Aujourd’hui en Suisse

Helvètes du monde, bonjour,

Le reportage de l’émission «Enquête exclusive» de M6 consacré à la Suisse fait couler beaucoup d'encre depuis sa diffusion dimanche soir. Bunkers, culte du fusil, brigade anti-crachats: les médias helvétiques, y compris la très sérieuse Neue Zürcher Zeitung, dénoncent une «pluie de clichés» et une «méconnaissance crasse» de la réalité suisse.

Bonne lecture,

©keystone/peter Schneider

Le Conseil national a tenu aujourd’hui une session extraordinaire sur le pouvoir d’achat. Il a voté en faveur de propositions du Centre et du Parti socialiste pour adapter les rentes AVS au renchérissement et augmenter l’aide fédérale aux primes maladies.

Des motions provenant de pratiquement tous les partis ont été débattues. Au final, l’alliance entre le Parti socialiste et le Centre a porté ses fruits. Avec l’appui des écologistes, le centre-gauche a réussi à faire passer de justesse ses mesures en faveur des rentiers et des ménages modestes.

La question des mesures pour le pouvoir d’achat avait jusqu’ici été écartée par le Conseil fédéral. La majorité du gouvernement considère que l’inflation reste supportable, compte tenu de la croissance qui se poursuit et d’un taux de chômage historiquement bas. Ce n’est visiblement pas l’avis du Parlement: il entend montrer qu’il prend au sérieux les préoccupations de la population.

Le Conseil des États décidera lundi prochain s’il entend mettre en œuvre ces mesures ou les enterrer. La gauche et le Centre disposent d’une courte majorité à la Chambre haute. Les discussions devraient y être plus apaisées qu’à la Chambre basse, où «les invectives ont nourri les débats, les élus ayant tendance à dénigrer les solutions des autres et à embellir la leur», souligne Philippe Boeglin, correspondant du Temps au Palais fédéral. 

• Pouvoir d’achat: aide votée pour les retraités et l’assurance-maladie – le compte-rendu du TempsLien externe
• Le monde politique suisse s’empare du pouvoir d’achat – l’article de ma collègue Pauline Turuban

© Keystone / Gaetan Bally

La crise climatique s’invitera à nouveau dans les urnes. L’Union démocratique du centre veut lancer un référendum contre le train de mesures décidé par le Parlement pour atteindre la neutralité carbone en 2050.

La loi adoptée la semaine dernière par le Conseil national fait la part belle aux programmes d’encouragement. Il prévoit notamment deux milliards de francs sur 10 ans pour aider les propriétaires à abandonner les chauffages à gaz et à mazout. En évitant les taxes et les interdictions, la majorité du Parlement a ainsi tiré les leçons du rejet de la loi sur le CO2 en juin 2021.

Pas de quoi toutefois satisfaire le groupe parlementaire UDC. À l’unanimité, il s’est déclaré mardi soir en faveur du référendum. La droite conservatrice estime que ce paquet de mesures entraînera une consommation encore plus importante d’électricité, à l’heure où la population est appelée à utiliser avec parcimonie le moindre kWh.

Pour l’UDC, ce référendum est l’occasion de mobiliser sa base électorale à un peu plus d’un an des élections fédérales. La transition énergétique sera à n’en pas douter un thème central de la campagne à venir, alors que la Suisse et l’Europe se préparent à un hiver difficile sur le plan de l’approvisionnement en gaz et en électricité.

• L’UDC veut lancer un référendum contre le contre-projet à l’initiative sur les glaciers – le compte-rendu de la RTSLien externe
• Comment la Suisse entend faire face à la crise énergétique – l’article de mon collègue Luigi Jorio
• La Suisse se prépare à une pénurie d’énergie hydraulique – l’article de mon collègue Simon Bradley
• La loi CO2 refusée de peu – notre compte-rendu de la votation du 13 juin 2021

Keystone / Steffen Schmidt

Devenir propriétaire rend moins heureux que beaucoup de personnes ne se l’imaginent. C’est le résultat surprenant d’une étude de l’Université de Bâle.

Les chercheurs en sciences économiques Alois Stutzer et Reto Odermatt ont étudié l’impact de l’achat de leur propre domicile sur le sentiment de satisfaction dans la vie des personnes concernées. Ils sont parvenus à la conclusion que l’effet positif d’une telle acquisition dure moins longtemps que les acheteurs ne l’attendaient.

Selon les deux chercheurs, les futurs propriétaires sous-estiment au préalable l’effet de l’accoutumance à la nouvelle situation. Tel est surtout le cas chez celles et ceux qui sont motivés par le statut social, l’argent et le succès. Les chercheurs en concluent qu’une mauvaise évaluation des facteurs matériels du bonheur peut amener les personnes concernées à agir contre leur bien.

Même si habiter ses quatre murs n’est pas forcément synonyme de bonheur, de nombreux Suisses nourrissent toujours ce rêve. Une étude de Money Park publiée au mois de juin montre que 60% des locataires souhaitent devenir propriétaires d’un bien immobilier, si possible à la campagne. Un rêve de plus en plus inaccessible au vu de la hausse massive des prix ces vingt dernières années.

• Être propriétaire rend moins heureux que l’on croit – la dépêcheLien externe de Keystone-ATS sur bluewin.ch
• Pourquoi l’accès à la propriété tient presque du mirage en Suisse – un article de swissinfo.ch

Keystone / Laurent Dubrule

Les sentiments que la Suisse francophone nourrit par rapport à la France sont ambigus. Il existe certes une proximité et attirance, due notamment à une langue et à une culture commune. Mais aussi une irritation certaine face à ce grand voisin souvent jugé hautain et prétentieux.

Il ne faut parfois pas grand-chose pour mettre le feu aux poudres: un match de football, une décision politique, un fait divers… La dernière source d’agacement en date est une émission de la chaîne française M6 consacrée à la Suisse. Largement caricaturale, la bande-annonce du reportage «Nos étonnants voisins suisses», du magazine «Envoyé spécial», a suscité bon nombre de commentaires irrités de ce côté du Jura.

Diffusé dimanche dernier, le magazine a effectivement fait la part belle à des scènes vues et revues: armée de milice, passion du tir, bunkers dans les montagnes, amendes salées pour avoir craché par terre. Les voix critiques ont reproché à ce reportage son côté forcément réducteur. Les journalistes de M6 affirment, par exemple, que «des adolescents aux retraités, tout le monde tire en Suisse».

Mais contrairement à ce que pouvait laisser craindre la bande-annonce, aucune moquerie à l’horizon. Bien au contraire; le reportage avait le ton d’un véritable panégyrique. Un ton flatteur donc, presque trop. «Ce reportage sera finalement une heure et dix minutes d’éloges pleines, totales, anachroniques», commente le portail d’information Watson.ch.

• Cette émission pourrait vous faire rire… ou vous énerver – l’articleLien externe de la rédaction de blue News
• Le même sujet relatéLien externe par le site Watson.ch
• «Une pluie de clichés», jugeLien externe le journal en ligne Blick.ch
• Petit débat sur la Suisse vue par M6 à écouterLien externe sur la radio genevoise One FM
• Une journaliste française dénonce le «racisme anti-frouze» en Suisse – une interview à relire sur swissinfo.ch