation de gaz de 15%. Une loi l’en empêche.
La Russie et son groupe gazier géant Gazprom ferment petit à petit les robinets du gazoduc Nord Stream 1. L’Europe, qui craint un arrêt total des livraisons de gaz, a élaboré un plan prévoyant pour chaque pays une réduction volontaire de 15% de la consommation nationale entre le 1er août 2022 et le 31 décembre 2023.
Ce plan est aussi soutenu par l’Allemagne, dont la Suisse est largement dépendante, puisque les trois quarts du gaz consommé dans le pays en proviennent. Or, contrairement à l’UE, le Conseil fédéral ne peut pas fixer d’objectifs de réduction concrets, car la loi sur l’approvisionnement économique du pays interdit d’engager une réduction de la consommation de gaz avant qu’une situation de pénurie ne se présente.
Interrogé par le Blick, le Département fédéral de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication (DETEC) déclare que «La Suisse est en pourparlers pour conclure un accord de solidarité avec des pays avec lesquels nous avons des liens directs dans le domaine du gaz».
- La Suisse ne rejoindra pas le plan de rationnement énergétiqueLien externe européen (Blick en français)
- Les extraordinaires défis de la gestion du réseau électrique
- Notre dossier: Des solutions suisses pour stocker l’énergie de demain
- Notre dossier: La Suisse – petit pays, grosse emprunte carbone
Dimanche, un véhicule a plongé dans le lac des Quatre-Cantons depuis la route qui le surplombe. Depuis, la presse alémanique se déchaîne: l’accident aurait-il pu être évité?
La voiture, immatriculée dans le canton de Zurich, aurait heurté un rocher avant de déraper et de faire un saut de 45 mètres en contrebas jusque dans le lac, au lieu-dit du «saut du loup» dans le canton de Schwytz. Immédiatement alertée, la police schwytzoise a eu besoin de deux jours et de la police zurichoise pour parvenir à localiser l’épave, qui gît par 182 mètres de fond.
Au-delà du drame humain, la presse alémanique fait grand cas de cette affaire, car l’Axenstrasse – la route sur laquelle est survenue l’accident, fait débat depuis des années. Le quotidien Tages-Anzeiger s’interroge sur l’absence de glissière de sécurité dans cet «environnement escarpé».
Comme il s’agit d’une route nationale, c’est la Confédération qui est responsable. L’Office fédéral des routes (Ofrou) affirme au journal que «les normes et standards en vigueur pour une route nationale de cette catégorie sont respectés» et que l’ajout d’une glissière de sécurité à cet endroit nécessiterait des «travaux de construction très importants».
Selon un autre expert de l’Ofrou, interrogé par le quotidien Neue Zürcher Zeitung, «le plus grand danger n’est pas un accident comme celui de dimanche, mais les dangers naturels comme les chutes de pierres». Un projet de tracé alternatif existe, mais il nécessiterait la construction de deux tunnels (estimé à un milliard de francs). Il est en outre bloqué depuis 2020 par un recours déposé par des organisations de protection de l’environnement devant le Tribunal administratif fédéral.
- La découverte d’une voitureLien externe par 182 mètres de fond dans le lac des Quatre-Cantons suscite l’émoi (Le Temps, sur abonnement)
- En route pour réglementer les voitures autonomes
- Les bus autonomes font leur chemin en Suisse
Face à des étés de plus en plus chauds et secs, les traditionnels feux d’artifice ont du plomb dans l’aile. Des armées de drones pourraient bientôt les remplacer.
La fête nationale suisse tombe en plein cœur de l’été et les traditionnels feux d’artifice qui l’accompagnent sont de plus en plus souvent interdits. Pour des raisons de sécurité tout d’abord, car ils représentent un risque d’incendie, mais désormais aussi pour des raisons écologiques.
Ces fusées multicolores génèrent en effet nombre de débris et de particules, qui se répandent dans l’air et dans l’eau et sont nocives pour les humains et la faune. Il existe bien des feux d’artifice éco-responsables dont les éléments polluants sont remplacés par des versions biodégradables, mais ils ne résolvent pas le problème des incendies.
Pour continuer de ravir le public le 1er août, une nouvelle technologie semble gagner du terrain: les spectacles de drones. Grâce à des lumières embarquées, des essaims de petits aéronefs planent selon un plan de vol prédéfini. Mais la technologie a un prix: 10 minutes coutent près du double d’un spectacle pyrotechnique traditionnel.
- Les feux du 1er aoûtLien externe remplacés par des essaims de drones (Heidi.news, sur abonnement)
- Le président de la Confédération Ignazio Cassis remercie la Cinquième Suisse
Plus
En conformité avec les normes du JTI
Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative